| SPASME, subst. masc. A. − 1. a) MÉD., PATHOL. Contraction involontaire et pathologique affectant certains muscles (notamment viscéraux). Grand spasme. Elle trouva des forces surhumaines (...) et vint à moi. « Vous n'êtes pas la cause de cette crise, me dit-elle; je suis sujette à des spasmes, des espèces de crampes au cœur! (..) » (Balzac, Honorine, 1843, p. 370).Son dos, secoué d'abord par des spasmes irréguliers, prit un mouvement de soufflet haletant, plus saccadé que la respiration ordinaire (Loti, Matelot, 1893, p. 221). ♦ Spasme artériel, vasculaire. Contraction de la paroi musculaire d'une artère, d'un vaisseau, entraînant la réduction brusque de son calibre et parfois une oblitération. On a voulu expliquer cette rétraction par un spasme vasculaire généralisé à tous les vaisseaux sanguins (Pinard dsNouv. Traité Méd.fasc. 11926, p. 73).Les réactions vaso-motrices, en particulier les spasmes artériels, sont (...) responsables d'accidents graves (...) qu'on attribuait autrefois exclusivement à une obstruction mécanique (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 193). ♦ Spasme carpo-pédal. ,,Contracture localisée aux deux mains et aux deux pieds, observée dans certaines crises de tétanie`` (Garnier-Del. 1958). Les crises de tétanie (...) sont extrêmement caractéristiques (...). La main se met en hyperextension, la paume se creuse, les doigts allongés s'imbriquent en main d'accoucheur. Le pied se place en extension et se tord. L'ensemble des contractures mains-pieds est appelé spasme carpo-pédal [relatif au carpe (v. carpe1) et au pied] (H. Rubinstein, Êtes-vous spasmophile?1981, p. 33). ♦ Spasme clonique. ,,Spasme caractérisé par des contractions musculaires transitoires, alternant rapidement avec des périodes de relâchement`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Dans les spasmes cloniques généraux, où toutes les parties musculaires s'agitent à la fois, les divisions cérébrales et nerveuses (...) sont très-certainement (...) dans une convulsion générale (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 145). ♦ Spasme cynique. V. cynique A.Synon. rire sardonique*. ♦ Spasme glottique/spasme de la glotte, spasme laryngé/spasme du larynx. Contraction des muscles du larynx, provoquant des suffocations (notamment chez les jeunes enfants). Il avait une amygdalite (...), un spasme de la glotte l'a tué net par asphyxie (...). Ce spasme mortel n'avait que fort peu de rapport avec le mal de gorge (Valéry, Corresp., [avec Gide], 1898, p. 332).Comment la mort viendra-t-elle? (...) Spasme laryngé, brutal (...)? (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 1008). ♦ Spasme tonique. Contraction musculaire caractérisée par une rigidité prolongée. Le spasme tonique, généralement bref et brutal, prédomine sur la musculature axiale, intéressant surtout tête et tronc (...). Le spasme tonique représente une forme larvée de la crise d'épilepsie généralisée (Lafon1963). ♦ Spasme du sanglot. ,,Phénomène obscur chez le petit enfant (...), caractérisé par une perte de connaissance de nature syncopale succédant à une apnée déclenchée par une colère ou une crise de larmes, et pouvant s'accompagner de quelques mouvements convulsifs`` (Méd. Flamm. 1975). Nourrissons, ils peuvent faire des convulsions hyperthermiques (...) ou des spasmes du sanglot (pertes de connaissance au cours des pleurs) (H. Rubinstein,op. cit., p. 69). ♦ Spasme de torsion. ,,Syndrome caractérisé par des mouvements involontaires variés, (...) dus à des ondes de contractures toniques, frappant surtout les muscles du tronc (...) et des membres`` (Garnier-Del. 1958). Il s'agit de maladies fort curieuses caractérisées par des mouvements involontaires de grande amplitude localisés à un membre (...). Dans d'autres cas, l'ensemble du corps est affecté par un spasme de torsion (Quillet Méd.1965, p. 346). b) En