| * Dans l'article "SOLUTION2,, subst. fém." SOLUTION2, subst. fém. A. − Domaine abstr. 1. Ensemble des opérations mentales, intellectuelles susceptibles de fournir une réponse théorique ou pratique visant à la résolution, l'analyse, la compréhension d'un problème, d'un phénomène complexe. Le rapport de l'humanité à elle-même dans une société divine, cette translation du ciel sur la terre, est un problème complexe, dont la longue solution doit remplir la vie du monde; sa beauté est dans sa progression, sa progression infinie (Michelet,Introd. Hist. univ., 1831, p. 468): 1. ... comment passer de la société bourgeoise à la société communiste? Par quels chemins? Par quelle évolution? C'est là, j'ose le dire, le problème qui est toujours présent à notre pensée. C'est à la solution théorique et pratique de ce problème que nous avons donné, sans réserve et sans retour, tout notre effort d'esprit, tout notre effort d'action.
Jaurès,Ét. soc., 1901, p. LXVI. − En partic. Ensemble de déductions, de raisonnements qui aboutissent à donner la réponse juste à un problème donné et, p. méton., la réponse elle-même. Synon. clé.Solution d'une énigme. Le monde entier fut penché pendant des mois sur ce problème obscur à ma connaissance qui ait jamais été proposé à la perspicacité de notre police, qui ait jamais été posé à la conscience de nos juges. La solution de ce problème affolant, chacun la chercha. Ce fut comme un dramatique rébus sur lequel s'acharnèrent la vieille Europe et la jeune Amérique (G. Leroux,Myst. ch. jaune, 1907, p. 3).À la fin du déjeuner, un énorme fromage entamé fait son entrée; chaque convive doit en deviner les trois dimensions, et remettre sa solution aux garçons; il faut qu'une réponse tombe juste pour que la direction paie le champagne et les cigares (Morand,Londres, 1933, p. 262). 2. MATHÉMATIQUES a) Ensemble des opérations à effectuer sur les données d'un problème pour en déterminer la réponse et, p. méton., le résultat de ces opérations. Solution analytique, algébrique, géométrique. [Le boulier] était évidemment insuffisant pour faire un calcul avec une approximation arbitraire donnée, ce qui est le but ultime de la solution mathématique d'un problème (Gds cour. pensée math., 1948, p. 516): 2. Les formules et les principes exposés dans ce paragraphe, donneront la solution complète du problème, dans tous les cas qu'il peut présenter; et cette solution est aussi simple qu'il est possible, puisqu'elle se réduit, dans chaque cas, à résoudre un nombre d'équations du premier degré égal à celui des inconnues qu'on a à déterminer.
Poisson,Mécan., t. 2, 1811, p. 248. − Lang. cour. Résolution d'un problème scolaire de mathématiques. À la fin de chaque phrase, on est content comme d'avoir trouvé la solution d'un problème de robinet ou de courriers (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1905, p. 209).À table, j'apportais un livre; j'apprenais mes verbes grecs, je cherchais la solution d'un problème. Mon père s'irrita, je m'entêtai, et il me laissa faire, écœuré (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 181).V. problème A ex. de Cournot. b) ALG. Chacune des valeurs des inconnues satisfaisant à une équation ou à un système d'équation. Nous savons qu'il existe une série de valeurs de la constante E (...) dites « valeurs propres » pour lesquelles cette équation admet au moins une solution finie, continue, uniforme et nulle aux limites (fonction propre) (L. de Broglie,Théorie quanta, 1959, p. 209).La connexion par analogie entre oscillations électriques et mécaniques, l'application de méthodes d'approximation pour la solution d'équations différentielles non-linéaires, ont permis d'apporter la preuve que l'analyse mathématique a conservé un pouvoir fécondant à l'égard de la mécanique à notre échelle (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 182). B. − Domaine concr. 1. Ensemble des moyens utilisés pour résoudre, surmonter une difficulté, trouver une réponse satisfaisante à un problème concret. Puisqu'il se croyait trop gêné pour payer son entretien sans mon aide, je lui proposai de m'en charger moi-même, et il accepta enfin cette solution par un contrat définitif, en 1838 (Sand,Hist. vie, t. 4, 1855, p. 422).Je n'ai pas une minute d'hésitation. La solution, les Syriens me l'ont tous donnée. Partout j'ai entendu − à grands cris et avec quel accent pressant − le mot décisif: « Donnez-nous des écoles » (Barrès,Cahiers, t. 11, 1914, p. 76). SYNT. Bonne, excellente, mauvaise solution; solution amiable, audacieuse, banale, définitive, élégante, heureuse, idéale, individuelle, paresseuse, radicale, rationnelle, rêvée, simple, universelle; solution d'attente, d'avenir, de bon sens, de compromis, de désespoir, de fortune, du moindre effort, de paresse, de remplacement; chercher, exiger, préconiser, proposer, trouver une solution; une solution s'impose, s'offre, se présente; difficulté, problème qui n'a pas trouvé de solution, resté sans solution. − [Souvent dans une phrase exclam., exprimant un jugement de valeur sur le moyen préconisé] C'est la meilleure, la seule solution; il n'y a pas d'autre solution. À défaut, un interminable train mixte, partant très avant l'aube, l'y déposerait encore à 8 heures et demie du matin... C'est la solution! (Malègue,Augustin, t. 2, 1933, p. 234).Il n'y a pas trente-six solutions pour créer de la