| SOIR, subst. masc. A. − [Soir en tant que moment particulier de la journée compris dans un espace de temps indivisible] Fin de la journée, annoncée par la tombée du jour et le coucher du soleil; première partie de la nuit. Ô soir, tu viens épandre un délice tranquille, Horizon des sommeils, stupeur des cœurs pieux, Persuasive approche, insidieux reptile (Valéry, Alb. vers anc., 1900, p. 86): 1. Voici la fin du jour, hélas! voici le Soir,
Voici d'immenses flots de glissant désespoir,
Voici des pas, des voix et des âmes sans nombre,
Des cœurs blessés, jaloux, et qui pourraient nous voir.
Noailles, Éblouiss., 1907, p. 100. 1. [Syntagmes liés aux phénomènes phys., géogr., atmosphériques se produisant à ce moment de la journée] − La brise, le brouillard, la brume, la douceur, la fraîcheur, le froid, l'humidité, la pluie du soir. La lune se levait; − le vent du soir faisait craquer les feuilles d'un gros bouquet de houx (Barb. d'Aurev., Memor. pour l'A... B..., 1864, p. 432).Sa robe est claire encore au sentier déjà noir; De légères vapeurs montent dans l'air du soir, Et la forêt s'endort dans les derniers murmures (Samain, Chariot, 1900, p. 216). − L'astre du soir (la lune); les rayons du soir. Ah, Musset! Tu connais ça, dis: Pâle étoile du soir, messagère lointaine Dont le front sort brillant des voiles du couchant... (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 666).Le soleil du soir lançait, à travers les frondaisons, les rais d'une lumière amicale et poignante comme la lumière de nos souvenirs (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 163). − La (les) couleur(s), la lumière, l'obscurité, l'ombre du soir. Si nous récitions nos prières Dans le crépuscule du soir (...) Avant d'allumer les lumières (Nouveau, Valentines, 1886, p. 240). − La beauté, les bruits, la paix, le silence du soir. Le calme du soir s'épandait goutte à goutte, comme un filet d'eau qui tintait sous la mousse... (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1437). − L'heure, la tombée du soir. Les promontoires, à l'occident, s'enveloppaient déjà, à l'approche du soir, de leur écharpe de pourpre (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 37).Le soir tombant. Le soir venu, elle fait un brin de toilette et pique une rose à son corsage (Renard, Journal, 1900, p. 613).Le soir approche, descend. Le soir venait doucement, un de ces soirs calmes et tièdes qui font s'exhaler tous les parfums de la terre (Maupass., Contes et nouv., t. 1, J. Romain, 1886, p. 1297).Le soir tombe, les premières lampes s'allument dans la ville. Mon Dieu! Comme la ville a l'air naturelle (Sartre, Nausée, 1938, p. 201). − Attendre le soir. Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir; il descend; le voici (Baudel., Fl. du Mal, 1861, p. 134). − Absol. [Loc. à valeur de compl. circ. de temps] Le soir, au soir, dès le soir, d'ici au soir; jouer, lire, marcher, parler, partir, se promener le soir. Vers le soir, le vent se réveilla et une fraîcheur délicieuse descendit sur la terre comme un pardon (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 69): 2. Dans le bureau tunisien... Vous arrangerez votre sopha... L'on y demeure parfaitement... Vous y serez joliment tranquille! Ah veinard!... Vous verrez un peu sur le soir! Quel séjour! Quel calme! Le Palais-Royal est à vous absolument tout entier à partir de neuf heures!... Vous serez heureux Ferdinand!
