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TANTRA, subst. masc.
RELIG. Enseignement, culte relevant de l'hindouisme et du bouddhisme notamment, fondés sur une cosmologie où prédomine l'énergie active (féminine ou masculine), privilégiant certains rites (cérémonies magiques, yoga, pratiques sexuelles, visualisation d'images, répétition de formules ésotériques, etc.) ayant pour but l'accomplissement de soi, le dépassement de la condition humaine, l'union avec le divin; (ensemble de) livre(s) sacré(s) dispensant cet enseignement. Il existe des Tantras hindouistes et bouddhistes (...): le tantrisme vise à l'obtention de la connaissance salvatrice et du « mariage divin » par toute une série de rites, (...) en utilisant les formules sacramentelles (mantras), les diagrammes mystiques (yantras), la connaissance des lois secrètes de la nature et, surtout, l'énergie mise en branle par l'union sexuelle (maithuna), qui symbolise l'union des principes actif et passif de la Divinité (Caron, Hutin, Alchimistes, 1959, p. 112).Le premier Tantra (...), le Guhya-Samâja Tantra, que l'on peut dater du IVesiècle de notre ère, contient l'essentiel de la doctrine [du tantrisme], (...) la rédaction des Tantras ne s'est jamais interrompue, puisque l'on trouve des textes des XVe(Yoginî-Tantra), XVIe(Tattva-Chintamani), XVIIe(Vishva-Sâra) et XVIIIesiècles (le Mahâ-Nirvâna (...)) qui tous restent fidèles à l'enseignement initial (J. Varenne, Le Tantrisme, 1977, pp. 17-18).
REM.
Tantriste, tantrika, subst. masc.Adepte du tantra, du tantrisme (infra dér.). Les Tantristes (Tantrikas) se méfient des négateurs (...) qui détestent et nient le monde extérieur (...). Le Tantra hindou déclare que toutes choses (...) sont issues de la manifestation vitale d'un principe créateur femelle, la déesse, (...) pénétrée par un principe fécondateur mâle (...). Le Tantrika doit apprendre à s'identifier à ce jeu cosmique du plaisir (P. Rawson, L'Art du Tantrisme, trad. par L. Frédéric et J. Cathelin, 1973, p. 8).Les tantrikas se répartissent en plusieurs sectes selon la divinité qu'ils vénèrent et le rituel employé. Les principales sectes sont les śaivas (adorateurs de Śiva), les vaishṇavas (adorateurs de Vishnu), et les śaktas (adorateurs de Śakti), ou énergie féminine (A. Mookerjee, M. Khanna, La Voie du Tantra, trad. par V. Bardet, 1978, p. 13).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃tʀa]. Plur. des tantra ou tantras (Rob. 1985). Prop. du Conseil sup. de la lang. fr. ds Doc. admin. du J.O., 6 déc. 1990: des tantras, v. p. 15, col. 1. Étymol. et Hist. 1829 le Tantra (A. Remusat, Nouv. Mél. Asiatiques, t. 2, p. 422); 1842 subst. masc., au plur. les tantras (Ac. Compl.). Mot skr. tantra « trame ou chaîne d'un tissu » de la racine tan « étendre, continuer, multiplier » d'où l'idée de « succession, déroulement » (Mir. 1981).
DÉR. 1.
Tantrique, adj.,relig. a) [En parlant d'une chose] Qui caractérise le(s) tantra(s), le tantrisme. Littérature tantrique; pratiques, rites tantriques. Les textes tantriques, même lorsqu'ils s'intéressent à des rites sexuels, n'ont pas d'autre objet que d'indiquer comment le développement de puissances latentes chez l'individu peut éventuellement conduire celui-ci à un épanouissement spirituel (J. Varenne, Le Tantrisme, 1977, p. 21).Dans l'art tantrique, le lotus symbolise avec force le déploiement du soi et l'expansion de la conscience, qui conduit l'adepte des obscurs tréfonds de l'ignorance aux sommets radieux de l'éveil intérieur (A. Mookerjee, M. Khanna, La Voie du Tantra, trad. par V. Bardet, 1978, pp. 66-67).b) [En parlant d'une pers.] Qui se rattache au(x) tantra(s), au tantrisme. Il est très vraisemblable que des rites sexuels (...) furent en usage chez les bouddhistes tantriques de l'époque des T'ang (...). Au Tibet, le bouddhisme tantrique a connu un développement exceptionnel depuis le VIIesiècle (P. Rawson, L'Art du Tantrisme, trad. par L. Frédéric et J. Cathelin, 1973, p. 13).Empl. subst. Les tantriques ont recours au plaisir sexuel: ils ne s'y abîment pas, s'en servent de tremplin (G. Bataille, Exp. int., 1943, p. 37).Si [le moine bouddhique] (...) boit du vin, sacrifie des bêtes (ou même des humains), s'il a des relations sexuelles, le tout dans un cadre liturgique, il est à coup sûr un tantrique, donc un hérétique que beaucoup tiennent pour infréquentable (J. Varenne, Le Tantrisme, 1977, p. 122). [tɑ ̃tʀik]. 1reattest. 1904 (Nouv. Lar. ill.); de tantra, suff. -ique*.
2.
Tantrisme, subst. masc.,relig. Doctrine religieuse répandue en Inde (puis en Chine, au Japon et au Tibet), exprimée dans les tantras, fondée sur la croyance en deux principes complémentaires, masculin et féminin (l'énergie active prédominante étant féminine dans l'hindouisme et masculine dans le bouddhisme), prônant la recherche de l'union divine dans la fusion harmonieuse de ces contraires, par l'emploi de certaines méthodes physico-spirituelles, notamment érotiques. L'Inde avait besoin de ce contrepoids à sa métaphysique traditionnelle, et ne craignit pas de l'emprunter au tantrisme et aux cultes de l'énergie divine féminisée, trop sûre de ne jamais perdre, à travers les profondeurs de l'immanence, l'inaliénable soi (Philos., Relig., 1957, p. 52-12).Le tantrisme est une manifestation particulière de l'âme indienne, de son art, de sa religion. (...) le tantrisme est un culte de l'extase centré sur une vision sexuelle du cosmos (P. Rawson, L'Art du Tantrisme, trad. par L. Frédéric et J. Cathelin, 1973, p. 7). [tɑ ̃tʀism̭]. 1reattest. 1904 (Nouv. Lar. ill.); de tantra, suff. -isme*.