| SPARTIATE, subst. et adj. A. − HIST. GR. De Sparte, ville du Péloponnèse, état le plus puissant de Grèce jusqu'aux guerres médiques. 1. Subst. et adj. (Celui, celle) qui est originaire de Sparte ou qui y habitait; en partic., (celui, celle) qui fait partie de l'aristocratie, de la caste des guerriers et des citoyens de Sparte. Intrépide spartiate; frugalité des Spartiates. A l'époque où parut Lycurgue, il y avait deux classes parmi les Spartiates, et (...) elles étaient en lutte (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 450).Saluons les révolutionnaires comme les Grecs saluèrent les héros spartiates qui défendirent les Thermopyles et contribuèrent à maintenir la lumière dans le monde antique (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 131).V. ilote ex. de Montherlant. − [Comme second terme d'une compar.] Taciturne et laconique comme un Spartiate dès que les affaires étaient en jeu (Musset, Mimi Pinson, 1845, p. 242).Bien qu'ils [ses élèves] eussent un tempérament solide, Pécuchet voulait comme un Spartiate les endurcir encore, les accoutumer à la faim, à la soif, aux intempéries (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 152). 2. Adj. Qui était propre à Sparte, à ses citoyens. Austérité, législation, mœurs, société spartiate; brouet spartiate. La démocratie spartiate fut encore une fois abattue, et les Macédoniens rétablirent l'ancien gouvernement (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 458).On comprend la morale spartiate quand on a reconnu qu'elle est liée à l'idéal totalitaire de la cité (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 183). B. − Qui rappelle Sparte, ses habitants. 1. Subst. et adj. (Celui, celle) qui rappelle le Spartiate par son austérité, son courage guerrier, ses mœurs rigides ou sa frugalité. Il me laissa devant le feu en me recommandant à une douzaine de brigands qui croquaient du pain bis et des olives amères. Ces Spartiates me firent compagnie pendant une heure ou deux (About, Roi mont., 1857, p. 250).Il avait ses jours, ses heures où il se voulait spartiate, et ces jours-là, il affectait une dureté virile et méprisait le sexe en général (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p. 68). 2. Adj. [En parlant d'un inanimé] Qui rappelle les mœurs du Spartiate. Synon. austère, ferme1, rigide, sévère.Austérité, courage, économie, menu spartiate. Dieu les bénisse avec leurs idées spartiates au milieu de la civilisation moderne, des besoins devenus partie de notre existence (Constant, Journaux, 1804, p. 91).Ayant pris de nos mœurs la facilité, l'amour du bien-vivre et un certain esprit frondeur, tous ceux-là (...) n'entendaient pas sacrifier aux habitudes spartiates préconisées par leurs chefs (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 316). − À la spartiate ♦ Loc. adj. À la façon des Spartiates. Phalanges à la spartiate [de l'armée carthaginoise] (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 39). ♦ Loc. adv. D'une manière rude, austère. Synon. durement, rigoureusement, sévèrement.Il avait en tête un certain idéal viril de l'enfance, d'après lequel il tâchait de former son fils, voulant qu'on l'élevât durement, à la spartiate, pour lui faire une bonne constitution (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 6). C. − Subst. fém., HABILL. [P. réf. au costume des guerriers spartiates] Sandale de cuir naturel à lanières entrecroisées laissant le pied à découvert. La terrasse du « Coucher du soleil ». Bernard, en bras de chemise et en spartiates (Fallet, Banl. Sud-Est, 1947, p. 145).Cette jeunesse du soir, celle qui traîne ses chemises à carreaux, ses spartiates (...) ses crinières en queue de cheval sur des robes noires constellées de pellicules (Vialar, Bête de chasse, 1952, p. 72). Prononc. et Orth.: [spaʀsjat]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. Ca 1590 la nation Spartiate, les Spartiates (Montaigne, Essais, I, 37, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 230); 1846 fig. « homme de mœurs austères, rigides » (Balzac, Cous. Bette, p. 395); 2. a) 1784 loc. adv. à la Spartiate « d'une manière brève, laconique » (N. Ruault, Gazette d'un parisien sous la révolution, p. 47 ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 20 no1, p. 184); 1844 id. « d'une manière rude, sévère » (Balzac, Modeste Mignon, p. 203); b) 1830 adj. rudesse spartiate « qui est austère, rigide comme les mœurs de Sparte » (Sand, Corresp., t. 1, p. 139); 1842 « relatif à la ville grecque de Sparte, à ses habitants » (Ac. Compl.); 3. 1947 subst. fém. « sandale » (Fallet, loc. cit.). Empr. au lat.Spartiates « habitant de Sparte », gr. Σ
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ς « de Sparte, Sparte ». Fréq. abs. littér.: 187. Bbg. Quem. DDL t. 16. |