Céline, Mort à crédit, 1936, p. 420. − [Expr. calquée sur le modèle de faire nuit] Faire soir. Les grilles se ferment On rentre Il fait soir (Cendrars, Du monde entier, La Guerre au Luxembourg, 1916, p. 108).Var. Il est soir. Il est soir: la lune s'élance Sur son trône mystérieux (Sainte-Beuve, Vie et pens. J. Delorme, 1829, p. 35). 2. [Syntagmes liés aux activités habituelles des hommes en fin de journée] a) [P. oppos. à matin ou midi ou à des activités propres à ce moment de la journée] Baiser, cloche, coucher, courrier, dîner, office, prière, soupe du soir. L'angélus du soir s'était mis à sonner, interrompant le bruit des bancs qu'on déplaçait (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 43).Nous aimions ces repas du soir où régnait autour de la table une cordialité bruyante (Gracq, Syrtes, 1951, p. 28). − En partic. [P. oppos. à la presse du matin] Presse du soir; journal, quotidien du soir. Publication journalière paraissant le soir ou l'après-midi. Pour les quotidiens parisiens du midi et du soir, l'approvisionnement des marchands est assuré au fur et à mesure du tirage des diverses éditions par des tournées de cyclistes ravitaillés à des points fixes de la capitale par des camionnettes (Civilis. écr., 1939, p. 42-2). − Être du soir. Aimer se coucher tard le soir; être, se sentir en meilleure forme le soir que le matin. Anton. être du matin*. b) [P. oppos. à l'après-midi ou au reste de la journée] Concert, conversation, étude, promenade, sortie, séance du soir; rentrer tard le soir. Jamais il ne sortait le soir, et jamais n'était invité (Montherl., Célibataires, 1934, p. 762).Parfois deux ou trois des enfants avaient dû passer la journée à Paris. Ils rentraient par le train du soir (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 120). − En partic. ♦ Cours du soir. Cours dispensés aux adultes après la journée de travail. Les cours pour adultes, connus le plus souvent sous le nom de cours du soir, ont pour but de mettre à la disposition de ceux qui le désirent un enseignement complétant celui reçu à l'école (Becquet, Organ. loisirs travaill., 1939, p. 45). ♦ Toilette, robe, costume, sac du soir. Toilette, vêtement ou accessoire, généralement habillé que l'on porte pour les sorties du soir. Une grosse mémère, en robe du soir outrageusement décolletée, attaquait avec une grâce d'éléphant au piano le fameux et ridicule et attendrissant refrain: I am a sailorman!... (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 234).Coiffure du soir. Coiffure apprêtée accompagnant généralement la tenue de soirée. Pour les coiffures du soir, le lien de ce ruban servait à attacher les aigrettes ou les plumes (Stéphane, Art coiff. fém., 1932, p. 141).Empl. adj. Plus élégant encore est [le tablier] « Je sers moi-même. » Il rendra très « soir » votre robe longue, toute simple, car il est long, en taffetas vert pâle, changeant (L'Œuvre, 21 avr. 1941). ♦ PÊCHE. Coup du soir. Moment propice pour la pêche à la mouche. (Ds Lar. encyclop.). B. − [Soir en tant qu'expr. d'une certaine durée] Dernière partie de la journée, succédant à l'après-midi et précédant le matin (en principe de seize ou dix-sept heures à minuit). 1. [Avec une indication plus ou moins précise] a) [des heures] À, vers cinq heures, sept heures, neuf heures du soir; le soir à sept (neuf, onze) heures. Il sonnait onze heures du soir au campanile de Saint-Marc, lorsque j'abordai à Venise (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 145).La journée de travail, qui commence, il est vrai, de très bonne heure, presque à la pointe du jour, finit le soir à quatre heures (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 17). b) [des jours de la semaine] − Lundi, mardi, mercredi (au) soir. Les longs dimanches soir, toutes ces existences Réduites à songer si tristement, là-bas (Rodenbach, Règne sil., 1891, p. 139). c) [d'un jour repère] − Avant-hier (au) soir. J'irai vous porter ma réponse demain au soir, chez vous (Pagnol, Fanny, 1932, i, 2etabl., 4, p. 85).Hier soir, à minuit, on sonne chez moi (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 79). − L'avant-veille au soir. Brignolles avait quitté Paris la veille au soir pour le midi (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 65). − Le surlendemain (au) soir. Mon rival vint le lendemain au soir (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 128). d) [d'une date: jour, mois de l'année] Le 12 au soir, le 3 février au soir; le soir du 3 février. 26 au soir: Le coucher du soleil a été très remarquable (Chênedollé, Journal, 1833, p. 176).Le soir du 4 septembre, à six heures, (...) Joffre décidait l'offensive générale, la bataille de la Marne (Barrès, Cahiers, t. 11, 1918, p. 325).C'était un soir admirable de mai, un soir d'universel baiser, et les oiseaux, partout en amour, ne pouvaient plus se taire sur le bord de leurs nids (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 59). e) [d'une saison] Un soir d'automne. Les soirs d'hiver, les soirs de feux et de légendes, les lueurs mourantes ou ranimées ébauchent au fond de l'ombre de fuyantes apparitions (Faure, Hist. art, 1909, p. 29): 3. Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue:
