| SUBVENTIONNER, verbe trans. A. − 1. Accorder un don, un secours régulier ou occasionnel à quelqu'un; au part. passé, qui a reçu un don, un secours. Le chevalier: On nous a saisis, proscrits, ruinés. Diégo: Mais sous le nouveau prince, vous voilà rétablis, décorés, subventionnés! (Nerval, L. Burckart, 1839, p. 139).Devant moi, au premier rang, les milliardaires aux œufs de fourmis, les Trouduc mâle et femelle, qui ont promis de s'enquérir de moi et de me subventionner princièrement de quelques sous (Bloy, Journal, 1900, p. 29). 2. En partic. Donner des subsides, le plus souvent secrètement, à une personne, une entreprise, un groupe de pression qui sert des intérêts personnels. Les protectionnistes réussissent en subventionnant quelques gros chefs de parti ou en entretenant des journaux qui soutiennent la politique de ces chefs de parti (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 92).Stavisky subventionnait un lascar bien connu de nous, Albert Dubarry, directeur d'un journal sans lecteurs, non sans fonds secrets, la Volonté (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 192). B. − 1. Donner une subvention à, soutenir financièrement une entreprise, une association, une personne dans le cadre d'activités d'intérêt général. Subventionner un journal, un théâtre, une bibliothèque; subventionner la recherche, une entreprise publique. Ce voyage d'Angleterre m'amène à subventionner une mission d'études de l'art cambodgien. C'est une conséquence à laquelle je n'avais pas songé (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 170).On ne peut se passer du concours des autorités départementales pour une réalisation touristique. C'est le conseil général qui peut subventionner une étude, ou prendre une participation dans une formule d'économie mixte (Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 43). − Part. passé en empl. adj. Qui reçoit des subventions, qui fonctionne grâce à des subventions. Recherche subventionnée. L'effort de toute la nation n'aboutirait qu'à installer là-bas, d'une façon toute précaire, quelques milliers de colons subventionnés, dont l'insuccès risquait de compromettre la libération d'Israël (Tharaud, An prochain, 1924, p. 110).Les établissements subventionnés doivent soumettre leur budget et leur gestion au contrôle administratif et financier de l'État (Encyclop. éduc., 1960, p. 77). ♦ Théâtre subventionné. Théâtre qui reçoit des subventions de l'État. Il était toujours parfaitement apte à prendre ce que l'on voulait bien lui donner: la conservation d'un domaine, la direction d'un théâtre subventionné, un grand service administratif de création toute récente (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 15).Empl. subst. Dans les subventionnés, l'État fait confiance aux directions artistiques, il les laisse libre d'établir les répertoires et de choisir les œuvres nouvelles et leurs interprètes (Théâtre nat. Fr., 1954, p. 35).P. méton. Acteur, actrice qui appartient à un théâtre subventionné. On venait nous admirer sur place. Une belle subventionnée de la Comédie qui récitait les vers comme pas une revint même à mon chevet pour m'en déclamer de particulièrement héroïques (Céline, Voyage, 1932, p. 123). 2. ÉCON., FIN. Accorder une subvention économique pour un produit, un service. Réajuster les prix payés aux producteurs, tout en subventionnant les denrées de première nécessité afin de maintenir les tarifs au plus bas, on permettra de cette façon l'approvisionnement des marchés (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 181). Prononc. et Orth.: [sybvɑ
̃sjɔne], (il) subventionne [-sjɔn]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1832 (Musset ds R. des Deux Mondes, p. 110). Dér. de subvention*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 62. DÉR. Subventionnable, adj.Qui peut recevoir une subvention, qui peut prétendre à une subvention. Il semble utile vu les augmentations « des coefficients d'adaptation des prix de série » depuis cette époque, d'accroître le plafond des travaux subventionnables (Qq. aspects équip. agric., 1951, p. 33).− [sybvɑ
̃sjɔnabl̥]. − 1reattest. 1951 (Qq. aspects équip. agric., loc. cit.); de subventionner, suff. -able*. |