| SOUFRER, verbe trans. A. − Enduire, imprégner, saupoudrer de soufre. Pour soufrer les allumettes, il suffit d'en plonger l'extrémité dans du soufre en fusion (Bouillet1859, s.v. soufrage). − AGRIC. Épandre, pulvériser du soufre en poudre sur les végétaux (arbres fruitiers, vigne, etc.) afin de les préserver de l'oïdium. Soufflet pour soufrer la vigne. Veiller avec soin à la lèpre ou blanc, qui envahit les feuilles [des rosiers] et les couvre d'une teinte blanchâtre. Aussitôt que la maladie apparaît, il faut se hâter de soufrer les rosiers comme la vigne (Gressent, Créat. parcs et jardins, 1891, p. 625).J'ai vu aussi les vignes. Pas soufrées, naturellement. Toutefois on en tirera bien une petite récolte (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 248). B. − Exposer à l'anhydride sulfureux (par combustion de soufre, de mèches soufrées). Soufrer la laine, la soie (pour les blanchir). Pour soufrer les étoffes, on les suspend dans des salles hermétiquement fermées, dites soufroirs, dans lesquelles sont disposés des réchauds allumés sur lesquels on a répandu de la fleur de soufre (Bouillet1859, s.v. soufrage). −
ŒNOL. Traiter un moût, un vin, désinfecter le matériel vinicole par l'anhydride sulfureux. Synon. mécher, sulfiter.On soufre certains vins pour empêcher la fermentation acide de s'y développer aux époques correspondant aux principales phases de la végétation des vignes. L'opération consiste à soufrer le tonneau où l'on va introduire le vin que l'on veut préserver (Privat-Foc.1870,s.v. soufrage).À la saint Cyprien, on a soufré les tonnes, nettoyé le pressoir, lavé les cuves (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 318). C. − Littér. Donner certaines caractéristiques du soufre. 1. [La couleur] Touchant le ciel, les Landes apparaissent, ligne d'ombre immobile et de silence, où l'on voit, dans les soirs calmes, fulgurer de lointains orages et des incendies soufrer le ciel (Mauriac, Chair et sang, 1920, p. 21). 2. [L'odeur de certains composés ou, p. ext., une odeur forte] Respirer l'air, soufré par de secrets orages (Noailles, Éblouiss., 1907, p. 310). Prononc. et Orth.: [sufʀe], (il) soufre [sufʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1256 soufré « qui renferme du soufre (en parlant d'une eau) » (Aldebrandin de Sienne, Rég. du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 25); b) 1784 soufré « qui est d'un jaune de soufre » (Bern. de St-P., Ét. nature, t. 3, p. 243); c) 1853 entomol. (Nerval, Chât. Bohême, p. 25); 2. a) 1636 soufrer « enduire de soufre (des allumettes, etc.) » (Monet); b) 1679 soufrer de la toile de soie (Rich.); c) 1690 soufrer le vin (Fur.); d) 1855 vitic. (Marès, Des Moyens de combattre la maladie de la vigne, emploi du soufre..., p. 16). Dér. de soufre*; d'abord suff. -é* puis dés. -er. DÉR. 1. Soufreur, -euse, subst.a) Vitic. Ouvrier, ouvrière employé(e) à traiter les vignes par le soufrage ou le sulfatage (d'apr. Mét. 1955 et Fén. 1970). b) Agric., le plus souvent au fém. Appareil servant à répandre du soufre (ou d'autres poudres antifongiques, insecticides) sur les végétaux. Le soufreur Savignon (...) est constitué par un ventilateur (...) qui produit le courant d'air nécessaire à l'épandage du soufre (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 238).Les soufreuses à bât et à traction sont d'un emploi économique pour la grande culture. Ces dernières, dites à grand travail, conviennent spécialement aux vignobles à grand écartement (Ch. Seltensperger, Dict. d'agric. et de vitic., 1911, p. 931).− [sufʀ
œ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1872 soufreur « ouvrier qui prépare le soufre dans certaines usines; personne chargée de soufrer la vigne » (Littré), b) 1904 soufreuse « appareil qui sert à pulvériser le soufre sur la vigne » (Nouv. Lar. ill., s.v. soufrage); de soufrer, suff. -eur2*. 2. Soufroir, subst. masc.,technol. ,,Petite étuve dans laquelle on blanchit la laine ou la soie au moyen de la vapeur de soufre qui brûle dans une terrine`` (Chesn. t. 2 1858). Le blanchissage à l'acide sulfureux gazeux s'effectue dans les chambres particulières, dites soufroirs (Wurtz, Dict. chim., 2esuppl., t. 1, 1892, p. 776).− [sufʀwa:ʀ]. Att. ds Ac. 1935. − 1reattest. 1723 (Savary, p. 359); de soufrer, suff. -oir*. |