| * Dans l'article "SUBALTERNE,, adj. et subst." SUBALTERNE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − 1. [En parlant d'une pers.] De rang inférieur dans la hiérarchie; qui se trouve dans une position subordonnée. Cadre, clerc, collaborateur, employé, fonctionnaire, magistrat, personnel subalterne. Ce banquier subalterne, et néanmoins millionnaire, aimait le style grec (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 482).Il reste une étroite marge d'administration, où le peu qui est à faire se trouve toujours fait, par la force du métier, toujours clairvoyante chez les agents subalternes (Alain, Propos, 1930, p. 912). ♦ Officier subalterne. V. officier II A. 2. Péj. Qui est médiocre, inférieur. La femme, celle d'aujourd'hui, est un être illogique, subalterne et malfaisant (Dumas fils, Ami femmes, 1864, I, 5, p. 64). − [P. méton.] Esprit subalterne (Ac. 1835-1935). Son cœur n'avait qu'un défaut, une envie basse et subalterne pour Napoléon. Cette envie était du reste l'unique passion que j'aie jamais vue chez M. le comte de Tracy (Stendhal, Souv. égotisme, 1832, p. 48). B. − Qui appartient à un rang inférieur. Synon. secondaire. 1. [En parlant de la position hiérarchique d'une pers.] Emploi, poste, position, rang, rôle subalterne; tâche, travail subalterne. Une jolie femme supporte aussi mal la vie sans luxe qu'un homme intelligent un état subalterne (Maurois, Ariel, 1923, p. 139).Bien qu'il ne soit pas illettré, son orthographe est aussi capricieuse que son langage, ce qui le maintient dans les emplois subalternes (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 31). 2. P. anal. [En parlant de la place d'une chose abstr. dans une hiérarchie de valeurs] Les sciences positives ne sont que l'expression partielle et subalterne d'une activité qui les enveloppe, les soutient et les déborde (Blondel, Action, 1893, p. 86).La phénoménologie de l'imagination ne peut se satisfaire d'une réduction qui fait des images des moyens subalternes d'expression (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 58). C. − PHILOS., LOG. 1. Au plur. Propositions subalternes. Deux propositions opposées, l'une particulière, l'autre universelle. Deux propositions opposées sont dites (collectivement) subalternes quand elles ne diffèrent que par la quantité (Lal.1968). 2. Au sing. Proposition particulière de l'universelle. Dans un couple de propositions subalternes (...) la particulière est dite subalterne de l'universelle (Lal.1968). II. − A. Subst. Personne soumise à l'autorité hiérarchique d'une autre. Synon. inférieur, sous-fifre (fam.), sous-ordre, subordonné.Être le subalterne de qqn; avoir qqn comme subalterne; charger un subalterne de; traiter qqn en subalterne; s'en prendre à un subalterne. Qui sont les citoyens les plus exposés aux vexations personnelles des agents du fisc et des subalternes dans toutes les parties de l'administration? Les membres du tiers, j'entends toujours du véritable tiers, de celui qui ne jouit d'aucune exemption (Sieyès, Tiers état, 1789, p. 57).Tout le monde peut faire des misères à une subalterne: y a même pas besoin de motif (Frapié, Maternelle, 1904, p. 25). B. − Subst. masc. sing. à valeur de neutre. [Corresp. à supra I B 2] Ce qui est inférieur, sans importance. C'est la voie saine et complète de la critique, parce qu'elle porte avant tout (...) sur ce qui déclasse et rejette dans le subalterne nos jeux d'école à propos de la race, du milieu ou du moment (Benda, Fr. byz., 1945, p. 70). REM. Subalternement, adv.,rare. [Corresp. à supra I B 1] Dans une position subalterne. Du reste, cette même personne tenta depuis de rentrer en faveur: l'Empereur dit qu'il n'empêcha point qu'on ne l'employât subalternement, mais il ne voulut jamais le revoir (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 144). Prononc. et Orth.: [sybaltε
ʀn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1466 adj. et subst. « (qui est) subordonné à quelqu'un (en parlant d'un enseignant) » (P. Michault, Doctrinal du temps présent, éd. Th. Walton, III, 141, p. 8 et VII, 7, p. 9); 2. av. 1696 fig. esprits subalternes « ordinaires » (La Bruyère, I ds Littré); 3. 1876 log. « en parlant d'une seule proposition » (Lachelier, Étude sur le syllogisme, p. 16 ds Lal. 1968); 1882 « en parlant de deux propositions » (Bach.-Dez.). Empr. au b. lat.subalternus « subalterne (en logique) ». Fréq. abs. littér.: 392. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 857, b) 325; xxes.: a) 318, b) 570. DÉR. Subalternité, subst. fém.,vieilli. Condition de subalterne. Si je veux conserver Germaine, il me faut prendre une maîtresse obscure et subalterne, que sa subalternité irritera (Constant, Journaux, 1803, p. 28).Avec la noblesse, il aspirait à la subalternité du clergé comme corps politique et comme corps propriétaire des biens de la nation (Lamart., Nouv. Confid., 1851, p. 58).− [sybaltε
ʀnite]. − 1reattest. 1675 (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 113); de subalterne, suff. -(i)té*. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 427. |