diversité; il faut faire confiance aux autres. Laisser les régions s'exprimer, même si ce qu'elles disent paraît subversif ou réactionnaire ou incompréhensible à Paris (Le Monde aujourd'hui, 23-24 févr. 1986, p. vii, col. 6). ♦ Solution de facilité. Ce qui demande le moins d'effort. L'épistémologie se trouve contrainte de répondre d'une manière de plus en plus affinée et souple aux questions posées par la sociologie du savoir, en évitant la sublimation et la dogmatisation d'une situation particulière, en somme, toute solution de facilité (Traité sociol., 1968, p. 135). − En partic. Élément, moyen qui fournit la réponse la plus juste à un problème donné. ♦ Solution (de) + subst.La solution du préau est donc médiocre, mais il convient cependant de l'examiner avec soin s'il n'y a pas, dans l'établissement scolaire, un autre moyen de faire faire des cours pratiques (Mathiot,Éduc. mén., 1957, p. 60).La solution bois exige réflexion. Notons tout de même que les fabricants d'appareils ont fait un gros effort de recherche et de mise au point: on trouve aujourd'hui des chaudières à bois, mixtes ou non, dont la sophistication n'a plus rien à envier aux appareils à gaz ou à fuel (Le Sauvage, mars 1980, p. 64, col. 1). ♦ Solution + adj.Les solutions mécaniques tendent vers de nombreux buts: plus grande puissance, souplesse accrue, consommation réduite, pour ce qui est des moteurs (Tinard,Automob., 1951, p. 372).Le traitement médical a fait les preuves de son efficacité et on lui doit indiscutablement de très nombreuses guérisons. Si l'ulcère n'est pas compliqué il doit toujours être tenté avant d'envisager une solution chirurgicale (Quillet Méd.1965, p. 139). 2. HIST. La solution finale. Projet d'extermination systématique des Juifs par les Nazis pendant la seconde Guerre Mondiale. Il n'existe pas jusqu'alors de plan global d'extermination. Les grandes lignes de ce plan furent arrêtées au cours d'une conférence qui se tint le 20 janvier 1942 près de Berlin, sous la présidence de Reinhard Heyding, adjoint de Himmler. Le procès-verbal précise « La solution finale [Endlösung] du problème juif en Europe sera appliqué à 11 millions de personnes environ » (Encyclop. univ.t. 161973, p. 329). 3. Terminaison, conclusion de quelque chose. a) Vieilli − MÉD. Fin, terminaison d'une maladie. (Dict. xixeet xxes.). − DR. Paiement final servant de libération (Dict. xixeet xxes.). − Cour. Règlement apporté à un problème juridique privé. Il faudrait que vous eussiez la complaisance de venir me voir incontinent, parce que, d'après les termes de nos conventions relatives aux indemnités, je suis obligé d'avoir une solution sur cette affaire le 20 de ce mois (Balzac,Corresp., 1833, p. 361).Je ne compte pas être à Paris cet hiver avant le mois de février. À cette époque, j'aurai la solution de mes affaires, solution qui sera déplorable, mais au moins je saurai à quoi m'en tenir (Flaub.,Corresp., 1878, p. 171). b) Conclusion d'une affaire, issue d'une situation conflictuelle délicate. Solution d'un litige; hâter la solution d'une crise, d'un conflit. S'aimaient-ils toujours, le mariage demeurait-il possible et raisonnable? Cela flottait dans l'étourdissement où la catastrophe les laissait, sans que ni l'un ni l'autre parût impatient de brusquer une solution (Zola,Joie de vivre, 1884, p. 995).Le discours prononcé, hier par Churchill aux Communes est mauvais à ce point de vue. C'est une raison de plus pour hâter la solution de la question du gouvernement à Damas (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 554). REM. 1. Solutionnaire, subst. masc.,pédag. Document pédagogique dans lequel se trouvent les solutions des problèmes et exercices de mathématiques proposés aux élèves. Le bloc comporte enfin un solutionnaire auquel les élèves peuvent se référer pour comparer avec leurs propres solutions et contrôler ainsi si l'objectif visé est ou n'est pas atteint (Liste d'objectifs en mathématiques en seconde et terminale [de l'IREM d'Orléans] ds Éduc.1979). 2. Solutionniste, subst. et adj.(Celui, celle) qui cherche systématiquement une, des solution(s). La clé se dérobait sans cesse, et j'en étais arrivé à cet état d'irritation très spécial que connaissent les solutionnistes: un certain sentiment de ma dignité me faisait prêt à me jurer le problème insoluble (Gracq,Beau tén., 1945, p. 61). Prononc. et Orth. V. solution1. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 soluciun « explication » (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2600); b) déb. xiiies. « ce qui dénoue une difficulté » (Vie du Pape Clément, 1040 ds T.-L.); 2. a) 1314 méd. solution de continuité (Henri de Mondeville, Chir., éd. A. Bos, t. 2, p. 24); b) 1680 au fig. solution de continuité « rupture (entre deux personnes) » (Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 1012); 3. a) 1690 « action de dissoudre une substance dans un liquide » (Fur.); b) 1821 « mélange homogène résultant d'une dissolution » (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 1, p. 253). Empr. au lat.solutio « action de délier, de dissoudre » d'où « action de résoudre une difficulté, un problème ». STAT. − Solution1 et 2. Fréq. abs. littér.: 2 290. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 350, b) 2 056; xxes.: a) 2 756, b) 5 828. BBG. − Blochw.-Runk. 1971, p. 202, 316. − Quem. DDL t. 3, 22, 25 (s.v. solutionniste). |