| SIMULER, verbe trans. A. − [Avec idée de tromperie] 1. DR. CIVIL. Déguiser un acte sous l'apparence d'un autre. Simuler une vente, une donation (Ac.). 2. [Le suj. désigne un animé] a) Essayer de tromper autrui en imitant l'apparence d'une chose réelle.
α) [Le compl. désigne un acte, une intention] Faire semblant de. Synon. contrefaire, feindre.Simuler un départ. Pour disputer la possession d'un fonds, il simulera un combat (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 100).Si vous aimez tant les diamants, j'en ai de bien plus beaux, dessous. Et il simulait de se défaire, ce qui mit les curieuses en fuite (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 90).
β) [Le compl. désigne un état affectif, un sentiment] Synon. affecter, feindre.Simuler l'amour, la froideur, la tristesse. Un homme de cette sorte, quand il en a l'habitude peut simuler la plupart des sentiments sans y rien mettre de sincère, à la façon d'un acteur qui joue son rôle et fait passer des frissons dans notre moelle, cependant que lui-même pense à la boucle de son pantalon (Barrès, Cahiers, t. 2, 1899, p. 143).Il est si difficile de simuler la colère sans l'éprouver quelque peu (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 140). − Empl. abs. Le courtisan du jésuite aragonais s'installe (...) résolument dans la peau de son apparence. L'art de sembler glisse dans l'art de simuler (...) l'homme secret et discret ne fait pas que sembler, il fait semblant! (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 14). b) En partic. Imiter un état physique, une maladie que l'on n'a pas, pour se soustraire à une obligation désagréable ou pour en tirer avantage. Synon. contrefaire, feindre, jouer.Simuler la fatigue, une infirmité, un mal de tête; simuler d'être malade. [Duroy] était tellement ému qu'il eut l'idée un moment de simuler une indisposition subite qui lui permettrait de s'en aller (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 134).L'enfant bien portant peut simuler la maladie par intérêt (ne pas aller en classe, attirer l'attention et l'affection, etc.) (Lafon1969). − Empl. abs. Un vieil enfant endolori, qui force un peu son mal et simule afin de sécher le collège (Arnoux, Double chance, 1958, p. 214). B. − [Sans idée de tromperie] 1. Reproduire artificiellement une situation réelle à des fins de démonstration ou d'explication. Synon. représenter.Pour vérifier l'état de leur matériel, les pompiers ont simulé un incendie (Lar. Lang. fr.). − TECHNOL. Représenter artificiellement le fonctionnement réel d'un appareil, d'une machine, d'un système, d'un phénomène à l'aide d'une maquette ou d'un programme informatique. (Dict. xxes.). 2. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Offrir, avoir l'apparence de. Synon. imiter, représenter, ressembler à, sembler.Une coiffure emplumée simulant un nid plein d'oiseaux (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1185).L'inscrustation de deux poiriers enlacés simule une enseigne tout à fait ornementale (Proust, Temps retr., 1922, p. 713). Prononc. et Orth.: [simyle], (il) simule [-myl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1330 « faire apparaître comme réelle une chose qui ne l'est pas » simuler que boisteus soient (Guillaume de Digulleville, Pelerinage vie hum., 9958 ds T.-L.); d'où 1558 simulé part. passé adj. « feint, apparent » Iucundité ... non simulée (Rabelais, Epistre du Lymosin ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 276); b) av. 1679 dr. simulé « id. » « que l'on feint pour cacher sa véritable intention » (Retz, Mém., t. II, liv. III, p. 164 ds Pougens ds Littré); 1762 simuler une vente, une donation (Ac.); 2. 1819 « (d'une chose) offrir l'apparence de » le râle ... simule le roulement d'un tambour (Laennec, Auscult., t. 2, p. 8); 3. a) 1842 « faire le simulacre de » on simulait une petite guerre (Reybaud, J. Paturot, p. 181); b) 1964 « représenter artificiellement un fonctionnement réel » un mécanisme électronique ... simule le comportement de réflexe conditionné (Couffignal, Mach. penser, p. 125). Empr. au lat. class.simulare « rendre semblable; feindre », dér. de similis « semblable, pareil ». Fréq. abs. littér.: 286. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 163, b) 428; xxes.: a) 762, b) 386. Bbg. Gohin 1903, p. 318, 324. |