| SOUSCRIRE, verbe trans. A. − Empl. trans. dir. Qqn souscrit qqc. 1. a) Apposer sa signature au bas d'un acte pour l'approuver. Souscrire un contrat, un traité, un engagement. Un édit de Dioclétien porte le sceau des divinités de l'Empire, la lettre apostolique d'un évêque est souscrite du signe sacré de la Croix (Chateaubr.,Martyrs, t. 1, 1810, p. 53).Le vaincu à ses yeux a toujours tort, et la victoire fascine tellement notre grand défenseur de la Justice éternelle qu'il est prêt à souscrire toutes les proscriptions qu'on exigera de lui (Sorel,Réflex. violence, 1908, p. 157). b) Vx. Clore une lettre par une formule de politesse précédant la signature. Pascal jouissait de son incognito (...). Sa troisième Lettre, du 9 février, est ainsi souscrite: « Votre très-humble et très-obéissant serviteur, (...) » (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 2, 1842, p. 561). 2. S'engager à payer, à cotiser en signant. Souscrire un billet (à ordre), une lettre de change; souscrire un abonnement, un emprunt. Voyez-vous, je ne peux plus donner d'argent comptant, les ventes sont trop difficiles. J'ai pensé que vous aviez besoin de moi, j'étais sans le sou, j'ai souscrit un effet pour vous obliger car je n'aime pas à donner ma signature (Balzac,Illus. perdues, 1839, p. 285).Il me paraît avantageux, pour un capitaliste de la catégorie B, de consacrer les revenus annuels, faudrait-il y rajouter quelque chose, à souscrire une assurance sur la vie, une assurance mixte, d'une durée à fixer (Duhamel,Cécile, 1938, p. 113). ♦ Souscrire qqc. à qqn.C'étaient six billets de cinquante francs, datés de cinq années déjà et échelonnés de mois en mois, une somme totale de trois cents francs, que le jeune homme avait souscrite à un tailleur, aux jours de misère (Zola,Argent, 1891, p. 34). − FIN. S'engager à verser une certaine somme pour acquérir des parts, des actions, des obligations. Souscrire x parts de fondateur dans qqc. Depuis la guerre, les pertes subies par l'épargne française (...) qui avait souscrit les actions ou obligations des affaires commerciales recommandées par les établissements et les grandes banques d'affaires, étaient d'environ 40 milliards (Malraux,Cond. hum., 1933, p. 419). B. − Empl. trans. indir. Qqn souscrit à qqc. 1. S'engager par écrit à fournir une somme convenue pour mener à bien une entreprise, pour financer une œuvre commune. Souscrire à la construction d'un monument, à une œuvre. De grandes affiches invitant à souscrire à des bons du Trésor, exempts d'impôts (Camus,Peste, 1947, p. 1305). − Absol. Souscrire (pour qqn, pour qqc.).Je n'ai pas vu votre nom sur la liste des dons patriotiques. Est-ce que par hasard vous n'auriez pas souscrit pour les blessés de février? (Sandeau,Sacs, 1851, p. 49). − En partic. ♦ Souscrire à un emprunt. Se porter acquéreur d'un certain nombre de parts d'un emprunt public. Souscrire pour x francs à qqc. Avez-vous de l'argent? Souscrivez au nouvel emprunt russe! (Guéhenno,Journal homme 40 ans, 1934, p. 95). ♦ Souscrire à une publication. S'engager par écrit à acheter, moyennant un prix convenu et un premier versement, un ou plusieurs exemplaires d'un ouvrage à paraître ou en cours de publication. Nul ne dépensait autant d'argent que lui, pour souscrire à des publications (Rolland,J.-Chr., Maison, 1909, p. 972).Chez madame Straus (...), les futures belles de Marcel Proust souscrivaient aux coûteuses éditions de luxe de la Revue (Blanche,Modèles, 1928, p. 12). 2. Donner son adhésion formelle à. Synon. accéder, accepter, acquiescer, adhérer, admettre, approuver, consentir, se prêter à.Souscrire à ce que dit qqn, au jugement, aux désirs, aux paroles, aux conditions de qqn, à un projet; souscrire pleinement, volontiers, d'avance à qqc.; être prêt à, refuser de souscrire à qqc. « − Voyons, père Passajon, lisez-nous ça tout haut. » C'était le vœu général et j'y souscrivis (A. Daudet,Nabab, 1877, p. 29).Le gouvernement de M. Pétain souscrit aux lois raciales, livre à la Gestapo les étrangers qui avaient cru en la parole de la France (Mauriac,Cah. noir, 1944, p. 372). Prononc. et Orth.: [suskʀi:ʀ], (il) souscrit [-skʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694, 1718 ,,l's se prononce``. Étymol. et Hist. I. Trans. 1. 1356 subscrire « écrire son nom au bas d'un acte pour l'approuver » (Ch. des compt. de Dole, B 205, A. Doubs ds Gdf. Compl.); 1506 soubscrire (Bl.-W.3-5); cf. 1539 soubscrits et signez (Procès verbal des Coutumes de Berry ds Nouv. Coutumier génér., éd. Bourdot de Richebourg, t. 3, p. 989); 1539 souscrire (Coutumes de Berry, titre XVIII, art. 10, ibid., p. 966); 2. a) 1540 soubzscript part. passé adj. « écrit au dessous » (Hugues Salel, Chasse royale, 574 ds
Œuvres poét., éd. L. A. Bergounioux, p. 183); en partic. 1872 gramm. iota souscrit (Littré); b) 1549 math. « écrire en dessous (ici le dénominateur sous le numérateur) » je souscri 42 pour Denominateur (J. Peletier, L'Arithmetique ds Quem. DDL t. 4); 3. 1690 « s'engager à payer en apposant sa signature » souscrire [un] billet (Fur.). II. Intrans. 1. a) 1559 « apposer sa signature pour approuver » (Amyot, Demosthène, 21 ds Hug.); b) 1764 « s'engager par écrit à fournir une certaine somme pour une entreprise, pour quelque dépense, quelque œuvre de bienfaisance » [les] particuliers qui « souscrivent » dans les emprunts publics (Necker, Admin. Fin., V, p. 515 ds Brunot t. 6, p. 511, note 5); c) 1721 « s'engager à prendre, moyennant un prix convenu, un ou plusieurs exemplaires d'un livre, d'un ouvrage qui doit être publié » (Trév.); 2. ca 1590 « consentir, approuver ce qu'un autre dit » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, XVII, p. 636). Empr. au lat. class.subscribere « écrire dessous, écrire au bas, mettre en inscription » francisé d'apr. écrire* et sous*. Fréq. abs. littér.: 242. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 477, b) 245; xxes.: a) 247, b) 330. |