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Rimbaud, Poés., 1871, p. 39. f) [Le mot soir indique un soir particulier précisé par le cont.] − Pour ce soir, ce soir-là, le même soir. − Vous voilà, mon ami! Que faites-vous ce soir? − Cela peut-il se demander? Je vais à l'Odéon (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 135).Un rendez-vous assigné de la sorte (...) n'était certainement pas pour le lendemain; c'était pour le soir même (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 72).Avant, dès, jusqu'à ce soir. La révolution semblait là, inévitable. Elle était pour ce soir, pour demain (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 291).Le premier, le dernier soir; le soir de, le soir que. Chaque jeudi et chaque dimanche, je vins demander des nouvelles d'Yvonne de Galais jusqu'au soir où, convalescente enfin, elle me fit prier d'entrer (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 298). − Un soir avant, après dîner; le (un) soir avec. Ne viens pas mercredi. Je suis invité le soir chez la princesse Mathilde (Flaub., Corresp., 1863, p. 75): 4. Du temps que j'étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s'asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Musset, Nuit déc., 1835, p. 91. − À ce soir. [Formule empl. dans la journée lorsque l'on doit retrouver une pers. le soir même] − Adieu, lui dit-il, à ce soir! − À ce soir! répéta-t-il. Et il sauta lestement en selle (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 439). − Région. (Canada). À soir. Ce soir. V. à matin*.Le Survenant va nous chanter une chanson. − Ah! non. J'ai pas ça dans le gosier, à soir (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 129). Rem. Dans les empl. b et e la prép. est obligatoire dans le 12 au soir, le 3 février au soir, la veille, l'avant-veille au soir; elle est rare, voire impossible dans les cas suiv.: Lundi soir, demain soir, après-demain soir, avant-hier soir, le lendemain soir, le surlendemain soir. Seuls hier soir/hier au soir s'emploient indifféremment. Lorsqu'il y a ell. de au après un jour de la semaine (tournure dir.) le mot soir peut s'accorder ou non: les dimanches soir(s), les lundis soir(s) (supra ex. de Rodenbach). 2. [Sans indication précise dans le temps] (Par) un beau soir, certains soirs, un prochain soir, un de ces prochains soirs; c'était un soir. L'autre soir, Catherine et moi nous amusions à nous demander dans la peau de qui elle et moi pouvions souhaiter vivre (Gide, Journal, 1946, p. 298).Viens donc dîner un de ces soirs à la maison, on ne se voit plus jamais (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 294). 3. [Suivi ou accompagné d'un déterminatif (subst., adj.) précisant] a) [la nature du soir considéré (conditions climatiques, ambiance affective)] − Un soir de brouillard, de canicule, de gel, d'orage, de pluie, de (grand) vent. Le soir était revenu, un soir de dégel au ciel livide chargé de gros nuages (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 93). − Un soir de lune, de pleine lune. C'était un soir sans lune, un soir sans étoiles, un de ces soirs brumeux où l'air semble gras d'humidité (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 219). − Un céleste, doux, féerique, joli, long soir. À peine ils ont goûté la paix de leur séjour, La fraîcheur d'un beau soir, ou l'aube d'un beau jour (Delille, Homme des champs, 1800, p. 126). − Un soir blanc, bleu, brumeux, calme, chaud, clair, diaphane, doux, étoilé, frais, glacé, humide, livide, lourd, neigeux, pâle, tiède. J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs, Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs (...) Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu (Hugo, Feuilles automne, 1831, p. 785). − Un soir couleur de feu. C'est un beau soir couleur de rose et d'ambre clair (Samain, Chariot, 1900, p. 77). − Un soir d'ivresse, de larmes, de mystère, de plaisir. Chaque rêve, les soirs de rêve, qu'on formule A l'air de s'évader de nous languissamment (...) Portant la part d'azur au fond de nous dormant (Rodenbach, Règne sil., 1891, p. 19). − Un soir charmant, divin, étrange, joyeux, mélancolique, nostalgique, tendre: 5. C'est un soir tendre comme un visage de femme.
