| STRESS, subst. masc. Le plus souvent au sing. A. − PHYSIOL., PSYCHOL. 1. Agression de l'organisme par un agent physique, psychique, émotionnel entraînant un déséquilibre qui doit être compensé par un travail d'adaptation. Réponse au stress. Cette agression ou « stress » peut être indifféremment d'origine traumatique, opératoire, infectieuse, antigénique, physique, chimique et même psychique (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 735). 2. Réaction de l'organisme à l'agression subie. Provoquer un stress; syndrome, état de stress; causes du stress; résistance au stress; dose, niveau de stress; stress aigu, chronique; stress de la victoire, de la joie; stress du veuf, du migrant, du retraité, du travailleur de nuit. Le stress est la réponse non spécifique que donne le corps à toute demande qui lui est faite (H. Selye, Stress sans détresse, 1974, p. 29).Pour pouvoir en arriver à mieux contrôler le stress, il faut d'abord apprendre à reconnaître sa présence et par conséquent être sensible à soi-même et à son environnement (P.-R. Turcotte, Qualité de vie au travail: anti-stress et créativité, 1983, p. 159). 3. P. méton. Agent qui agresse. Des circonstances aussi variées que l'exposition au froid, les traumatismes, les infections, la ménopause, les émotions, autant de stress mettant en branle le couple hypophyso-surrénal (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p. 14). B. − Tension nerveuse, contrainte de l'organisme face à un choc (événement soudain, traumatisme, sensation forte, bruit, surmenage). La combinaison et l'aggravation réciproque de toutes les nuisances urbaines provoque en permanence le « stress », cette tension nerveuse incessante, à la fois volonté de faire face à toutes ces agressions et peur de ne le pouvoir (Ph. Saint-Marc, Socialisation de la nature, 1971, p. 138).Des « pros » [les cascadeurs à moto] : une semaine sans tabac ni alcool, un peu d'athlétisme, des vitamines, pas d'horoscope, et le stress, à chaque fois, en bas du tremplin, et puis roule petit bolide! (Le Figaro Magazine, 26 sept. 1987, p. 127, col. 2). − P. méton. État d'une personne soumise à cette tension. Être victime du stress; lutter contre le stress. Le XXesiècle et le progrès technologique qu'il a apporté ont provoqué des altérations parfois notoires des facteurs d'environnement (...): intensification du bruit; accélération du rythme de vie menant au « stress »; excès et maladies de la concentration industrielle, administrative et urbaine (M. Young, L'Europe de l'an 2000, 1972, p. 127). REM. Anti-stress, subst. masc.Tout agent et en particulier toute substance qui, par son action stimulante, permet à l'individu de retrouver sa vitalité, son moral. « Anti-anémique », « anti-stress » (...) « tonique », « stimulant sexuel », attrape-nigaud ou remède miracle, le ginseng se lance à l'assaut du marché occidental (L'Express, 19 avr. 1976, p. 92, col. 1). Prononc.: [stʀ
εs]. Étymol. et Hist. 1950 agression (stress) (M. Aron-C. Aron, Eléments d'endocrinologie physiologique, 106 ds Höfler Anglic.); 1951 (Almanach Hachette 1952, 62b, ibid.); 1953 (Garnier et Delamare, Dict. des termes techn. de méd., 16eéd., p. 1065: Stress. Terme exprimant à la fois l'agression subie par l'organisme et la réaction de ce dernier). Empr. à l'angl.stress « force, contrainte, effort, tension » att. dep. le xives. et qui semble issu, avec aphérèse, de l'anglo-norm. destre(s)ce, destresse, corresp. à l'a. fr. qui est à l'orig. du fr. détresse*, et d'où est issu également l'angl. distress. Le sens est à rattacher à celui de « tension, gêne, contrainte, entrave » de l'anglo-norm. (v. Stone, Rothwell et Reid, Anglo-Norman Dictionary, fasc. 2, 1981) d'où distresse « cause de peur ou d'angoisse, danger » en m. angl. (MED t. 2) (l'angl. stress est moins prob. issu de l'anglo-norm. estresce, estrecce dont on ne relève que le sens concr. de « resserrement, confinement »). L'angl. stress est att. au sens actuel de la physiol. dep. 1942 ds NED Suppl.2d'abord pour désigner ce qui agresse l'individu puis l'état de perturbation et de tension qui en résulte, et a été répandu en fr. à partir de la description du Syndrome général d'adaptation par le médecin can. d'orig. autr. H. Selye (A Syndrome produced by diverse nocuous agents in Nature, XXXII, 1936). Le Comité consultatif de la lang. sc. de l'Ac. des Sc. avait proposé de remplacer cet anglicisme par agression (Sciences, nov.-déc. 1959, no4, p. 82). Bbg. Quem. DDL t. 18. |