| SIMULATION, subst. fém. Action de simuler; résultat de cette action. A. − [Avec idée de tromperie] 1. DR. CIVIL. [Corresp. à simuler A 1] ,,Fait de créer contre les tiers une fausse apparence dans la conclusion d'un contrat`` (Barr. 1967). Simulation frauduleuse; simulation d'une reconnaissance de dette. La simulation de souscriptions et de versements non effectués, grâce aux comptes ouverts à Sabatani et aux autres hommes de paille, lesquels payaient seulement par des jeux d'écriture (Zola,Argent, 1891, p. 410). 2. a) [Corresp. à simuler A 2 a] C'est la simulation qui permet à un Balzac de faire parler La Comédie humaine, à un poète de nous donner tous les chants de l'âme, à un comédien de jouer tous les gestes (Barrès,Cahiers, t. 3, 1903, p. 130).Suprêmement sensible à l'hypocrisie, il flaire à cent lieues, dans l'espace social, la simulation et la dissimulation (Valéry,Variété II, 1929, p. 107). b) En partic. [Corresp. à simuler A 2 b] Synon. contrefaçon, feinte.Depuis trois jours, Victor s'était fait mettre à l'infirmerie, en alléguant des douleurs de tête insupportables. Le médecin avait bien flairé une simulation de paresseux; mais l'enfant était réellement ravagé par des névralgies fréquentes (Zola,Argent, 1891, p. 392).Elle s'alita un jour et réclama le médecin (...) le plus jeune des deux enfants s'entêtait à ne voir là qu'une nouvelle comédie, une simulation plus raffinée (Camus,Env. et endr., 1937, p. 53). − MÉD. LÉGALE. ,,Fraude consciente et raisonnée qui consiste à provoquer, à imiter ou à exagérer des troubles morbides subjectifs ou objectifs dans un but intéressé`` (Méd. Biol. t. 3 1972). − PSYCHOL., PSYCH. Fait d'exagérer ou de prolonger plus ou moins consciemment un symptôme pathologique. La théorie de l'hystérie a été amenée à dépasser, avec la notion de pithiatisme, l'alternative de la paralysie (ou de l'anesthésie) et de la simulation (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p. 188).Dupré notait que la fabulation mythomaniaque peut se traduire aussi bien en simulations organiques: maladies, anesthésies, paralysies, contractures, idiosyncrasies, amnésies qu'en mensonges oraux ou écrits (Mounier,Traité caract., 1946, p. 383). ♦ Simulation partielle. Bien plus fréquentes [que la simulation pure et simple] semblent les simulations partielles ou les sursimulations, c'est-à-dire l'exagération volontaire de symptômes existants réellement. Tous les intermédiaires, tous les degrés d'insincérité se voient, depuis l'hystérie de bonne foi jusqu'aux tromperies les plus perverses (Lar. Méd.t. 31972). B. − [Sans idée de tromperie] 1. TECHNOL. Reproduction artificielle du fonctionnement d'un appareil, d'une machine, d'un système, d'un phénomène, à l'aide d'une maquette ou d'un programme informatique, à des fins d'étude, de démonstration ou d'explication. Il fut décidé en 1967 de construire un modèle général de simulation du trafic (trains et voyageurs) pour permettre (...) de définir les éléments d'une automatisation complète d'une ligne de métro en utilisant la simulation pour tester des politiques d'exploitation ou des principes techniques envisageables (R. gén. des ch. de fer, juill. 1973, p. 442, col. 1).Les techniques de simulation permettent de prévoir le comportement de systèmes physiques complexes (ponts, avions, fusées, centrales nucléaires, errants électroniques, etc.) ou théoriques (programme, équation de la physique, modèles économiques, etc.) sans qu'il soit nécessaire de disposer, dans un premier temps, des systèmes réels (MorvanInformat.1981). 2. ÉCON., SC. HUM. Méthode, technique permettant de produire de manière explicite (en général formalisée) un processus quelconque. À l'Essec (École supérieure des sciences économiques et commerciales) (...) 80 % des cours sont consacrés à la « méthode des cas », à des jeux d'entreprise, à des exercices de simulation (L'Express, 5-11 févr. 1968, p. 65, col. 1).Dans l'enseignement des langues en particulier, les seules procédures anthentiques de simulation ont été introduites dans certaines formes d'apprentissage professionnel spécialisé telles que les écoles d'interprétariat (D. D. L.1976). 3. INFORMAT. ,,Étude du comportement d'un certain type d'ordinateur par un autre type`` (Lauzel-Muss. 1970). Prononc. et Orth.: [simylasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « action de feindre, de faire paraître réelle une chose qui ne l'est pas » (Thomas de Kent, Rom. de toute chevalerie, éd. Br. Foster, 60); en partic. a) 1830 pathol. (Encyclop. méthod. Méd. t. 13); b) 1972 ling. (Ling.); 2. 1690 dr. la simulation des parties (Fur.); 3. 1960 « reproduction artificielle des conditions réelles d'un milieu, d'un phénomène » (Univers écon. et soc., p. 34-5). Empr. au lat. class.simulatio « faux-semblant, feinte » formé sur le supin simulatum de simulare, v. simuler. Fréq. abs. littér.: 75. |