| SIFFLEMENT, subst. masc. A. − [Corresp. à siffler I A] 1. a) Son ou série de sons aigus produits avec la bouche. Il fit avec l'aide de ses deux mains le petit sifflement bas et bref qui autrefois était le signal de son admission (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 151).Grange siffla. On lui répondit par un sifflement assez proche (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 145). ♦ [Avec un compl. causal en de désignant un affect] Le père poussa un léger sifflement d'admiration et ne put que murmurer: « Bougre! » tant il fut ému par la somme (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 222). − Rare, au plur. Synon. de sifflets (v. sifflet B 2).Au milieu des sifflemens et des cris de rage de quelques factieux dispersés, il entend les cris plaintifs, les gémissemens douloureux que d'horribles tourmens arrachent à ces trop nombreuses victimes (Procès conspir. 1erConsul, t. 1, 1801, p. 31). b) Son produit avec un sifflet. Synon. coup de sifflet (v. sifflet B 1 a).J'entendais le sifflement des trams (Proust, Swann, 1913, p. 3). 2. [Corresp. à siffler I A 3] Air, mélodie que l'on produit en sifflant. [Cornudet] se mit à siffloter la Marseillaise. Toutes les figures se rembrunirent (...) et jusqu'à Dieppe (...) il continua, avec une obstination féroce, son sifflement vengeur et monotone (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 153).Le chant avec paroles, sorte de récit pour soi-même, ou le sifflement qui ne garde que la muisque, avec cependant exercice de muscles buccaux, occupent une partie du champ intellectuel [de l'ouvrier au travail] (M. Cohen, Pour une sociol. du lang., Paris, Albin Michel, 1956, p. 86). 3. Cri, chant de certains oiseaux. Un sifflement tel que celui des perruches dans nos bois, part d'un lieu inconnu (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 207).Ils s'avançaient toujours à travers la forêt. Les arbres étaient pleins d'oiseaux avec leurs mille voix du printemps et leurs chants, le sifflement des merles, le cri bref du pinson, et un coucou au loin appelait sur deux notes basses (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 214). B. − 1. Son strident que produisent avec leur appareil respiratoire divers animaux (serpents, jars, etc.) en accompagnement d'une conduite agressive. Monsieur de Portenduère! dit-il d'une voix qui ressemblait au sifflement d'une vipère forcée dans son trou (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 226). 2. MÉD., VÉTÉR. Bruit strident qui caractérise la respiration dans certaines affections respiratoires. Dans ces quintes le malade paroît prêt à suffoquer, son visage devient rouge, souvent livide et violet; (...) l'inspiration ne se fait qu'avec un sifflement, une espèce de hurlement (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 126).Mais à l'auscultation [dans la broncho-pneumonie] on perçoit un petit sifflement caractéristique appelé bruit de piaulement, comparable au cri d'un oiseau qui se plaindrait (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 98). − En partic. Bruit particulier par lequel les chevaux manifestent leur gourmandise. Certains chevaux, lorsqu'on leur distribue l'avoine au cours du repas, font entendre un bruit qui tient du sifflement et du ronflement; il n'apparaît que dans cette circonstance très particulière. On ne le regarde pas comme du cornage (...). Ce bruit traduit plutôt une gloutonnerie satisfaite, une gourmandise (Brion, Jurispr. vétér., 1943, p. 250). 3. Bruit strident, produit par un corps qui pénètre rapidement dans l'air, par un projectile, par un gaz qui s'échappe, etc. Le sifflement d'un fouet, de la vapeur, des brûleurs, des balles. Le rempart d'Auteuil, qui commence à tirer aujourd'hui pour la première fois et dont les obus vous passent sur la tête avec leur sifflement haletant (Goncourt, Journal, 1870, p. 644).De nos jours sur les chantiers, le sifflement des électrodes a remplacé le martèlement saccadé des riveteuses (Perpillou, Industr. constr. nav., 1967, p. 14). − En partic. ♦ Bruit parasite d'un récepteur radio ou téléphonique. Joseph prit l'appareil. Une sorte de sifflement grêle et monotone s'échappait du petit cornet d'ébonite (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 144). ♦ Bruit strident que font les cigales. On n'entendait plus que le sifflement rythmé des cigales (Malraux, Conquér., 1928, p. 16). 4. Sifflements d'oreille. Sensation auditive aiguë, produite soit par un choc auditif, soit par des facteurs organiques. Ses oreilles bourdonnaient; des sifflements traversaient ses tempes comme des flêches (Gautier, Fracasse, 1863, p. 414). Prononc. et Orth.: [sifləmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 les siflemenz des serpenz (Li Dialoge Gregoire, 118, 2 ds T.-L.); b) 1676 en signe de désapprobation (Fr. de Maucroix, Schisme d'Angleterre, l. 2 ds Rich. 1680); c) 1690 siflement des tuyaux d'orgues (Fur.); 2. « bruit produit par un déplacement d'air ou un déplacment rapide dans l'air, l'eau » ca 1200 schieulement d'une tenue ore (Job in Dialoge Gregoire, éd. W. Foerster, p. 340, 35); 1554 (Du Bellay, Antiquitez de Rome, I, XVI, 6, éd. G. Droz, p. 11: D'un sifflement aigu l'orage tournoyant); 3. 1572 physiol. chifflement par le trachée artere (Paré,
Œuvres, éd. J.-Fr. Malgaigne, VII, 30, t. 2, p. 91b). Dér. de siffler*; suff. -(e)ment1*; cf. les formes chuflement « sujet de moquerie » (xiiies. ds Gdf.), siblement « sifflement d'une consonne » (1511 ds Hug.) et sublement (1552 ds Est.), respectivement dér. chufler, sibler et subler. Fréq. abs. littér.: 552. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 593, b) 944; xxes.: a) 911, b) 787. |