| SONNERIE, subst. fém. A. − 1. a)
α) Son d'une cloche qui tinte ou qui sonne (à toute volée), ou de plusieurs cloches ensemble. Sonnerie de cloches; la sonnerie d'une église. La cloche, à temps égaux, continuait sa sonnerie monotone qui se perdait dans la campagne (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 72): Ce matin, le glas a sonné à l'église du Houga. Lentement, plus lentement que de coutume, on l'aurait cru du moins; mais ce n'était peut-être qu'un contraste entre la sonnerie poignante et le carillon de l'angélus qui l'avait précédée.
Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 81.
β) Son, vibration d'un signal sonore actionné. Sonnerie du téléphone, d'un timbre. La sonnerie électrique de la porte d'entrée se fit entendre avec sa vibration rapide et tremblée (Zola, Nana, 1880, p. 1125).La maîtresse de Francis plongeait ses bras roses et gras dans les paniers de poissons et de crustacés, pesait, déclenchait la sonnerie de la caisse enregistreuse (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 99).
γ) Son d'un mécanisme d'horlogerie marquant l'heure, frappant les heures et en particulier d'un réveille-matin. Elle désira savoir quelle heure il était. Je fis sonner ma montre, et cette sonnerie parut l'étonner beaucoup (Mérimée, Carmen, 1845, p. 20). b) P. méton. Manière de sonner les cloches d'une église. Petite sonnerie; grosse sonnerie. Dans la sonnerie à toute volée, chaque cloche se balance suivant sa grandeur, et le battant de même (Alain, Propos, 1913, p. 165). − En partic. Air spécifique, façon particulière de sonner une cloche ou des cloches pour annoncer un moment de la liturgie, un acte du culte. Sonnerie de la consécration, de la messe, du glas; sonnerie pour un mort, pour un baptême, pour un mariage. Dans la plupart des hameaux de la Bretagne, c'est ordinairement à la pointe du jour que l'on sonne pour les trépassés. Cette sonnerie compose, de trois notes répétées, un petit air monotone, mélancolique et champêtre (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 132).Les sonneries pieuses de l'Angelus du soir, se répondant de paroisse en paroisse, versaient dans l'air quelque chose de calme (Renan, Souv. enf., 1883, p. 171). c) P. ext. Son ou suite de sons rendu(s) par une matière, un métal, un objet sonore, sous l'effet d'un choc, d'une percussion, d'une vibration. Il agitait des pièces d'or dans sa poche. Cette sonnerie mélodieuse fit pétiller étrangement l'œil de Malartic (Gautier, Fracasse, 1863, p. 319).Les verres tressautèrent, les sonneries de leurs petites cuillers perceptibles à un dixième de seconde de l'explosion fracassante: le premier obus était tombé à l'extrémité de la rue (Malraux, Espoir, 1937, p. 480). d) P. anal. Sonnerie d'oreilles. Sensation auditive vibratoire. Le sang (...) lui battait le crâne. C'était la sonnerie d'oreilles, les coups de marteau, la clameur de la foule de ses grandes crises d'autrefois (Zola, Bête hum., 1890, p. 247). 2. Air spécifique sonné par un ou plusieurs instruments à vent en cuivre. Le Christ qui siège à la droite du Père (...), évoqué par les sonneries puissantes des trombones et des cors, que soutient tout l'orchestre (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 354). − Domaine milit. et lang. cour.Air joué à la trompette, au clairon, constituant un signal (arrivée d'une personnalité, commandement, moment d'une cérémonie, etc.). Sonnerie du réveil; sonnerie aux champs; sonnerie militaire. Tout d'un coup, les trompettes sonnèrent: À cheval! Et, presque aussitôt, une autre sonnerie éclata: Sabre à la main! (Zola, Débâcle, 1892, p. 319).Alors, dans un quartier militaire, éclata la sonnerie de l'extinction des feux, une sonnerie lente et triste (Tharaud, Dingley, 1906, p. 105). ♦ Sonnerie aux morts. V. mort2III A 2 b. − CHASSE. Air joué à la trompe de chasse, annonçant une circonstance d'une partie de chasse ou un commandement. Sonnerie de l'hallali, du débucher. Le cerf et les chiens groupés se déplacent rapidement, pendant que l'on donne les sonneries des « bien-allés » (Écho de la mode, 6 mai 1966, p. 78, col. 3). B. − P. méton. 1. Ensemble des cloches d'une église, d'un monument. (Dict. xixeet xxes.). 2. Mécanisme qui fait sonner les heures d'un système d'horlogerie (horloge, pendule, montre, réveil), ou dispositif électrique ou électronique déclenchant l'avertisseur d'un compteur horaire. Remonter la sonnerie d'un réveil. Le bruit des cloches, des sonneries gothiques accompagnaient ces sortes de promenades (Fromentin, Dominique, 1863, p. 101).Il avait même réglé les sonneries des quatre horloges à un quart d'heure d'intervalle, de façon à savoir toujours de nuit l'heure qu'il était (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 196). 3. Signal sonore d'appel, d'alarme ou de contrôle dont le dispositif est formé d'un timbre que fait vibrer un marteau au passage du courant électrique. Synon. sonnette.Bouton, fil de sonnerie; sonnerie à vibreur. Je lui demandais qui avait tant sonné cette nuit. Il me disait: personne, et pouvait l'affirmer, car le « tableau » des sonneries eût marqué (Proust, Sodome, 1922, p. 985).La trouver seule dans ce logis vide, (...) la voir mettre l'interrupteur à la sonnerie de l'entrée (Montherl., Pitié femmes, 1936, p. 1111). ♦ Sonnerie à chaperon. V. chaperon ex. 2.Sonnerie d'alarme*. Prononc. et Orth.: [sɔnʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1223 « son de plusieurs cloches mises ensemble en branle » (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 2 Mir 25, 448: Es clociers fu la sonnerie Et longue et grans); b) fin xiiies. « bruit, retentissement (du souffle du vent) » (Mahieu le Vilain, Méthéores d'Aristote, éd. R. Edgren, p. 119, 8); c) xives. [ms.] « son rendu par un instrument de musique » (Siège de Barbastre, Bibl. nat. fr. 24369, fol. 125 r ods Gdf. Compl. [non relevé dans l'apparat crit. de l'éd. J. L. Perrier]: De tabours et de timbres y ot grant sonnerie); ca 1470 sonneries de trompettes et de clairons (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 305); 2. 1409-10 « action de sonner (les cloches pour une fête) » (Arch. Aube G 1559 ds Gdf. Compl.); 3. 1825 « air que sonnent les trompettes d'un régiment » (Le Couturier, Dict. portatif des connaissances milit. d'apr. FEW t. 12, p. 98b); 4. 1832 « manière de sonner pour les fêtes, les enterrements » (Hugo, N.-D. Paris, p. 292); 5. « son produit par un mécanisme pour avertir » a) 1845 d'une montre (Mérimée, loc. cit.); b) 1847 d'un timbre de porte (Balzac, Cous. Pons, p. 258). B. 1. 1636 « ensemble de cloches » sonnerie d'Église (Monet, p. 835a); 2. 1663 « ensemble de pièces servant à faire sonner une pendule » (N. Duez, Dict. fr.-all. d'apr. FEW, loc. cit.); 1680 (Rich.); 3. 1871-72 « ensemble de sonnettes pour une maison » (Almanach Didot-Bottin, p. 643, col. 4 ds Littré). Dér. de sonner*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 492. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 114, b) 595; xxes.: a) 961, b) 1 097. |