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SOIT, conj. et adv.
I. − Conjonction
A. − [En corrél., marque une alternative]
1. Soit ... soit
[Entre des subst.] Je défie qu'on me cite soit un acte, soit une propriété, soit un mode quelconque d'existence de l'animal, dont l'analogue ne se retrouve pas chez le végétal (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 110).Une casquette et un abat-jour en taffetas vert à fil d'archal tout crasseux annonçaient soit des précautions prises pour se déguiser, soit une faiblesse d'yeux assez concevable chez un vieillard (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 412).
[Le subst. est représenté par un nominal] Je vérifierai donc soit l'existence de l'effet mécanique, soit celle de l'effet chimique (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 228).
[Entre des adj.] Son école, (...) a fourni (...) des savans, soit géomètres, soit astronomes, soit médecins, à toute la Grèce, et des sages à l'univers (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 13).Ce serait dans un sens ou dans l'autre un simple agrandissement d'un type quelconque, choisi, soit inconscient, soit conscient (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1899, p. 343).
[Entre des adv.] Nos maux viennent de nous en être éloignés [de la sensation actuelle]; il est des moyens de nous en rapprocher, soit directement, soit indirectement (Senancour, Rêveries, 1799, p. 244).Tous les médecins ont d'ailleurs reconnu cette vérité, soit implicitement, soit explicitement (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 298).
[Entre deux compl. circ.] Il n'y a pas un seul lieu, soit au milieu des mers ou au sein des terres, soit dans la zone torride ou dans les zones glaciales, qui n'ait à la fois des vents froids et chauds, secs et humides (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 303).Il y a donc, soit chez celui qui écoute ou lit, soit chez celui qui parle ou écrit, une pensée dans la parole que l'intellectualisme ne soupçonne pas (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 209).
[Entre deux compl. de cause, avec ell. de la prép. et de l'art. devant le subst.] Soit terreur, soit courage, Cosette n'avait pas soufflé (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 551).Soit tempérament, soit indisposition organique, je serais bien étonnée que Madame fût portée sur la chose (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 27).
[Avec absence du second terme de l'alternative] Il aurait dû nous faire parvenir son invitation d'une autre façon, soit en nous écrivant, soit... En ce moment on frappa à la porte (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 485).
2. [Entre deux sub. hyp.] Soit que ... soit que.Le paysage de fantaisie a eu chez nous peu d'enthousiastes, soit qu'il fût un fruit peu français, soit que l'école eût avant tout besoin de se retremper dans les sources purement naturelles (Baudel., Salon, 1846, p. 178):
C'est l'objet de cette Providence particulière qui ne cesse pas d'être incompréhensible, soit qu'elle prédestine les élus; soit qu'elle les dote de dons inégaux; soit qu'elle fasse servir le mal au triomphe du bien; soit que, inébranlable en ses arrêts, elle se laisse néanmoins toucher par la prière et par le mérite de la vertu; soit qu'elle-même attire à soi nos intelligences et nos volontés, dont elle veut concentrer tous les efforts. Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 200.
3. [Les deux termes de l'alternative sont coordonnés par ou]
Soit ... ou.Dans la soirée, M. le grand référendaire rassemble chez lui les pairs: sa lettre, soit négligence ou politique, m'arriva trop tard (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 622).Soit au cours des siècles ou tout récemment (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 17).
Soit que ... ou soit que.Soit qu'il dormît d'un magique sommeil, ou bien soit qu'il eût fantaisie de bouder (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 135).
Soit que ... ou que.Soit qu'elles aillent aux champs ou qu'elles en reviennent (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 80).
[Avec ell. du verbe] Soit que ... ou ...Soit qu'ils aient été ministres ou premiers commis (Chamfort, Max. et pens., 1794, p. 37).Soit qu'il descende des Arabes ou des Syriens (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 105).
Rem. ,,Pour le commun de ceux qui parlent ou écrivent, l'alternance ou/soit (...) sert surtout à varier le tour, et il ne fait point de doute que le français d'aujourd'hui en joue volontiers`` (G. Antoine, La Coord. en fr., Paris, éd. d'Artrey, 1958, p. 1112).
B. − [Empl. seul]
1. [Sert à introduire l'explication de ce qui vient d'être dit] Synon. c'est-à-dire, à savoir.Il se forma ainsi une sorte de radeau sur lequel fut empilée successivement toute la récolte, soit la charge de vingt hommes au moins (Verne, Île myst., 1874, p. 30).Il aurait laissé une fortune de 30.000 pagodes, soit 10.000 livres sterling (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 16).
2. [En tête de phrase, il est la forme lexicalisée du verbe être au subj., présentatif qui expose un énoncé math.] Soit M le point de l'espace occupé à l'instant (...) par ce corps A; soit M' le point de l'espace occupé à l'instant (...) par le corps B (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 105).
Rem. Le distinguo entre le verbe être et la conj. s'est fait progressivement et auj. encore, n'est pas tout à fait précis (v. être11resection, III B 1 et 2).
II. − Adv. d'affirm. [Souvent empl. seul ou en tête de phrase, marque une approbation qui est concédée avec une certaine défiance] Et, sûr de sa découverte, il sortit en répétant à demi-voix et avec son petit sifflement habituel: − Soit! Nous verrons! Nous verrons! (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 28).− Philippe vous l'a dit: je suis fou. − Soit! Mais après? − Je suis millionnaire (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 53).
[Précédé d'un adv. exclam.] Eh bien, soit, à la bonne heure (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 489).
Prononc. et Orth.: [swa]. [swat] devant voy.: soit avec lui, soit avec moi; [swat] en tant qu'adv. affirm. ou concess. (v. Nyrop Phonét. 1951, § 260, mais hésitation entre [swa], [swat] dans ce cas pour Rouss.-Lacl. 1927, p. 171). Homon. soi, soie1, 2, forme du verbe être. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1170 ou soit ... ou soit (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 256); 1174-76 seit ... u (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1637); 1170-80 soit ... soit ... soit (Wace, Roman de Rou, Appendice, éd. A.-J. Holden, 243-244); fin xiies. soit ceu que ... soit ceu que (Sermon St Grégoire sur Ezechiel, 3034 ds T.-L., s.v. estre); 2. 1541 soit que ... ou avec le subj. (Calvin, Institution chrétienne, III, 20, 34, éd. J.-D. Benoit, t. 3, p. 377); 1550 ou soit que ... ou soit que avec le subj. (Ronsard, Odes, I, XVIII, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 155); 1580 soit que ... soit que avec le subj. (Montaigne, Essais, I, XXVI, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 155); 3. 1835 « en supposant » (Ac.). B. xiiies. adv. d'affirm. avec valeur de concession (Jeu Parti, éd. A. Långfors, t. 2, p. 164, 43). Troisième pers. du sing. du subj. prés. du verbe être*. Bbg. Antoine (G.). La Coordination en fr. Paris, 1962, pp. 1104-1113. − Van Hout (G.). La Coordination. Cah. Ling. théor. appl. 1972, t. 9, p. 258.