| ![]() ![]() ![]() ![]() SOUFFLÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst. I. − Part. passé de souffler*. II. − Adjectif A. − [Corresp. à souffler I A 1; en parlant d'une chose concr.] 1. TECHNOL. Qui a subi l'effet d'un souffle; qui a été soumis à l'envoi d'air ou de gaz, à la ventilation, à l'opération du soufflage. − ARM. Canon soufflé. ,,Canon déformé par suite de l'explosion prématurée de la charge d'un projectile`` (Lar. Lang. fr.). − CHAPELL. Poils soufflés. Poils soumis à la ventilation, de manière à séparer les poils légers des poils lourds impropres au feutrage. (Dict. xixeet xxes.). − PAPET. Papier soufflé (vieilli). Papier de tenture enduit sur place de matière gluante sur laquelle on souffle une poussière de laine hachée pour imiter certaines étoffes. (Dict. xixeet xxes.). − PÉTROL. Bitume, pétrole soufflé. Bitume, pétrole traité par un courant d'air comprimé. Cette substance [le bitume], de couleur noire, brillante (...) est analogue au brai de pétrole soufflé. C'est le produit de l'évaporation et de l'oxydation des huiles minérales (Chartrou,Pétroles natur. et artif., 1931, p. 176). − THERMODYN. Foyer soufflé. Foyer ,,alimenté par surpression`` (Rob. Suppl. 1970). − VERRERIE. Verre soufflé. Verre façonné en soufflant. Devant moi un bocal: au fond, un Deburau blanc à serre-tête noir, à genoux, en verre soufflé (Goncourt,Journal, 1858, p. 442). 2. Dont le volume est accru par l'air ou le gaz. − ART CULIN., CONFIS. [En parlant d'une préparation culinaire] Qui gonfle à la cuisson. Omelette soufflée; pommes de terre soufflées. Elle (...) se fit encore faire une friandise, des beignets soufflés (Zola,Bête hum., 1890, p. 114).,,(...) Il y a un tas de bonnes choses grillées ensemble, des rognons, du bacon, des saucisses, des côtelettes...`` − ,,... avec du cresson et des pommes soufflées``, renchérit la serveuse (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p. 892).Sucre soufflé. ,,Masse de sucre cuit et façonné en boule de manière à obtenir par soufflage d'air à travers une canule divers objets décoratifs`` (GDEL). − MINÉR. Qui contient des inclusions de gaz. Roche bulleuse, soufflée (GDEL). − P. anal., fam. ♦ [En parlant du corps d'une pers.] [(D'une partie) du visage, en partic. des joues, de la chair] Bouffi, boursouflé, gonflé. Visage soufflé de graisse; paupières soufflées. La figure de Lefebvre (...) poupine, joufflue, soufflée, vous fait l'effet de la chair rose d'un petit garçon, qu'on fait dîner à la table des grandes personnes comme quatorzième (Goncourt,Journal, 1875, p. 1052).De jeunes femmes (...) les traits nets, la chair un peu soufflée (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p. 726).[(Du corps) d'une pers.] Gros, gras, replet. Le corps soufflé, enflé, spongieux, mou plutôt que gros et bien portant qui se devinait sous cette drôle de vêture (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 316).[D'un bébé] L'infiltration de la peau par un faux œdème n'est pas toujours évidente et le nourrisson un peu pâle se présente souvent comme un enfant « soufflé », trop nourri; « un beau bébé », pensent les parents (Quillet Méd.1965, p. 473). ♦ P. anal. [En parlant d'un animal (de bouch.)] Ayant hoché gravement le menton à la manière du croquant qui vient de faire un bon tour − de vendre une vache soufflée, par exemple, ou un cheval cornard (Bernanos,M. Ouine, 1943, p. 1383). ♦ [En parlant d'une chose concr.] Boursouflé. L'ancien agent immobilier s'était mis à tourner (...) De ces obus soufflés, gondolés, poreux, fissurés, qui éclataient à l'intérieur des canons, et que les artilleurs enfournaient avec épouvante (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 174).[En parlant des cheveux] Bouffant. Elle avait des cheveux de soie, soufflés et bouffants, comme ces cheveux des femmes penchées de Véronèse dans la Venise triomphante au plafond du Palais Ducal (Goncourt,Journal, 1866, p. 258).[En parlant d'un vêtement, en partic. des manches] De forme arrondie. Synon. bouffant.Pull tricoté en biais à manches « soufflées », décolleté bateau et ceinture à pans noués en rayonne et laine (Elle, 21 févr. 1972, p. 90, col. 1).ARCHIT. De forme arrondie. Les milliers de pavillons étaient d'une architecture déséquilibrée, aux formes extravagantes, avec des portes et des fenêtres absurdes ou inutiles (...) des balcons soufflés, et des profils en accordéon (Cendrars,Homme foudr., 1945, p. 310). 3. PHONÉT. Il existe aussi dans quelques langues, par exemple en gallois, des L et des R indépendants qui sont soufflés, c'est-à-dire sourds (Grammont1950, p. 75). 