| SIONISME, subst. masc. Mouvement politique et religieux né de la nostalgie de Sion, permanente dans les consciences juives depuis l'exil et la dispersion, provoqué au xixes. par l'antisémitisme russe et polonais, activé par l'affaire Dreyfus, et qui, visant à l'instauration d'un Foyer national juif sur la terre ancestrale, aboutit en 1948 à la création de l'État d'Israël. Sionisme religieux, socialiste. Il est (...) plus d'une sorte de sionisme: sionisme sentimental et philanthropique, sionisme « culturel », sionisme politique, d'accord seulement sur la renaissance de l'« ethnos » d'Israël et sur ses possibilités d'avenir (Weill, Judaïsme, 1931, p. 68).Ce petit livre [l'État juif] est comme le faire-part de naissance du sionisme politique, celui pour lequel Herzl luttera sans trêve, pendant les huit années qui lui restent à vivre (R. Neher-Bernheim, Hist. juive de la Renaissance à nos jours, Paris, Durlacher, t. 2, 1965, p. 372).REM. 1. Antisionisme, subst. masc.L'antisémitisme est l'expression consacrée pour désigner exclusivement la haine des juifs à travers les siècles. Les années 60 ont forgé un autre mot pour désigner une forme déguisée de cette haine gratuite: l'antisionisme (L'Arche, oct. 1986, p. 66, col. 1). 2. Antisioniste, adj. et subst.Comité soviétique antisioniste (Agence télégraphique juive, 10 oct. 1986, p. 2, col. 2-3). Prononc. et Orth.: [sjɔnism̭]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. [1886 (d'apr. Rob., s. réf.)] 1897 (Drumont ds La Croix, Suppl., n o4405, 31 août, p. 1 c: la question du Sionisme ou le rétablissement d'un État juif); 1898 (Le Figaro, 10 juin ds Studier i modern Språkvetenskap, t. 1, 1898, p. 19: rabbin Mohilever, le fondateur du sionisme); ca 1899 (Gde Encyclop. t. 25, p. 871a). Empr. à l'all.Zionismus, mot créé par l'écrivain Nathan Birnbaum (1864-1937, pseudonyme: Mathias Acher) en 1886 dans sa revue Selbstemancipation (Klein Etymol., s.v. Zionism et Lexikon des Judentums, s.v. Zionismus); dér., au moyen du suff. -ismus (-isme*), de Zion « Sion, nom d'une des collines de Jérusalem, puis, p. ext., de la ville elle-même » (hébr. biblique Tsiyyōn). DÉR. Sioniste, adj. et subst.a) Adj. Qui est relatif, qui est propre au sionisme. Mouvement, programme sioniste; congrès, exécutif sioniste. L'idée sioniste a ses lointaines origines dans les antiques prophéties messianiques (Ezéchiel, Isaïe II, etc.) qui associaient à l'espoir du retour à Sion des tribus dispersées, la vision de la paix universelle (E. Fleg, Anthologie juive, Paris, Flammarion, 1951, p. 639).L'organisation sioniste mondiale a été fondée à Bâle en 1897 sous l'impulsion directe de Theodor Herzl (Meynaud, Groupes pression Fr., 1958, p. 334).b) Adj. et subst. (Celui) qui adhère à ce mouvement. Délégué, dirigeant sioniste; penseur sioniste. Le premier geste des sionistes sur la terre des ancêtres fut d'attester par un symbole cette résurrection de l'esprit et de la langue juive. Là-haut, sur le Mont des Oliviers (...), ils ont posé douze pierres − autant que de tribus d'Israël − les douze pierres de fondation de l'université hébraïque (Tharaud, An prochain, 1924, p. 232).Il y a des pays sur lesquels on a une foule d'opinions avant d'y avoir mis les pieds; et qui, les pieds mis, vous désarçonnent et chamboulent vos a priori. C'est ce qui s'est passé entre Israël et moi qui ne suis pas juive, et pour qui le mot sioniste rimait avec expansionniste (Femme pratique, mars 1980, n o199, p. 4).− [sjɔnist]. Att. ds Ac. 1935. − 1resattest. [1886 (d'apr. Rob., s. réf.)] 1898 subst. (C. Wahlund ds Studier i modern Språkvetenskap, t. 1, 1898, p. 19: en 1897 a eu lieu, à Bâle, un Congrès des sionistes); 1898 adj. et subst. (La Libre Parole, 31 août ds Hist. de France à travers les journaux du temps passé, La Belle époque, 1898-1914, éd. A. Rossel, p. 35: le deuxième congrès sioniste [...] les sionistes); de sionisme par substitution de suff. (-iste*), cf. l'angl. Zionist (1896 ds NED). − Fréq. abs. littér.: 13. |