Un soir étrange, éclos sur l'hiver âpre et dur,
Dont la suavité, flottante au clair-obscur,
Tombe en charpie exquise aux blessures de l'âme.
Samain, Chariot, 1900, p. 39. b) [un événement particulier] Le soir de mon arrivée, du bal, de la bataille, des fiançailles, du mariage, de ses noces; un soir de fête, de Noël. Ce fut le soir du mariage à l'église que le comte Muffat se présenta dans la chambre de sa femme, où il n'était pas entré depuis deux ans (Zola, Nana, 1880, p. 1430).Un soir de gala, tout le monde est obligé, dit-elle, d'avoir une rose à la boutonnière (Renard, Journal, 1900, p. 592). − HIST., POL. Le Grand Soir. Révolution, bouleversement social dans le vocabulaire des milieux anarchistes ou extrémistes. En Russie, la révolution d'Octobre 1917, avait (...) « ébranlé le monde ». Le fameux « Grand Soir », qui berçait les illusions des ouvriers parisiens, avait réellement eu lieu (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p. 71). − P. anal., littér. [P. réf. à soir marquant la fin de la journée] ♦ Soir de l'année. Fin de l'année. Partout c'était le dépouillement et l'ensevelissement de l'automne, le commencement de la saison sombre et du soir de l'année (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p. 294). ♦ Soir de la vie, des ans, des jours. Déclin, vieillesse. Anton. matin* de la vie, jeunesse.Jusqu'au dernier soir de la vie, la tige de l'espérance est encore verte: la fleur du repentir y peut éclore (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 147).Il vaut mieux dès lors, comme Dodgson [Lewis Carroll] l'a fait au soir de sa vie, se cloîtrer dans sa chambre et ne plus voir personne (L. Carroll, Logique sans peine, Paris, Hermann, introd. de Jean Gattegno, 1966, p. 42): 6. On n'atteint sans ennui le soir de la journée qu'en s'imposant un travail quelconque, fût-il vain du reste. Je m'avancerai vers le soir de la vie, trompé, si je puis, et soutenu par l'espoir d'ajouter à ces moyens qui furent donnés à l'homme.
Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 158. c) [un lieu] Un soir à Paris, à la maison, au bureau, à l'opéra, au théâtre. Ce soir à la Scala, à dix heures trois quarts à l'horloge du théâtre, nous renverrons tout le monde de notre loge (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 85).Je suis arrivé hier soir à Paris et je pense que nous vous verrons bientôt (Nizan, Conspir., 1938, p. 74). 4. [Dans des loc. marquant] a) [une durée continue] Du matin (jusqu') au soir, du soir (jusqu') au matin. V. matin B 2 a. b) [la périodicité] Bien des soirs, tous les soirs, midi et soir, tous les samedis soir(s). On passe ce bouillon ainsi enrichi, et on peut en prendre matin et soir, ou plutôt le matin seulement (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 343).Il avait l'habitude, chaque soir avant de s'endormir, de se remémorer ses paroles et ses actions de la journée écoulée, et de les juger (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 84).Elle dénoua donc sa chevelure et se chercha dans le miroir, comme elle faisait soir et matin, comme elle faisait cent fois le jour, comme elle n'avait pas cessé de faire depuis le commencement du monde (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 292). − Le soir. [Avec une valeur de compl. circ.] Chaque soir. Celui qui besogne sans trêve et ne connaît point d'heure (...) qui part le matin et rentre le soir, dînant à midi sur le chantier; dont la femme va aussi dehors, ou, restant à la maison, a besoin d'être partout (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 237). c) Souhaiter le bon soir (à qqn). [Formule de politesse s'adressant à une pers. que l'on rencontre le soir] V. bonsoir.Stéphany, entre un fusil sous le bras; il le pose dans le fond de la chambre: Bon soir, petite cousine. Cœlina: Bon soir, Stéphany (Guilbert de Pixer., Cœlina, 1801, i, 2, p. 5). REM. 1. Soireux, subst. masc.,vieilli, souvent péj. a) Élégant, viveur fréquentant les soirées mondaines, les théâtres, les cabarets. (C'était), comme on disait, les soireux, les cercleux, les péripatéticiennes et les dégrafées qui hantaient Maxime's (Fargue, Refuges, 1942, p. 46 ds Rheims 1969).b) Synon. péj. de soiriste (infra).C'en était une [vengeance] que de commander aux trois ou quatre soireux qui vont prendre le mot d'ordre chez elle [Colette] des chroniques où on laissait entendre que j'avais lu la pièce à quelques artistes qui m'avaient déconseillé de la présenter (Bourget, Physiol. amour mod., 1890, p. 305). 2. Soiriste, subst. masc.,vieilli. Chroniqueur chargé plus particulièrement de relater les soirées mondaines, théâtrales. Synon. courriériste.Indépendamment de la loge de Fauchéry, il y a (...) une baignoire pour son soiriste (P. Mahalin dsBruant1901, p. 285). Prononc. et Orth.: [swa:ʀ]. Homon. seoir. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. ser « dernières heures de la journée » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 425); ca 1160 al seir (Eneas, 685 ds T.-L.); 1553 jusqu'au soir (Ronsard, De Folatries ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 5, p. 24, vers 65); id. un soir (Id., ibid., p. 47, vers 1); 1554 ce soir (Id., Le Bocage, t. 6, p. 105, vers 13); 1748 un beau soir (Diderot, Les Bijoux indiscrets, p. 112); 1762 un de ces soirs (Id., Lettres à Sophie Volland, p. 207); 1827 journal du soir (Delécluze, Journal, p. 447); 2. 1550 « première moitié de la nuit » (Ronsard, Odes, t. 1, p. 240, vers 37); 3. 1552 littér. « la vieillesse » (Id., Les Amours, t. 4, p. 22, vers 3); 4. 1636 « l'Occident » (Monet); 5. 1690 « seconde partie de l'après-midi » (Fur.). B. 1100 her seir (Roland, éd. J. Bédier, 2745). Du lat. sērō
« tard », tiré de serus « tardif ». Fréq. abs. littér.: 38 197. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 39 827, b) 69 041; xxes.: a) 66 665, b) 51 375. Bbg. Bellenger (Y.). La Journée et ses moments ds la poésie fr. du 16es. Lille-Paris, 1975, pp. 34-35; Dix ét. sur le 16eet le 17es. Paris, 1982, pp. 45-48. − Dubois (J.). Représentation de syst. paradigm. formalisés dans un dict. struct. Cah. Lexicol. 1964, n o5, pp. 3-15. − Gilliéron (J.). Pathol. et thérap. verbales. Genève-Paris, 1977, pp. 8-10. − Petrovic (N.). Qq. aspects du processus de grammaticalisation. R. Lang. rom. 1980, t. 84, pp. 32-34. − Quem. DDL t. 25 (s.v. soireux). |