partic., le plus souvent au plur. Dernier(s) spasme(s), spasme(s) de l'agonie. Convulsion(s) qui précède(nt), annonce(nt) la mort. Contorsions d'une grosse chenille assaillie par des fourmis (...). Ses efforts désespérés: elle se bande et se détend comme un arc. Dernier spasme: elle est morte (Renard, Journal, 1906, p. 1057).Corps nu (...) agité d'un faible tressaillement, d'une ondulation lente, semblable à celui qui suit le dernier spasme de l'agonie au flanc des morts (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1491).P. métaph. V. agonie ex. 35, glossaire ex. 2. a) Saisissement, agitation psychique et physique sous l'effet d'une forte émotion. L'état de spasme dans lequel je suis par le désespoir d'être loin de vous (...) retardera peut-être mon accouchement, (...) la contraction des nerfs produit très souvent cet effet (Staël, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 70): ... le spasme est un mouvement qui devient à lui-même son propre excitant (...). La motricité très pauvre du petit enfant se résout en spasmes (colères, trépignements) à la moindre difficulté qu'elle ne sait résoudre. Ces contractures peuvent, chez certains tempéraments spasmophiles, (...) mener à l'asphyxie ou à la syncope (...). Chez d'autres, ils donnent une propension au rire et aux sanglots (...). Le spasme est la réaction habituelle de l'émotivité.
Mounier, Traité caract., 1946, p. 195. b) En partic. Vif transport de jouissance amoureuse, sentimentale et/ou charnelle; orgasme. Mon ange, nous aurons usé tous les plaisirs, depuis la molle et douce extase jusqu'au spasme nerveux et convulsif qui fait envier notre luxe, notre ivresse toujours renaissante... Nous sommes trop heureux (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 11).[Des cauchemars] se déroulaient sur les territoires de la luxure (...). Ce n'était plus (...) la vision qui cesse juste au moment où l'homme endormi étreint la forme amoureuse (...); c'était (...) complet, accompagné de tous les préludes (...); et le déclic avait lieu, avec une acuité douloureuse extraordinaire, dans un spasme de détente inouï (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 48). B. − P. anal. [À propos d'une chose, d'un phénomène lumineux ou sonore] Mouvement irrégulier, entrecoupé; variation d'intensité, modulation. Synon. à-coup, heurt, saccade, secousse, sursaut.L'orchestre (...) halète Et monte et s'enfle et roule en aquilons; Des spasmes sourds sortent des violons (Verhaeren, Villes tentac., 1895, p. 142).Je volais cette femme, je l'emportais dans (...) des lits bouleversés, sous une veilleuse agitée de spasmes nerveux (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 201). C. − Au fig. [À propos de l'évolution d'un individu, d'une société] Bouleversement subit. [Le Greco] connaît maintenant sa voie: c'est d'exprimer d'une manière réaliste les spasmes de l'âme (Barrès, Greco, 1911, p. 24).Les adversaires de la collaboration en Allemagne (...) peuvent tirer des soubresauts et des spasmes vichyssois de redoutables arguments (L'Œuvre, 14 févr. 1941). REM. 1. Spasmé, -ée, adj.,méd. Qui est affecté de spasmes. Cette vaso-constriction artérielle (...) va provoquer une augmentation de la tension artérielle, puisque la masse sanguine (...) circule dans un système artériel spasmé de capacité donc amoindrie (Quillet Méd.1965, p. 496). 2. Spasmogène. -V -gène rem. 1. Prononc. et Orth.: [spasm̭]. Ds Martinet-Walter 1973 parfois [spazm̭]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. Ca 1256 espame, var. espasme (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 20, 3 ds T.-L.); ca 1300 spasme (Chirurgie de l'abbé Poutrel, 1 vo23 ds Mél. Lecoy, p. 549). Empr. au lat.spasmus « id. », du gr. σ
π
α
σ
μ
ο
́
ς. Fréq. abs. littér.: 332. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 328, b) 396; xxes.: a) 728, b) 480. |