| STYLET1, subst. masc. A. − [Plus fréq. au xixes. qu'au xxes.] Arme blanche (de 25 à 50 cm de long) à lame effilée et très pointue, pouvant provoquer de fines blessures. Lame, pointe du stylet. Il la chasse, son poignard à la main. − Seul. Ta lame, ô mon stylet, est belle toute nue (Musset, Coupe, 1832, IV, 1, p. 316).Une arme tranchante, comme le serait un stylet des plus aigus, pouvait seule s'arroger des droits à la paternité d'une si fine blessure (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 316). B. − Au fig. 1. Expression incisive, tranchante d'un regard. Elle a l'air diablement revêche et farouche! Quels regards elle lançait à ma sœur! C'était autant de coups de stylet (Gautier, Fracasse, 1863, p. 495).Le stylet d'acier de vos yeux infaillibles (Laforgue, Poés., 1887, p. 112). 2. Ce qui provoque de fines blessures intellectuelles ou morales, par son caractère acéré, acerbe, perfide. Une amitié comme la mienne (...) ne se brise pas sans cri (...). Je ne m'occupe pas des coups de stylet de mes ennemis; je sens le coup d'épingle d'un ami (Hugo, Corresp., 1829, p. 460).Un jour viendra où le stylet de la critique pénétrera à son tour les défauts de la carapace du croyant, et atteindra la chair vive (Renan, Avenir sc., 1890, p. 61). Prononc. et Orth.: [stilε]. Ac. 1694-1740: stilet; dep. 1762: stylet. Homon. stylet2 et 3. Étymol. et Hist. 1620 stilet « poignard à lame étroite et très pointue » (A. d'Aubigné, Tragiques, L. III ds
Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, t. 4, p. 132). Empr. à l'ital.stiletto « id. » (dep. 2emoit. du xvies., Serdonato ds Tomm.-Bell.), dér. dimin. de stile « poignard », d'abord « poinçon pour écrire », du lat. stilus (v. DEI et style1; FEW t. 12, p. 266b et 268a). Bbg. Wind. 1928, p. 132. |