4. Au fig. a) [En parlant d'une chose abstr.] − [Avec idée de valeur quantitative; en parlant d'une somme d'argent, d'un prix] Amplifié, exagéré, gonflé (dans un but frauduleux). Tu connais mieux que moi la valeur des pétroles en ce moment. Je crois que je n'ai pas de conseils à te donner (...) − Oui, bien sûr, je les connais... Mais Jardot me dit qu'en ce moment les cours sont soufflés... (N. Sarraute,Le Planétarium, 1959, p. 278 ds Rob. 1985). − [Avec idée de valeur qualitative] Péj. ♦ [En parlant d'un style] Littér. Caractérisé par de l'enflure, de l'emphase. Synon. ampoulé, emphatique, gonflé, grandiloquent.Discours, style soufflé; éloquence soufflée. Toute cette robustesse de l'œuvre est à la fois molle et soufflée (Goncourt,Journal, 1867, p. 339). ♦ [En parlant d'un inanimé abstr.] Supérieur au mérite réel; exagéré, surestimé, surfait. Un succès soufflé (Ac. 1935). Sa réputation est quelque peu soufflée (Davau-Cohen1972). b) [En parlant d'une pers., de son état psychique] − Soufflé de.Plein, rempli de. Un défilé d'hurluberlus (...) gonflés, soufflés de certitudes, de solutions implacables (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 531). − Arg. Excessivement hardi. Synon. gonflé (pop.).Les mecs qui marchaient aux faux perdreaux et qui amenaient leur victime jusque sur un banc de la P.J., fallait qu'ils soient soufflés (Le Breton1960). B. − Pop., fam. [Corresp. à souffler II C 1; en parlant d'une pers.] Qui a le souffle coupé par la surprise; qui est très vivement étonné, surpris; épaté, époustouflé. Nadine se mit à rire: Lambert a eu l'air soufflé, il a bafouillé des choses mais je ne l'ai pas laissé parler (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 555). III. − Substantif A. − Subst. masc. 1. ART CULIN., PÂTISS. Soufflé d'asperges, de crustacés, d'épinards, de poissons, de pommes de terre, de tomates, de volailles; soufflé au fromage, au gruyère; soufflé à la liqueur; soufflé au chocolat, aux framboises, aux fruits. Il est, pour cuisiner ces sortes de soufflés, des recettes; et rien n'est plus facile à réussir, et rien ne retombera plus vite, sinon le léger goût que vous pouvez avoir vous-même de ces plats (Gide,Journal, 1931, p. 1036).Les soufflés sont faits de l'élément choisi (poisson, viande, etc.) réduit en purée, lié aux jaunes d'œufs, hors du feu, assaisonné, dans lequel on incorpore, toujours hors du feu, des blancs d'œufs battus en neige qui assureront le gonflement au cours de la cuisson à four modéré (Ac. Gastr.1962). − P. méton. Petite marmite en métal ou en faïence utilisée pour la préparation des soufflés. (Dict. xxes.). 2. CONFIS. Degré de cuisson du sucre qui le rend soufflé, intermédiaire entre le lissé et le boulé. Ils apprirent comment on clarifie le sucre, et les différentes sortes de cuites, le grand et le petit perlé, le soufflé, le boulé, le morve et le caramel (Flaub.,Bouvard, t. 1, 1880, p. 55). ♦ Grand soufflé. Degré de cuisson du sucre tel que les bulles prennent l'aspect de flocons. (Dict. xxes.). ♦ Petit soufflé. La densité du sirop est fonction de la teneur en sucre. (...) On est (...) − au petit soufflé, (si) une écumoire plongée dans le sirop en laisse sortir de petites bulles quand on souffle dessus (67,8 % - 109 o) (F. Léry,Techn. de la cuis., 1963, p. 41 ds Rob. 1985). B. − Subst. fém., MÉD. VÉTÉR. ,,Matière noirâtre qui sort de la racine du sabot du cheval, à l'insertion de la peau. On dit aussi soufflé au poil`` (Ac. Compl. 1842). Prononc.: [sufle]. Étymol. et Hist. A. Part. passé et adj. 1. fin du xiiies. « haletant » (Du Vilain au buffet ds Rec. gén. des Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 3, p. 202: Corouciez, souflez plains d'ire); 2. a) α) 1772 « gonflé (par le souffle, par un gaz) » (Buffon, Hist. nat. des Oiseaux, Paris, Impr. royale, t. 3, p. 255);
β) 1964 sc. minér. (Rob.); b) 1798 omelette soufflée (Ac.); c) 1940 rester soufflé (d'apr. Esn. 1966). B. Subst. masc. 1829 « léger mets de farineux fait au four de campagne » (Boiste); on note: cuisson à soufflé [...] nom du sucre cuit de façon qu'en soufflant à travers les trous d'une écumoire qu'on y a trempée en allant et revenant d'un côté à l'autre, il forme comme des étincelles ou petites bouteilles qui avertissent de son degré de cuisson ds Encyclop. 1754, s.v. cuisson). Part. passé de souffler*. Fréq. abs. littér.: 584. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 423, b) 928; xxes.: a) 1 293, b) 846. |