| SOMNIFÈRE, adj. et subst. masc. A. − MED., PHARM. (Substance médicamenteuse) qui provoque le sommeil. Synon. hypnotique, narcotique, soporifique. 1. Adj., vieilli. Médicament somnifère. Le rusé vieillard courut chez Monsieur Haudry, lui expliqua la position de Birotteau, obtint une ordonnance pour une potion somnifère, l'alla commander et revint passer la soirée chez son neveu (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 351). − En partic. Qui a des propriétés soporifiques. Plante somnifère. C'est une solanée [la mandragore] somnifère et vénéneuse, comme un grand nombre de ses congénères, dont les propriétés narcotiques, anodines, réfrigérantes et hypnotiques étaient déjà connues du temps d'Hippocrate (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 182). 2. Subst. masc. Puissant somnifère, prendre, avaler des somnifères; abuser des somnifères; les effets d'un somnifère. Gowan saisit la main qui tient le récepteur et coupe la communication. De l'autre main, il jette un tube sur la table. (...) voilà ton somnifère (Camus, Requiem, 1956, 1repart., 3etabl., p. 854). − P. métaph. Tiens, voilà ton somnifère. Il posa près d'elle le petit volume jaune, et sortit, très pressé (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 107).[L'industrie] a produit un homme nouveau, l'homme du confort impersonnel. Il hérite dans un fauteuil d'une fortune que d'autres mettent en œuvre: (...) quand il tourne un bouton, ce n'est pas pour tuer un mandarin, mais pour recevoir, sous forme oratoire ou musicale, sa dose quotidienne de somnifère (Mounier, Traité caract., 1946, p. 532). B. − Adj., vieilli. Qui est propice au sommeil. Vous aimiez assez notre vie paisible, vous êtes né pour cela, et vous avez une tournure faite exprès pour le grand canapé somnifère de mon silencieux salon (Sand, Corresp., t. 1, 1830, p. 101).Montefiore attendit l'heure la plus somnifère de la nuit; puis, malgré ses réflexions, il descendit sans chaussure (Balzac, Marana, 1833, p. 80). − Au fig. Qui engendre le sommeil par l'ennui, qui endort l'esprit, les facultés, l'intelligence. On a joué à Brescia I1 Domofoonte, musique de Tarchi (...) On a trouvé la musique si somnifère que le lendemain on a repris Pirro (Stendhal, Journal, 1802, p. 30).Paul Adam, « penseur » pour rachitiques et scrofuleux (...) ne risquait pas de se compromettre ni de compromettre ceux qui publiaient sa prose caillouteuse, ensablée, somnifère (L. Daudet, Temps Judas, 1920, p. 39). Prononc. et Orth.: [sɔmnifε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: somnifere; dep. 1740: -fère. Étymol. et Hist. 1. Méd. a) ca 1500 herbe tres somnifere (Oct. de Saint Gelais, Eneide, f o129, éd. 1529 ds Gdf. Compl.); b) 1690 subst. (Fur.); 2. fig. 1723 « ennuyeux au point de produire le sommeil » (J.-B. Rousseau, Epitre à Thalie ds
Œuvres, éd. 1820, t. 2, p. 113). Empr. au lat.somnifer, formé de somnus « sommeil » et de ferre « apporter ». Fréq. abs. littér.: 17. |