| * Dans l'article "TAILLADER,, verbe trans." TAILLADER, verbe trans. A. − [Le compl. désigne une pers. ou un animal, une partie de son corps] 1. Couper, faire des blessures longues et profondes à l'aide d'un instrument tranchant. Synon. balafrer, entailler.Taillader la gorge, les joues, le visage de qqn. Il a tué la vieille très malproprement, tu sais, en s'y reprenant à plusieurs fois (...) Et chaque fois, l'épée faisait « cric » dans la blessure. Elle se protégeait le visage et le ventre avec les mains, et il lui a tailladé les mains (Sartre, Mouches, 1943, III, 1, p. 91). − Empl. pronom. ♦ réfl. Se faire des entailles, se couper. Se taillader les veines du poignet; se taillader le menton en se rasant. Les plus patients se tailladaient la jambe avec une lame de rasoir et infectaient soigneusement la plaie avec du chlore et des excréments, pour être admis à la visite qui leur valait quelques instants de diversion (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 300). ♦ réciproque. Se faire des blessures longues et profondes. [Des cavaliers] se hachent, se transpercent, se tailladent, se martèlent (...) employant tout un arsenal d'armes antiques, barbares et féroces [Bataille de Salvator Rosa] (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 111). 2. P. anal. a) Le plus souvent au part. passé. Marquer, creuser comme par une entaille. Synon. buriner, raviner.Le visage, taché de son, est tailladé par les rides (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 186).Deux rides sous les joues qui partent de l'aile des narines et tailladent le visage, se marquent à la moindre contrariété (Arnoux, Juif Errant, 1931, p. 139). b) [Le suj. désigne un vent violent] Provoquer une sensation de coupure. Synon. cingler, fouetter.Ses souvenirs le fouaillaient, plus encore que ce vent glacé qui lui tailladait le visage et lui donnait l'onglée (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1365). B. − [Le compl. désigne un inanimé] 1. Faire des entailles à l'aide d'un instrument tranchant. Synon. entailler, inciser.Un coup, deux coups, trois coups de cognée plus forts que les autres lui répondirent seuls. L'arbre, tailladé tout autour du pied (...), se pencha, s'élança dans le vide (R. Bazin, Blé, 1907, p. 13).Dans les frémissements de sa méditation furieuse, [il] taillada de son canif (...) l'acajou de sa table (A. France, Révolte anges, 1914, p. 386). − Absol. Sans plus d'application, par désœuvrement, imbécile besoin de détruire, je commençai de taillader au hasard. Le lambris que j'abîmais se trouvait immédiatement sous la fenêtre (Gide, Isabelle, 1911, p. 638). 2. P. anal. Marquer, creuser, comme par une entaille. Un chemin en zigzag tailladant le rocher (Flaub., Hérodias, 1877, p. 139).C'est ici le pays des ravins. Les croupes de la montagne sont tailladées, échancrées partout (Maupass., Contes et nouv., t. 2, En voy., 1883, p. 326). REM. 1. Tailladé, -ée, part. passé en empl. adj.[En parlant d'un vêtement] Qui est orné de taillades. Son pourpoint, tailladé à l'ancienne mode (Mussetds Le Temps, 1831, p. 77).Un justaucorps jaune, bombé en cuirasse, agrémenté de vert et tailladé de crevés à l'espagnole (Gautier, Fracasse, 1863, p. 30). 2. Tailladage, subst. masc.Action de taillader, de faire des blessures longues et profondes à l'aide d'un instrument tranchant. On ne l'a pas trop laissé dormir [le taureau tué par Saint-Jean] et, s'il avait été tué, admettons, d'une autre façon que ce tailladage, avec un petit trou, par un coup de fusil (...) on ne l'aurait peut-être pas coupé tout de suite (Giono, Batailles ds mont., 1937, p. 202). Prononc. et Orth.: [tajade], (il) taillade [tɑjad], [ta-]. Fouché Prononc. 1959, p. 87: ,,L'[ɑ] de il taille se conserve ordinairement quand la syllabe à laquelle il appartient est suivie immédiatement de l'accent``, soit il taillade [tɑ-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1538 « faire des entailles dans les chairs, sur la peau » (G. Michel,
Œuvres de Justin, Paris, A. et Ch. Langelier, fo76 ro); 2. 1658 pourpoinct ... tailladé (Audren, Invent. du mobilier du château de Vitré, p. 58). Dér. de taillade*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 77. |