| TALUS, subst. masc. A. − 1. Vieilli. Pente, inclinaison que l'on donne à un terrain ou à la surface verticale d'un mur. Talus d'une pyramide. Le talus ou le fruit [est] l'angle d'inclinaison qu'il convient de donner aux parois [d'une exploitation à ciel ouvert] (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 421). − En partic. Pente (d'une montagne). Leur talus [aux montagnes primitives de granit ou de schiste] est si rapide, qu'après les deux ou trois cents premières toises, les bouquetins ne pourraient les gravir (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 191).Talus naturel. Inclinaison que prend une masse de terre meuble abandonnée à elle-même. Des terres rapportées sans cohésion qui se disposent suivant leur talus naturel (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 20). − Loc. En talus. À l'oblique, selon une certaine inclinaison. Qui donc auroit mis à l'équerre et le niveau dans l'œil de cet animal [le castor] qui sait bâtir une digue en talus du côté des eaux, et perpendiculaire sur le flanc opposé! (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 168).Couper, tailler en talus. Couper en biseau. Couper une planche en talus (Bouillet1859). 2. P. méton. Terrain, partie du sol en pente. Le double talus d'un ravin. Les talus gazonnés qui descendaient dans le ravin étaient semés de jonquilles, de violettes et de rosiers nains (Feuillet, J. de Trécœur, 1872, p. 156).Les exercices d'escalade (...) allant du grimper le long d'un talus plus ou moins abrupt, jusqu'à l'escalade de parois plus ou moins verticales (R. Vuillemin, Éduc. phys., 1941, p. 47). − GÉOMORPHOL. Talus d'éboulis. Accumulation de débris provenant de roches désagrégées (le plus souvent par le gel). Les escarpements calcaires qui forment corniches au-dessus des talus d'éboulis (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 340).Talus continental. Versant raccordant le rebord de la plate-forme continentale (0-200 m) aux grandes profondeurs de la mer (au-delà de 1 000 m). On a tenté aussi de pêcher plus profondément, c'est-à-dire d'exploiter les stocks de poissons existant sur la partie supérieure du talus continental jusque vers 600-800 m (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 173). 3. Partie du sol ou terrain aménagé en pente par des travaux de terrassement. Talus d'une route, d'une voie ferrée, d'un canal; talus intérieur, extérieur (d'une digue); talus d'une tranchée; talus herbeux. On nous a pris avec quelques autres pour relever un talus qui s'éboulait, sur la ligne [de chemin de fer] de Paris au Havre (Gide, Feuillets d'automne, 1949, p. 1096).La vitesse de l'eau dans les canaux, s'ils ne sont pas revêtus, ne doit pas dépasser une vitesse critique au delà de laquelle on risquerait de provoquer l'entraînement des matériaux qui tapissent le lit et les talus du canal (Thaller, Houille blanche, 1952, p. 55).V. fossé ex. 1. ♦ Talus de déblai. Talus élevé à partir de terre provenant d'une excavation (fossé, route). Talus de remblai. Talus fait de terre rapportée (voie ferrée, canal en surplomb). Les talus sont les surfaces qui raccordent les bords de la route avec le terrain naturel. Il y a donc lieu de distinguer les talus de déblai creusés dans le terrain naturel et les talus de remblai qui sont dressés avec les terres rapportées (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 19). − FORTIF. Talus de banquette. ,,Plan incliné qui raccorde le terre-plein de l'ouvrage à la banquette`` (Lar. Lang. fr.). Talus de rempart. ,,Plan incliné qui détermine le profil du rempart d'un ouvrage fortifié`` (Lar. Lang. fr.). B. − IMPR., TYPOGR. Talus d'une lettre. Espace existant sur la surface d'œil, entre la partie supérieure de l'œil et le bord supérieur du caractère (talus de tête) ou entre la partie inférieure de l'œil et le bord inférieur du caractère (talus de pied) (d'apr. Impr. 1977). Selon la lettre, les talus sont d'une valeur différente. Les plus importants sont ceux des lettres courtes (a, c, e), les plus réduits sont les talus de tête des longues du haut et les talus de pied des longues du bas (Impr.1977). − PHOTOGRAV., TYPOGR. ,,Flanc des parties en relief`` (Impr. 1977). Prononc. et Orth.: [taly]. Ac. 1694, 1718 talut, -lus, 1740 talus, -lut, dep. 1762 -lus. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 plur. taluz « étançons, supports en bois » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 7751), seulement dans ce texte; 2. 1467-68 « terrain en pente qui forme le bord d'un fossé... » (Compte des fortificat., 1reSomme de mises, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 3. 1910 impr. (Lar. pour tous: Talus. Relief des caractères d'imprimerie). Prob. du gaul. *talutum « versant, côte » (cf. talutium n. donné en Espagne, selon Pline l'Ancien, par les chercheurs d'or, à un talus herbeux sous lequel se trouve une mine d'or à peu de profondeur, v. OLD), dér. du gaul. *talos « front » (cf. bret. tâl « front »), v. FEW t. 13, 1, p. 68. Fréq. abs. littér.: 725. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 239, b) 1 079; xxes.: a) 1 533, b) 1 378. DÉR. Taluter, verbe trans.,vieilli. a) Donner du talus, de la pente à un terrain, à la surface d'un mur. (Dict. xixeet xxes.). b) Dresser en talus. Le canal taluté de terres croulantes (Arnoux, Rossignol napol., 1937, p. 173).− [talyte], (il) talute [-lyt]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1690 (Fur.); de talus, dés.-er; d'autres dér. de talus sont att.: taluer (1532, Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, p. 83 − mil. xviiies., Raynal ds Littré), talusser (xvies.-xviies., v. Hug., Littré et DG), taluder (1691, Ozanam, Dict. math. d'apr. FEW t. 13, 1, p. 68 − 1785, Encyclop. méthod. Mécan. t. 4, p. 373), dont certains ont pu vivre localement, dans des parlers région. (v. FEW, loc. cit.). BBG. − Archit. 1972, p. 166. |