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TANIÈRE, subst. fém.
A. − Caverne, cavité, creux dans la terre ou dans le roc, où se retirent les bêtes sauvages. Synon. antre, gîte1, repaire, terrier.Tanière du lion, du loup, du tigre. Pendant l'hiver, semblable à un vieux renard dans sa tanière, à un ours dans sa caverne (...), la moitié de moi-même s'en va je ne sais où et ne revient qu'au printemps (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 104).Les renards, les blaireaux, les hyènes et les ours des cavernes aujourd'hui disparus (...), pour tous ces animaux, les grottes constituent seulement des abris, des tanières, des lieux d'hivernage ou d'estivage (Gèze, Spéléol. sc., 1965, p. 152).
B. − P. anal.
1. Habitation sommaire, parfois misérable, souvent malpropre. Synon. bouge, cabane, taudis.Affreuse, triste tanière. Les trois quarts de la population irlandaise croupissent dans des tanières infectes (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1830, p. 60).Ces tanières où les usuriers du ghetto pesaient l'or au trébuchet, où les pauvres s'entassaient par familles, vêtus de haillons roussis (Faure, Hist. art, 1921, p. 43).
2. Lieu de refuge et de retraite dans lequel on se terre, où l'on choisit de vivre à l'écart. Rentrer, vivre dans sa tanière; se cacher dans sa tanière. J'ai horreur du monde; je ne pense qu'à vivre dans notre tanière (Balzac, Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 215).Redondel, ce château-fort si redoutable qui, au temps de nos guerres de religion, fut la tanière sanglante du terrible baron Claude de Faugères (Fabre, Oncle Célestin, 1881, p. 109).
P. métaph. Ce fut un coup de soleil dans la sombre tanière de ses scrupules solitaires, de son humiliation nourrie par des années de repliement et de doute de soi (Morand, P. de Saligny, 1947, p. 117).
Prononc. et Orth.: [tanjε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: taniere, dep. 1740: -nière. Étymol. et Hist. 1. a) Mil. xiies. taisniere « refuge (d'une bête sauvage; ici, en parlant du hérisson) » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, 103, 18), forme att. jusque Cotgr. 1611; b) 1538 taniere (Est., s.v. cubo); 2. a) 1553 tesniere « (d'une personne) repaire » (Rabelais, Pantagrueline pronostication, éd. Marty-Laveaux, t. 3, chap. 9, p. 251); b) 1553 taniere fig. (O. de Magny, Les Amours, éd. Courbet, p. 111: Ilz [mes vers] sortent d'obscure taniere Pour à vos yeux se presenter); c) 1690 (Fur.: Taniere se dit aussi [...] de la demeure d'un homme sauvage et solitaire, qui ne sort point de sa maison, qui fuit le monde). Tanière est issu p. dissim. de taisniere, lui-même dér. de l'a. m. fr. taisson « blaireau » (att. de ca 1180, Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 10, 2, au xives., v. FEW t. 13, 1, p. 145, encore ds Trév. 1771 mais évincé par blaireau*); cf. également taissonière « lieu où il y a beaucoup de blaireaux »att. au xiiies. (v. Gdf.), fréq. comme topon. Taisson remonte au lat. tardif taxo, taxonis qui a dû vivre dans une partie de la Romania, à côté de taxus, les deux termes étant att. au Ves. pour désigner le blaireau; ces deux formes sont parallèles à un doublet germ. (a. h. all. dahs et un type a. h. all. *dahson assuré par les attest. dial., v. FEW, op. cit., p. 146a). Fréq. abs. littér.: 142.