| SOMPTUAIRE, adj. A. − DROIT 1. [En parlant d'une loi] Qui a pour objet de régler les dépenses des citoyens et plus particulièrement de restreindre les dépenses de luxe. Édit somptuaire. Vêtu de drap comme tous les bourgeois prudents qui obéissaient aux ordonnances somptuaires (Balzac, Martyr calv., 1841, p. 77).V. loi1I A 1 ex. de Jouy et ex. 5. 2. [En parlant d'un impôt] Qui porte sur les biens de luxe; qui frappe les citoyens ayant un train de vie luxueux. Taxes somptuaires. Quelle avalanche de projets de lois révolutionnaires! Abolition des majorats, impôts somptuaires (Coppée, Théâtre, t. 3, Homme et fort., 1875, p. 41). B. − 1. Relatif aux dépenses et plus particulièrement aux dépenses de luxe. Après dîner, il nous a lu la fameuse lettre somptuaire de Mmede Maintenon à son frère, dans laquelle elle lui fixe son ménage, article par article, à six mille francs par an (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 42).Son arrivée [de Loubet] à l'Élysée fut bien marquée par quelques mesures somptuaires, qui firent commencer par réduire le train de maison présidentiel (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 88). 2. De luxe; qui est d'un luxe coûteux, excessif. Le courage est un luxe; il faudrait le frapper d'un impôt comme tous les objets somptuaires (Renan, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, I, 6, p. 545).L'uni d'une chaussée, son « confort » ne sont nullement des qualités somptuaires (J. Thomas, Route, 1951, p. 314). C. − Au fig. Qui présente un caractère de luxe inutile. Peut-être l'éducation des filles, dans ces maisons religieuses, était-elle par trop somptuaire; elle se bornait à quelques principes de grammaire et d'arithmétique (...); mais, en revanche, les jeunes personnes, au sortir du couvent, auraient pu, comme Arachné, défier Minerve elle-même dans tous les ouvrages à l'aiguille (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 80).De la plupart de ces inventions larvaires (...) plus ou moins géniales, il ne reste pas trace chez les adultes [libellules]. C'est donc une dépense purement somptuaire, un effort prodigieux dans le vide (Maeterl., Sablier, 1936, p. 156). ♦ Arts somptuaires. [P. oppos. aux arts utilitaires] Arts décoratifs de luxe (mosaïque, orfèvrerie, etc.) dont la finalité est essentiellement esthétique. Aussi, les pouvoirs publics en arrivent-ils peu à peu à se désintéresser des arts somptuaires (Grandjean, Orfèvr. XIXes., 1962, p. 17). Rem. ,,L'expression dépense somptuaire, qui témoigne d'une confusion de somptuaire et somptueux (...) a été blâmée par les puristes comme constituant un pléonasme affreux.`` (Dupré 1972, s.v. somptuaire-somptueux). On la relève cependant chez de bons écrivains. Prononc. et Orth.: [sɔ
̃ptɥ
ε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1520 [éd.] loy sumptuaire (Michel de Tours, Suetone Tranquile, Des faictz et gestes des douze Cesars, Paris, Galliot du Pré, f o49 v o); 2. 1690 « qui concerne la dépense » (Fur.). Empr. au lat.sumptuarius « qui concerne la dépense », en partic. dans lex sumptuaria (v. OLD), dér. de sumptus « coût, dépense, frais » de sumptum, supin de sumere « prendre, se saisir de, s'approprier ». Fréq. abs. littér.: 38. |