Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
TANNÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. − Part. passé de tanner*.
II. − Adjectif
A. −
1. TANN. Peau, cuir tanné. Peau ayant subi un traitement spécial (tannage végétal au tan ou une autre matière tannante) afin d'être transformée en cuir souple et imputrescible. Peau tannée au chrome, au végétal; peau, cuir mal tanné(e); veau tanné. Des marchands français (...) tirent d'Espagne des cuirs bruts qu'ils y renvoient tannés (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p. 344).Le tanneur y verse [sur la peau roulée en forme de sac] de l'eau et cette décoction sature graduellement la peau. Les peaux, brutes ou tannées, jouent un rôle considérable dans l'industrie de certains peuples (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 138).
2. MAR., PÊCHE. Filet, voile tanné(e) (v. tanner A 2). Les vastes filets tannés séchaient toujours, accrochés devant les portes (Maupass., Une Vie, 1883, p. 101).
3. ŒNOL. Vin tanné. Synon. de vin tanisé (v. taniser).Des bières et des jus fermentés de mûres, des vins secs ou tannés et cuits (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 185).
4. PEINT., TEINT., vieilli. Qui est d'une couleur brun roux, analogue à celle du tan. Couleur tannée; drap, velours tanné. Il y avait la chambre jaune, la chambre rouge, la chambre verte, la chambre bleue, la chambre grise, la chambre tannée (Gautier, Fracasse, 1863, p. 93).Dans la poussière, la vieille salle toute de bois tanné, semblait chavirer comme un homme saoul (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 228).
HIST. DU COST. Couleur brune des costumes de la Cour et de certains notables. La cime des bois offrait les teintes graves de cette couleur tannée que jadis les rois adoptaient pour leur costume et qui cachait la pourpre du pouvoir sous le brun des chagrins (Balzac, Lys, 1836, p. 154).
Empl. subst. masc. Couleur tannée. Tanné brun. Couleur d'un brun foncé. Cette vaste aquarelle ventilée, tout en nuances du bleuâtre et du blanc, du tanné et du céladon (Arnoux, Rhône, 1944, p. 218).En appos. Les robes mi-parties rouge et tanné des échevins et des quarteniers (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 227).
B. − [P. réf. à la couleur et à l'aspect du cuir tanné]
1. [Appliqué à une pers. et plus partic. à son visage, à ses mains] Bruni, hâlé, endurci par les assauts répétés d'un agent extérieur (soleil, vent, embruns, grand air etc.). Synon. basané.Joues, mains tannées; face, figure, visage tanné(e). Davis saisit (...) la silhouette vite disparue d'un matelot, souple, à demi-nu, tanné, bronzé, qui s'était accordée au vent et à la houle (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 80):
[Blondet] étudiait cette rigidité particulière (...) des gens qui vivent en plein air, habitués aux intempéries de l'atmosphère, à supporter les excès du froid et du chaud (...) qui font de leur peau des cuirs presque tannés, et de leurs nerfs un appareil contre la douleur physique, aussi puissant que celui des Arabes ou des Russes. Balzac, Paysans, 1844, p. 30.
2. [Appliqué à une chose, plus partic. à un vêtement de cuir usé] Qui a pris un aspect lisse et luisant sous l'effet du frottement, de l'usure. L'usure d'une absurde peau de panthère lentement aplatie et tannée sous le frottement ininterrompu des fonds de culottes (Courteline, Conv. Alceste, Margot, 1888, p. 68).Il m'apportait (...) les bretelles (...), les cartouchières, tout cela tanné, culotté, râpé, ignoble (Vialar, Morts viv., 1947, p. 26).
P. plaisant. Vieux cul tanné, plus dur que le tablier d'un maréchal ferrant! (Claudel, Endormie, 1883, p. 14).
3. Au fig., fam., vieilli, région. (Québec). Être tanné de qqc., de qqn.Être fatigué, lassé par quelque chose ou quelqu'un. Je suis tanné de MmeRitsch et du Sieur Lévy, qu'ils s'arrangent (Flaub., Corresp., 1863, p. 322).Tout à coup, le cœur me manquait; je me sentais tanné de l'ouvrage, tanné du pays (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 240).
III. − Subst. fém.
A. − TANN. Produit résiduel, sorte de sciure provenant de la préparation des cuirs au tannage végétal, dont le tanin a été épuisé par un mélange d'eau et de tan, et qui servait autrefois comme engrais ou comme combustible bon marché. La tannée (...) est une précieuse ressource. (...) elle peut être utilement employée, mélangée avec des fumiers et des herbes, arrosée à l'engrais liquide (Gressent, Potager mod., 1863, p. 136).Poêles économiques au bois, sciure, etc. (...) la plupart brûlent du bois, mais il en existe aussi qui ne brûlent que des combustibles végétaux de peu de valeur: tourbe, tannée, sciure, etc. (Lar. mén. 1926, p. 314).
B. − Populaire
1. [Corresp. à tanner B 1] Volée de coups, râclée. [Ma mère] m'a f... une tannée à cause de ça (Musette, Cagayous poilu, 1919, p. 19).
2. Défaite cuisante. La France elle gagne toujours; les autes pays y s'encaissent rien que des tannées (Musette, Cagayous phil., 1906, p. 122).
Prononc. et Orth.: [tane]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1935, uniquement comme adj.). Étymol. et Hist. 1. 1679 « vieux tan qui a déjà servi à préparer des peaux » (Rich.); 2. 1852 « volée de coups » (J. Humbert, Nouv. gloss. genev.). Dér. de tanner*; suff. -ée*. Cf. au sens 1 l'a. prov. tanada att. dès 1272 (Te igitur, p. 125 ds Levy Prov.). Fréq. abs. littér.: 183. Bbg. Quem. DDL t. 21.