| SOLUBLE, adj. A. − 1. Qui peut se dissoudre dans un solvant approprié, un liquide ou un corps liquéfié. Synon. rare dissoluble; anton. insoluble.Soluble dans l'ammoniaque, l'éther, l'alcool, l'acide chlorhydrique; soluble à chaud, à froid; peu soluble; partiellement soluble. Le dernier alcali est une base oxygénée, fixe, extrêmement soluble dans l'eau, déliquescente, attirant l'acide carbonique de l'air (Berthelot,Synth. chim., 1876, p. 122).La salive dissout les aliments solubles comme le sucre, ramollit et lubrifie les aliments durs (Camefort, Gama,Sc. nat., 1960, p. 130). − Soluble en.Qui prend une couleur ou une consistance particulière lors de sa mise en solution. L'érythrine donne de l'eau et devient bleue ou verte (...). Soluble en rose dans l'acide chlorhydrique (Lapparent,Minér., 1899, p. 572).[La calamine] avec la solution de cobalt, se colore en bleu et seulement par places en vert. Soluble en gelée dans les acides (Lapparent,Minér., 1899, p. 581). − Empl. subst. [La chaleur] agit comme un dissolvant énergique capable de faire passer la plupart des corps de l'état solide à l'état fluide; comme les autres dissolvants, elle peut en se dissipant abandonner le soluble qui reprend l'état solide (Metzger,Genèse sc. cristaux, 1918, p. 178). 2. CHIM., PHYS. a) Ferment soluble et, p. ell., un soluble. [P. oppos. à ferment figuré] Agent produisant une fermentation. Elles se forment [les granulations] par décomposition, tandis que le ferment figuré ou levure se forme par synthèse, pour se décomposer ensuite en redonnant le ferment soluble (J. Rostand,Genèse vie, 1943, p. 173). b) Anode soluble et, p. ell., une soluble. Anode qui au cours d'une électrolyse est attaquée par l'un des ions de l'électrolyte, le constituant de l'anode devenant un sel soluble. On distingue immédiatement deux procédés: ceux à anodes insolubles, dans lesquelles il s'agit de précipiter le métal contenu dans une solution; ceux à anodes solubles, dans lesquelles il s'agit d'obtenir au pôle négatif (cathode) un métal pur, alors que le pôle positif (anode) est formé par le métal impur (Guillet,Techn. métall., 1944, p. 99). c) Verre soluble. Verre simple qui ne contient qu'un seul silicate nécessairement alcalin qui se dissout immédiatement. Au cours du temps, on a utilisé le chlorure de chaux pour détruire le sulfure de sodium colorant le verre soluble. Notons au passage que la craie, plongée dans une solution de ce verre soluble, puis exposée à l'air, devient aussi dure que le ciment hydraulique et conserve sa cohésion à l'humidité (Cl. Duval, Verre, 1966, p. 41). 3. INDUSTR. ALIM. a) Subst. et adj. (Produit) présenté généralement sous forme de poudre à laquelle il suffit d'ajouter de l'eau ou un autre liquide pour le rendre apte à la consommation. Synon. instantané.Thé, lait, chicorée, cacao soluble. Le café soluble coûte nettement moins cher que le café en grains. 37 % des buveurs de café français n'ont pas résisté à de tels attraits. Les autres continuent à penser que le soluble ne mérite pas le nom de café surtout si on le mélange à de la chicorée (Que choisir?1983, n o181, p. 23). b) Subst. masc. Soluble de poisson. ,,Liquide obtenu par pression lors de la fabrication de la farine de poisson`` (Cabanne Géogr. 1984). 4. Littér. Qui a la propriété de se fondre dans une autre chose, qui est enclin à se mêler, à fusionner avec ce qui l'entoure. De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose (Verlaine,Jadis, 1884, p. 206).Voici le « poisson soluble » qui m'effraye bien encore un peu. Poisson soluble, n'est-ce pas moi le poisson soluble, je suis né sous le signe des poissons et l'homme est soluble dans sa pensée! (Breton,Manif. Surréal., 1erManif., 1924, p. 66). B. − Qui peut être résolu. Synon. résoluble; anton. insoluble.En faisant mes démonstrations il y aura nécessairement un grand nombre de lacunes, soit qu'elles soient impossibles à combler dans l'état actuel de la science, soit que je n'aie pas eu le temps de les aborder bien qu'elles puissent être solubles (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 283).Le problème, techniquement soluble bien que coûteux, nécessite des contrôles stricts et peut poser des problèmes complexes pour les états riverains, dans le cas du rejet dans des fleuves internationaux comme le Rhin (Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p. 214). REM. -soluble, élém. de comp.entrant dans la constr. d'adj. sav. en chim. et biochim.; le 1erélém. désigne le corps ou la substance dans lequel une matière peut être solubilisée.V. acido-soluble (s.v. acido-), hydrosoluble (s.v. hydro-), liposoluble (s.v. lip(o)-) et aussi: Organosoluble. -Qui est soluble dans une substance ou un solvant organique. C'est ainsi, par exemple, qu'un copolymère [macromolécule composée de plusieurs monomères] greffé formé d'une chaîne principale organosoluble et de chaînes hydrosolubles sera à la fois soluble dans les solvants organiques et dans l'eau (Champetier,Chim. macromol., 1957, p. 77). Prononc. et Orth.: [sɔlybl̥]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 fig. « absous (en parlant des péchés) » (Dialogue Grégoire, 255, 15 ds T.-L.) − ca 1270 « libre, relâché (du ventre) » (Pierre d'Abernun, Secré de Secrez, éd. O. A. Beckerlegge, 2004); 2. 1690 « que l'on peut résoudre (d'un problème) » (Fur.); 3. 1741 « que l'on peut dissoudre (d'une substance) » (Col de Villars, Dict. fr.-lat. des termes de méd.: Tartre soluble). Empr. au b. lat.solubilis « qui peut être détruit, dissous » et spéc. « que l'on peut absoudre » chez St Grégoire (v. Blaise Lat. chrét.); les sens du fr. se sont développés parallèlement à ceux de solution*. Fréq. abs. littér.: 51. Bbg. Rothwell (W.). Medical and botanical terminology from Anglo-Norman sources. Z. fr. Spr. Lit. 1976, t. 86, p. 257. |