| SOPHISTIQUÉ, -ÉE, part. passé et adj. I. − Part. passé de sophistiquer*. II. − Adjectif A. − 1. Vx. Falsifié, frelaté. Vin sophistiqué. (Dict. xixeet xxes.). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'absence de viande rouge, de principe nutritif dans toute cette carne bouillie des conserves, le manque d'azote, le mauvais, le délétère, le sophistiqué de tout ce que les restaurants vous font manger depuis six mois, vous laissent dans un état permanent d'incomplète satisfaction de l'appétit (Goncourt,Journal, 1870, p. 697). 2. Au fig. Qui manque de naturel, de simplicité (par recherche ou subtilité excessive). Ces esprits [les hommes politiques de l'école doctrinaire et métaphysique] dans les théories sophistiquées et superfines qu'ils appliquent au gouvernement de la société, supposent trop que le commun des hommes leur ressemble (Sainte-Beuve,Pensées, 1852, p. 52).Un désir nourri par la seule imagination est artificiel, frelaté, sophistiqué; c'est le désir vain de la conscience malheureuse (Ricœur,Philos. volonté, 1949, p. 105). B. − 1. a) [En parlant d'une pers.] Qui se distingue dans son allure, ses manières d'être ou de faire, par la recherche d'un raffinement, d'une élégance, d'une distinction généralement artificiels. L'idée conventionnelle que les hommes se font de la femme, gracile et sophistiquée (Jeux et sports, 1967, p. 1300).C'était à la Redoute de Bad G. (...). Le public très sophistiqué, parlementaires, industriels, journalistes (...) était venu applaudir le véritable jeu de massacre que furent les propos improvisés de Grass (L'Express, 14 avr. 1969ds Gilb. 1980). − [P. méton.] Le grand jeune homme (...) qui parlait, lèvres serrées avec cet accent « sophistiqué » des universitaires, était le porte-parole, le haut-parleur, le traducteur mécanique et fidèle, des traditions (Vialar,Pt jour, 1947, p. 355).En vain quelques esprits sophistiqués, quelques inadaptés montrent-ils une certaine réticence. C'est le manque d'art, disent-ils, de façon aussi vague que prétentieuse, qui les gêne. Ou peut-être la faiblesse du style (Sarraute,Ère soupçon, 1956, p. 131). b) Dont l'élégance, le raffinement délibérés sont excessifs et relèvent d'un certain maniérisme. Ils avaient trouvé moyen de me donner rendez-vous dans le restaurant le plus sophistiqué de la ville (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 533).Les catalogues américains et allemands apparaissent comme les plus sophistiqués et les plus élaborés (Entreprise, 20 sept. 1969ds Gilb. 1980). 2. a) [En parlant d'une chose abstr. (raisonnement, système, recherche, etc.)] D'une grande complexité, très recherché. Expérience, raisonnement sophistiqué(e). Une sorte de laboratoire où l'Armée poursuit des recherches très sophistiquées (L'Express, 25 juin 1979ds Gilb. 1980).Une rapide évolution des pays pétroliers vers une vision plus sophistiquée des rapports avec l'Occident industriel (L'Express, 3 févr. 1975ds Gilb. 1980). b) Dans le domaine sc. et techn.D'une grande complexité, d'un grand perfectionnement; où interviennent les techniques de pointe les plus évoluées. Matériels sophistiqués; technologie sophistiquée. Le plus sophistiqué des ordinateurs ne saurait concevoir, même en l'an 2000, le but de son action (L'Express, 7 oct. 1968ds Gilb. 1980). Rem. Ces empl. de sophistiqué sont parfois critiqués par les puristes comme américanismes (ou anglicismes). Prononc. et Orth.: [sɔfistike]. Att. ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. A. Voir sophistiquer étymol. et hist. B. 1. 1952 « qui se présente sous un aspect physique soigné, élaboré » (L. Piéchaud, Questions de langage, p. 126 ds Rey-Gagnon Anglic.); 2. 1965 « qui produit ou apprécie des choses très élaborées, des œuvres peu accessibles » (L'Express, 8 mars ds Gilb. 1980); 3. 1968 « très perfectionné, complexe, qui est le fruit d'une élaboration très poussée » (Le Nouvel Observateur, 6 mars, ibid.). Part. passé adj. du verbe sophistiquer empl. au sens B d'apr. l'angl. sophisticated part. passé adj. du verbe to sophisticate (corresp. au fr. sophistiquer*), att. dep. 1895 au sens de « qui n'est pas naïf ou niais, remarquable par sa subtilité, son raffinement ou ses connaissances » d'où, en parlant d'une œuvre, « très élaboré, qui est fait pour les gens très cultivés » (dep. 1915) et, en parlant d'un objet « très élaboré, complexe, très perfectionné, à la pointe du progrès technique » (dep. 1945), v. NED Suppl.2. Fréq. abs. littér.: 34. Bbg. Blumenthal (P.). Geruchsbezeichnungen in der Werbesprache. Vox rom. 1979, t. 38, p. 164. − Humbley t. 2 1974, pp. 725-726. |