| SOBRIÉTÉ, subst. fém. A. − Tempérance dans le boire et le manger. Synon. frugalité.Sobriété exemplaire, monacale; sobriété castillane, écossaise, spartiate. Le régime hivernal est sévère. Les repas de claustration rigoureuse alternent avec les jeûnes de la solitude (...). Aussi, est-ce un lait avare qu'elles versent aux flancs des mères, un lait dur que sucent les nourrissons. De là sans doute la sobriété proverbiale de l'isard (Pesquidoux,Chez nous, 1921, p. 34).D'une grande sobriété et d'une grande tempérance, il ne choisit jamais ses mets, mange indifféremment ce qu'on lui présente (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p. 22). − En partic. Fait de ne pas boire ou de boire peu de boissons alcoolisées. Anton. intempérance, ivrognerie.Régime de sobriété; pratiquer la sobriété. Dès que l'eau-de-vie, forte et poivrée, lui eut touché le palais et la langue, réveillant plus vive, après cette longue sobriété, la sensation aimée et désirée de l'alcool qui caresse, et pique, et aromatise, et brûle la bouche, il comprit qu'il boirait la bouteille (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, 25 francs, 1888, p. 254).Lui, l'homme dont on raillait la sobriété, il but, presque d'un trait, sans attendre que le sucre fût fondu, un grand verre d'absinthe (Benoit,Atlant., 1919, p. 25). ♦ En compos. Santé-sobriété. [Slogan publicitaire de la Prévention routière] (Ds Info santé, 1978, n o16). B. − Modération, mesure, discrétion. Anton. enflure, exagération, ostentation.Sobriété des gestes, du vêtement; sobriété de l'esprit, de la parole, des sentiments; admirable, élégante sobriété. Le marquis se plut à cette causerie par écrit, qui résumait avec sobriété, et sans les digressions de la parole, les points essentiels (Sand,Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 78).[L'âme] de Christophe avait déjà commencé (...) de prendre à l'art latin une sobriété, une clarté de cœur, et même, dans une certaine mesure, une beauté plastique, qu'elle n'aurait pas eues sans cela (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p. 775). − Dans le domaine de l'art.Sobriété des coloris, de la décoration, de l'écriture, du style; sobriété classique. Les gens qui aiment le bon goût et la sobriété en architecture doivent trouver l'Escurial quelque chose de parfait, car la seule ligne employée est la ligne droite (Gautier,Tra los montes, 1843, p. 12).La grandeur de Pelléas se cache sous l'exacte mesure, et la sobriété voile la puissance. On n'a jamais moins cherché l'effet (Suarès,Debussy, 1936, p. 26).V. litote B ex. de Thibaudet. Prononc. et Orth.: [sɔbʀijete]. Ac. 1694, 1718: sobrieté; dep. 1762: -brié-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1223 « fait de manger, de boire avec modération » (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 2 Mir. 10, 398, t. 3, p. 475); 2. xves. [date des plus récents mss cités] « modération, mesure » (Brunet Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 172, interpolation: sobrieté: c'est poi ne trop); 1563 sobriété de la parole (Bonivard, Advis et devis des lengues, p. 67 ds Littré). Empr. au lat.sobrietas « tempérance dans l'usage du vin; sobriété; prudence »; cf. le m. fr. sobreté (xives. Apocal. Ars. 5214 ds Gdf.); dér. de sobre*; suff. -eté*. Fréq. abs. littér.: 197. |