| STIGMATE, subst. masc. I. A. − Marque durable sur la peau. Synon. cicatrice, marque1.Stigmate d'un vaccin; stigmates de la petite vérole. Quoique la plaie large et profonde fût fermée, Bénédict en porterait toute sa vie le stigmate indélébile (Sand, Valentine, 1832, p. 227).[Ce long doigt] suivait complaisamment la ligne rouge, le stigmate éloquent qui me ceinturait encore (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 24). − P. métaph. Raynal: A écrit avec un fer rouge: il laisse des stygmates sur tous les esprits qui le lisent (Chênedollé, Journal, 1833, p. 177). 1. HISTOIRE a) ANTIQ. ROMAINE. Marque qu'on faisait au bras des soldats. (Dict. xixeet xxes.). Marque faite au fer rouge sur un esclave. Stigmates, d'un mot grec qui signifie marque profonde. − Les Romains (...) imprimaient au front des esclaves fugitifs: la plus commune était la lettre F dont l'empreinte se pratiquait au moyen d'un fer chaud (St-Edmet. 51828). b) ANC. RÉGIME. Marque faite au fer rouge sur l'épaule des galériens, des voleurs. Les stigmates de la justice (Ac.1835-1935). 2. RELIG., au plur. Les cinq plaies de Jésus crucifié; les mêmes plaies portées par certains mystiques. Les stigmates de saint François d'Assise. Il montra de merveilleuses marques sur son corps. De même que saint François, il avait reçu les stigmates et portait aux pieds, aux mains, au côté, des plaies sanglantes (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 189).L'impression des stigmates fut donc l'épisode de la vie de saint François que les couvents franciscains demandèrent le plus souvent aux artistes (Mâle, Art relig., 1932, p. 176). B. − P. anal. ou au fig., littér., gén. au plur. Marque visible, signe apparent de quelque chose de pénible, d'accablant ou d'avilissant. Synon. trace.Les stigmates de l'alcoolisme, de la douleur, du vice. Sa respiration saccadée, ses jambes coupées, sa gorge desséchée, ses mains, son front brûlants, étaient les stigmates de ses souffrances intérieures (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 288).Vieux ou jeunes, ils étaient tous du même grain, et leurs mains, enfouies au fond des poches des knickers, ou nouées derrière le dos, à la façon paysanne, portaient le cal du piolet, du rocher, de la corde, les stigmates de leur métier: la charge d'âmes à assurer vers les sommets (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 16). ♦ Être sans stigmates. Ces enfants étaient encore frais, presque sans stigmates (Frapié, Maternelle, 1904, p. 293). − Dans le domaine de la psychol.Active, cette agressivité de base s'entretient en critique incessante, envie, jalousie. Ici, encore et toujours, nous trouvons à l'origine de la psychogenèse les stigmates de l'enfance (Mounier, Traité caract., 1946, p. 513). − [A propos d'une chose concr.] Hippolyte (...) ne s'étonna pas des tons noirs et gras (...) qui décoraient les boiseries. Ces stigmates de misère ne sont point d'ailleurs sans poësie aux yeux d'un artiste (Balzac, Bourse, 1832, p. 399).Dans cette Chine où le déboisement a partout marqué ses stigmates (...) il ne reste à l'arbre partout pourchassé que quelques refuges (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 192). C. − MÉD, PATHOL. 1. ,,Signe clinique de caractère permanent ayant une certaine valeur diagnostique`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Stigmates de l'hystérie, du saturnisme, du zona. La lèpre se manifestait dans toute sa hideur. Avec ses stigmates, le caractère de l'héroïque jeune homme s'assombrissait (Grousset, Croisades, 1939, p. 219). 2. Stigmates de dégénérescence. Anomalies physiques souvent associées à la dégénérescence mentale: malformation des oreilles, de la voûte palatine, mauvaise implantation des dents, etc... (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). Cette enfance pèche par mille stigmates de dégénérescence. Voici la petite Doré atteinte de strabisme et vingt autres, victimes de la même hérédité alcoolique (Frapié, Maternelle, 1904, p. 141). II. − Spécialement A. − ANAT., HISTOL. ,,Interstice qui, dans un endothélium, permet la diapédèse`` (Méd. Flamm. 1975). B. − BOT. ,,Orifice du pistil; partie terminale d'un carpelle`` (Bén.-Vaesk. Jard. 1981). Les stigmates de la fleur. La partie supérieure du pistil, c'est à dire le stigmate, s'ouvre lors de la floraison ou de la fécondation (Baudrillart, Nouv. manuel forest., t. 1, 1808, p. 59). C. − ZOOL. Pore respiratoire; chacune des ouvertures latérales situées sur les segments du corps de l'insecte et par lesquelles l'air pénètre dans les trachées (d'apr. Séguy 1967). Stigmate prothoracique, tympanique. Les arachnides ne respirent que par des stigmates et des trachées aérifères, qui sont des organes respiratoires analogues à ceux des insectes (Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 180). Prononc. et Orth.: [stigmat]. Ac. 1694-1762: stigmates, subst. masc. plur.; 1798: stygmates, subst. masc. plur.; dep. 1835: stigmate. Étymol. et Hist. A. 1. a) Mil. xves. masc. plur. « les marques des cinq plaies faites par la crucifixion sur le corps de Jésus » (Internele consolacion, éd. A. Pereire, p 6); b) fin xve-déb. xvies. « marques semblables à celles des plaies de Jésus, portées par des saints » (J. D'Auton, Chroniques, éd. R. de Maulde La Clavière, t. 2, p. 102); 2. a) 1495 stigmac « trace honteuse que laisse dans le coupable une faute morale » (J. Locher, Nef des felz, prélude, sign. A 5 vods Gdf. Compl.); b) 1530 « cicatrice, trace indélébile » (Le Fevre D'Est., Bible, Lév. XIX, ibid.); c) 1580 « marque imprimée au fer rouge » (Celthellenisme de Léon Trippault ds Littré); d) 1754 (Buffon, Hist. nat., t. 11, p. 327: cette bosse du bison, comme celle du chameau, est moins un produit de la Nature qu'un effet du travail, un stigmate d'esclavage). B. 1. 1690 entomol. « orifices des trachées » (Fur.); 2. 1747 bot. « partie supérieure du pistil » (Guettard, Observations sur les plantes, t. 1, p. 260); 3. 1791 « sorte de poisson » (Valm.). Empr. au lat.stigmata, plur. neutre de stigma, -atis « marque au fer rouge, marque d'infamie », du gr. σ
τ
ι
́
γ
μ
α « piqûre » et spéc. « piqûre au fer rouge »; le sens de « piqûre » d'où « ouverture minuscule comme celle qui est faite par une piqûre » explique le sens techn. du mot. Fréq. abs. littér.: 177. |