| TÉTRALOGIE, subst. fém. A. − 1. HIST. GR. Ensemble de quatre pièces (trois tragédies et un drame satyrique) présentées par un même auteur aux concours dramatiques. On sait (...) qu'Euripide donna une tétralogie ainsi composée: Alexandre, Palamède, les Troyennes, tragédies; Sisyphe, drame satyrique, en concurrence avec une tétralogie d'un certain Xénoclès, comprenant les tragédies d'
Œdipe, de Lycaon, des Bacchantes, et le drame satyrique Athamas (Bach.-Dez.1882). 2. HIST. DE LA LITT., MUS. Ensemble de quatre œuvres littéraires ou musicales présentant un certain rapport entre elles. De la sorte (...) les volumes de ma tétralogie, si j'ose parler ainsi de mon « élégie » en quatre parties, seront d'importance égale (Verlaine, Corresp., t. 3, 1889, p. 67).Il existe certes un Michelet délirant, celui des Jésuites, de la Sorcière, de la Femme. Mais la tétralogie de la Mer, de la Montagne, de l'Oiseau et de l'Insecte abonde en pages miraculeuses (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 278).V. décalogie s.v. -logie A 3 ex. de Rolland. − En partic. Cycle des quatre opéras de Wagner (l'Or du Rhin, la Walkyrie, Siegfried, le Crépuscule des Dieux) qui constituent l'Anneau des Niebelungen. Ce qui rend si pénible et si difficile la compréhension de la tétralogie wagnérienne, c'est que l'anneau chargé de signification symbolique et mythique est une minuscule petite bague, dont il est toujours question, que les personnages sont toujours en train de cacher, comme au jeu de furet et, qu'en fin de compte, le spectateur ne distingue jamais (Arts et litt.,1936, p. 64-9). ♦ [Avec une majuscule] Titre donné à cet ensemble. Délaissée, reprise, interrompue pour toutes sortes de raisons et d'aventures, la partition de la Tétralogie ne devait être terminée qu'en 1874 (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 141). ♦ P. méton. Le poème de l'Anneau. [L'un des élèves] parlait de Wagner, dont Armand n'avait jamais entendu qu'un disque de phonographe mais dont il avait lu la tétralogie dans l'édition illustrée d'Hachette (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 294). B. − PATHOL. Tétralogie de Fallot. Synon. de tétrade* de Fallot.Tétralogie de Fallot (...) Cette cardiopathie congénitale cyanogène est surtout caractérisée par l'existence d'une sténose de la voie pulmonaire (...) associée à une communication interventriculaire (L. Perlemuter, P. Obraska, J. Quevauvilliers, Dict. prat. de thérap. méd., 1975, p. 1227). REM. 1. Tétralogique, adj.Qui concerne ou qui rappelle la Tétralogie de Wagner. − Comme vous ressemblez, ce soir, à la dure fille de Siegfried et de Brünnhild! [s'écrie Chaulieu] − Vous l'avez connue? plaisante Minne, flattée. − Ni moi, ni personne, chère enfant: des accidents déplorables, survenus dans sa famille, empêchèrent qu'elle vît la lumière. Irène rompt le dialogue tétralogique comme elle infligerait un pensum (Colette, Ingénue libert., 1909, p. 164).Voilà [la musique de Respighi] qui est bien tudesque et tétralogique (Boschot, Mus. et vie, 1931, p. 123). 2. Tétralogiquement, adv.,hapax. Lyon subissait les rouages d'une folie wagnérienne à accès aigus, universels. Tous tétralogiquement frappés, de ceux du paradis du Grand Théâtre aux esthètes et aux canuts (Arnoux, Rhône, 1944, p. 91). Prononc. et Orth.: [tetʀalɔ
ʒi]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1752 « ensemble de quatre pièces de théâtre que les poètes tragiques présentaient au concours, en Grèce » (Trév.); 2. 1861 « ensemble de quatre drames lyriques » (Baudel., Art romant., Wagner et « Tannhäuser », p. 507). Empr. au gr.
τ
ε
τ
ρ
α
λ
ο
γ
ι
́
α « ensemble de quatre pièces présentées en concours dramatique ». Fréq. abs. littér.: 12. Bbg. Nies (F.) Textarten-Appellative. Z. rom. Philol. 1982, t. 98, p. 329. |