| * Dans l'article "SOUPÇONNEUX, -EUSE,, adj." SOUPÇONNEUX, -EUSE, adj. A. − Enclin aux soupçons. Synon. défiant, méfiant; anton. candide, confiant, crédule, naïf.Caractère, esprit soupçonneux; marchand, mari, père soupçonneux. Il est si fatigant d'avoir affaire aux gens crispés, vétilleux, soupçonneux, voyant des allusions malignes dans chaque phrase (Amiel, Journal, 1866, p. 143).La maison était à louer. Sous prétexte de la visiter, nous nous en fîmes ouvrir la porte par une vieille femme soupçonneuse qui nous accompagna d'étage en étage et de pièce en pièce (Green, Autre sommeil, 1931, p. 189). − P. compar. À la fois confiant comme un enfant, soupçonneux comme un despote il croyait à un faux serment et se défiait d'une promesse sincère (Sand, Indiana, 1832, p. 109).Cette perpétuelle critique exercée sur moi-même, cet œil impitoyable, tantôt ami, tantôt ennemi, toujours gênant comme un témoin et soupçonneux comme un juge (Fromentin, Dominique, 1863, p. 75). − Soupçonneux de qqc.La femme de l'ancien préfet de police, racontait à une amie que (...) soupçonneuse d'une intrigue au dehors, le hasard l'avait mise en possession des lettres d'une femme de la société, très riche (...) et qui coûtait énormément d'argent à son mari (Goncourt, Journal, 1889, p. 959). − Empl. subst. On hua le soupçonneux qui, les bras croisés brava les gens (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 240).Faire le soupçonneux. Une fois la lettre envoyée, un remords me prend: elle ne me croira pas malade! pensé-je. Elle faisait la jalouse et la soupçonneuse (Balzac, Autre ét. femme, 1842, p. 370). − [En parlant de choses diverses] Qui manifeste le soupçon. Affection, jalousie, tyrannie, surveillance soupçonneuse; précautions soupçonneuses. Quelle est la meilleure manière d'aller de Paris à Rome? (...) Prenez peu de bagages; en traversant ces petits états soupçonneux, chaque caisse ou malle est une source de vexations à la douane ou à la police (Stendhal, Prom. ds Rome, t. 2, 1829, p. 67).Et quant à Satan lui-même, il est le génie ombrageux, jaloux du bonheur immérité, le principe soupçonneux dont l'infatigable méfiance tient la créature en haleine (...) se réjouit non du mal qu'il fait, mais du mal qu'il révèle (Jankél., Traité des vertus, Paris, Bordas, t. 3, 1972, p. 1363). B. − Qui exprime le soupçon, la méfiance. Air, regard, visage soupçonneux. Il regarde le prince d'un œil soupçonneux; mais, pour s'apercevoir de sa défiance, Malek Adhel est trop occupé de la princesse (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 158).Mes collaborateurs commencent à me regarder d'une manière soupçonneuse, d'une manière inamicale (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 222). C. − Méfiant, défiant; p. ext. sensible. Attention soupçonneuse. Le gémissement, le râle, le cri (...) émeuvent encore bien plus que les gestes et que les mouvements du visage; car l'oreille est soupçonneuse étant un sens de nuit (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 79).Une étude minutieuse s'impose, sans cesse soupçonneuse, sans cesse en alarme (Amadou, Parapsychol., 1954, p. 26). − Soupçonneux de.Le grand lit fut, tour à tour, tendu et détendu, à tous les coins de l'appartement, Charles d'Este étant devenu plus soupçonneux des courants d'air, et plus précautionné pour sa santé, qu'Augusta Linden elle-même (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 305). REM. Soupçonneusement, adv.D'une manière soupçonneuse, avec suspicion. Regarder qqn soupçonneusement. La vieille École créée par la Convention, qu'avait ménagée, militarisée et surveillée soupçonneusement l'Empire, ne dérogeait pas (Arnoux, Roi, 1956, p. 118). Prononc. et Orth.: [supsɔnø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1165 sospeçonos « personne portée naturellement à concevoir des soupçons » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 29907); 1452 soupçonneux (J. de Bueil, Le Jouvencel, éd. L. Lecestre, II, p. 328); 1690 « qui marque le soupçon » (Fur.). Dér. de soupçon*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér.: 329. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 313, b) 277; xxes.: a) 523, b) 667. |