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SOIGNÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de soigner*.
II. − Adjectif
A. − [En parlant de l'action de soigner, d'apporter des soins]
1. [En parlant d'une pers.] Que l'on soigne moralement et physiquement, à qui l'on apporte des soins. Pareils à tous les enfants bien soignés du peuple ou de la petite bourgeoisie, et tels que nous fûmes jadis, pourquoi leur défilé en rangs serrés et deux à deux me paraissait-il étrange? (Barrès, Cahiers, t. 7, 1909, p. 314):
Lorsqu'une société économique d'Occident n'a plus pu faire accepter comme une conséquence inévitable des lois naturelles la misère des travailleurs et des chômeurs, l'abandon de vieillards, de femmes, d'enfants mal nourris et mal soignés, elle a usé de la distinction entre l'économique et le social... Univers écon. et soc., 1960, p. 405.
2. [En parlant d'un animal] Que l'on maintient en bonne forme physique. Par la comparaison du profit que rend une bête bien logée, bien pansée, avec le maigre rapport d'un bétail mal soigné, je fis insensiblement changer le régime des bestiaux de la commune (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 46).
3. [En parlant d'une chose]
a) Que l'on entretient, à qui l'on donne un aspect net, propre. Les dimanches et jours de fête, Sauviat portait une redingote de drap marron si bien soignée, qu'il ne la renouvela que deux fois en vingt ans (Balzac, Curé vill., 1839, p. 7).Une pelouse unie est indispensable. Soignée amoureusement par des spécialistes, elle doit être l'objet d'une grande attention (Jeux et sports, 1967, p. 1610).
b) Qui est fait avec beaucoup de soin. Toutes celles [les cartes] que j'ai pu trouver sont pleines de fautes; quoique dans les modernes il y en ait de bien soignées pour l'exécution, et qui marquent avec beaucoup d'exactitude la position de plusieurs lieux (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 66).
4. À qui l'on donne des soins médicaux. Est-ce qu'ils n'étaient pas très heureux? Des gens logés, chauffés, soignés aux frais de la compagnie! (Zola, Germinal, 1885, p. 1313).
[En parlant d'une affection] Que l'on a traité. Une bronchite mal soignée (...) peut s'étendre et, gagnant les alvéoles, aboutir à une broncho-pneumonie (Cadet de Gassicourt, Mal. enf., 1880, p. 124).
B. − [En parlant de l'aspect, de la présentation de qqn, de qqc.]
1. [En parlant d'une pers.] Qui présente un aspect net, propre, avenant. Air soigné; personne pas très soignée. Un midi, arriva dans le bureau des rapatriés, une petite vieille dame à lorgnons, de mise très modeste, mais très soignée (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 357).Mal attifée, peu soignée, je ne savais pas faire la révérence aux vieilles dames, je ne mesurais pas mes gestes ni mes rires (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 253).
[En parlant d'une partie du corps] Cheveux, ongles soignés. Ses mains soignées, ses gestes parfaits, sa diction tour à tour familière et grave attestaient une habitude de la haute vie (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 105).C'était une belle personne à la chevelure blonde et soignée, assez grande et bien en chair (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 143).
2. [En parlant d'une chose, d'un lieu]
a) Qui est net, propre, bien entretenu. Ville soignée; jardin, local, quartier soigné; chaussures soignées. Le poète n'osa pas ajouter un mot et se retira gravement, redescendant les six étages, où son costume soigné, sa frisure, faisaient une tache singulière (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 302).La boutique, une construction de fortes planches, soignée et coquette, est tournée de façon qu'on aperçoive l'étalage au fond (Zola, Enf. roi, 1902, ii, p. 515).
b) Qui a été exécuté avec soin, minutie, exactitude. Travail, analyse soigné(e); cuisine soignée; meuble, décoration soigné(e). Comme ils s'invitent les uns les autres, selon la coutume, à l'époque des grands travaux, et se rendent des politesses, la chère est abondante et soignée (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 63).La longueur du devoir sera évidemment réglée selon le temps dont l'élève disposera pour le faire, recopie soignée comprise (Encyclop. éduc., 1960, p. 104).
3. Raffiné, recherché. Cette dame aimait beaucoup le style soigné, et ce fut pour lui plaire qu'il mit tant de soin à composer ses Synodes (Chamfort, Caract. et anecd., 1794, p. 164).Les Chinois ne sont-ils pas arrivés à leur culture très soignée par la dévastation? (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 192).
4. Empl. subst. masc. Recherche, minutie dans une œuvre d'art, d'artisanat. Il m'a donné Strabon à feuilleter: c'était l'édition qu'il avait fait faire; il en vantait le soigné et le fini (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 117).Le spectacle fut une véritable réussite par son unité, le soigné de son exécution (Stravinski, Chron. vie, 1931, p. 167).
Pop., fam., vieilli
Dans le soigné. Ce qu'il y a de mieux. J'aurai là [pour applaudir] de bons amis (...) et au seul nom de Lauricot, on vous fera un bouquet dans le soigné, c'est moi qui vous le dis (Raban, Myst. Palais-Royal, t. 1, 1845, p. 69).
Du soigné. Du meilleur, du délicat. C'est là du fin, du soigné, de l'élégant, quoique cependant il suffise d'entrer dans le magasin pour être convaincu que tout n'a pas été sacrifié à l'enseigne (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1826, p. 183).Florimont: (...) si je trouvais une femme comme il faut (...). Aromate: Tu l'épouserais? Florimont: Sur-le-champ (...). Aromate: (...) J'ai ton affaire, et du soigné, du distingué (Dumas père, Noce et enterrement, 1826, 1ertabl., 5, p. 82).
C. − Au fig., pop., fam., plais.
1. Qui est très réussi dans son genre, qui a de la classe. Mes courses pour t'avoir des articles n'ont fini qu'avant-hier. Si l'on me tient parole, tu auras une soignée presse (Flaub., Corresp., 1879, p. 270).La suite imaginative de cela, chez moi (...), ça devient illico un bombardement de Londres soigné (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1894, p. 216).
2. Quelque chose de soigné. Qui dépasse les attentes et, p. antiphr., qui ne peut être pire. Ça va être encore quelque chose de soigné comme professeur, ce Rabastens! (Colette, Cl. école, 1900, p. 75).Mon vieux, tu parles d'un bombardement qu'ils ont balancé. Quelque chose de soigné comme décoction! (Barbusse, Feu, 1916, p. 12).
3. Qui est très fort, très important. Synon. pop., fam. gratiné.Addition soignée. Aussi quand La Queue apprit que ce gueux de Delphin (...) se permettait de rôder autour de sa fille, allongea-t-il deux claques soignées à Margot (Zola, Cap. Burle, 1883, p. 238).Je lui administrai, d'une voix de stentor, une engueulade soignée (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 173).
Prononc.: [swaɳe]. Étymol. et Hist. 1. a) 1751 éducation soignée (Duclos, Considérations sur les mœurs, p. 60); b) 1830 « qui prend soin de sa personne » (Stendhal, Rouge et Noir, p. 370); 2. 1764 « dont on a pris soin » (Poinsinet, Le Cercle, p. 21); 3. 1830 pop. « fort » (Barricades de 1830, p. 29 ds Quem. DDL t. 19). Part. passé de soigner* (déjà att., sans indication de sens, ds Fur. 1690, comme part. passé et adj.). Fréq. abs. littér.: 1 016. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 270, b) 1 333; xxes.: a) 1 682, b) 1 510. Bbg. Quem. DDL t. 19.