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SEMBLER, verbe intrans. et impers.
A. − Empl. intrans.
1. Vx. Sembler à qqn/qqc.Synon. mod. ressembler à.Et le beau teint, de son âge le prix, Son teint si beau, comme rose en pourpris, Et qui la fais à Cyprine sembler (Moréas, Pèlerin pass., 1891, p. 108).
2. Sembler + attribut/inf. (à qqn).Avoir telle ou telle apparence aux yeux de quelqu'un. Synon. paraître.
a) + attribut subst.Peinture de Teniers, qui semble une aquarelle relevée de piqûres de gouache et de plume (Goncourt, Journal, 1860, p. 795).Le cliquetis du présentez-armes a retenti si brusquement qu'il m'a semblé une détente de piège (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 216).
b) + attribut adj. ou équivalent.Le comte Norbert lui semblait admirable de tous points (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 243).Supposons deux corps électrisés; bien qu'ils nous semblent en repos, ils sont l'un et l'autre entraînés par le mouvement de la terre (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 185).Pour tous les événements qui dans la vie et ses situations contrastées se rapportent à l'amour, le mieux est de ne pas essayer de comprendre, puisque, dans ce qu'ils ont d'inexorable comme d'inespéré, ils semblent régis par des lois plutôt magiques que rationnelles (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 501).
c) + inf.La responsabilité me semble devoir atteindre surtout deux buts, celui d'enlever la puissance aux ministres coupables, et celui d'entretenir dans la nation (...) un sentiment animé de vie politique (Constant, Princ. pol., 1815, p. 83).Les monologues intérieurs et les dialogues falots de gens du peuple, lesquels semblent être pris sur le vif (Blanche, Modèles, 1928, p. 119).
+ être + attribut.Tobie s'était fort attaché à nous; notre venue semblait être sa joie (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 231).La décision à prendre semblait être très simple en soi (Maran, Batouala, 1921, p. 20).
d) Empl. abs., rare. [P. oppos. à être] Les apparences! Qui ne séduisent-elles pas? La science elle-même (...) va-t-elle au delà de ce qui semble? (France, Livre ami, 1885, p. 206).
B. − Empl. impers.
1. Il semble (à qqn)
a) [Sans attribut]
α) Il semble (à qqn) + prop. complét./+ inf.
Il semble (à qqn) que + verbe conjugué
[Verbe impers. à l'affirm.: empl. des modes selon la nuance envisagée] Il me semble qu'il serait grand temps de commencer l'édition de Paris (Hugo, Corresp., 1862, p. 369).Il semblerait que, dans le commencement, les impressions n'ont été inventées que pour répondre à la passion effrénée du public pour le théâtre et les acteurs (Goncourt, Journal, 1888, p. 787).Il semble qu'Odette ait changé ses habitudes (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 174):
1. ... quand j'ai vu que vous n'attendiez pas la fin des vacances pour revenir et que je pourrais revoir le petit sans pour cela différer mon départ, j'ai cru que... il m'a semblé que Dieu tenait compte de ma prière. J'ai cru qu'il m'approuvait. Gide, Faux-monn., 1925, p. 1131.
[Verbe impers. à une forme interr. ou nég.: empl. du subj. en gén., sauf nuance partic.] Il ne semble pas que ce soit avoir fait un grand pas que de s'être assuré d'une vérité si simple (Destutt de Tr., Idéol. 1, 1801, p. 49).Ne vous semble-t-il pas qu'un jugement ne peut être parfaitement juste et équitable qu'autant qu'il est sanctionné par la prudence de Guillaume? (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 183).Il ne semblait pas qu'elles [des nuées] pussent jamais s'ouvrir et que derrière il y eût un ciel (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 8).
Il semble + inf.
Il semble à qqn + inf. (qqn est le suj. logique de l'inf.).Il lui semblait faire quelque chose de très hardi (Zola, Assommoir, 1877, p. 493).Tu m'as écrit deux lettres extraordinairement douces, où il me semblait que j'entrais en toi profondément: il me semblait goûter un fruit trop mûr, par un couteau d'acier pelé (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1892, p. 153).
Il semble (à qqn) + inf. d'un verbe impers.Comme il nous semble y avoir quelque probabilité (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 444).Il semble bien, toutefois, résulter des premières expériences qu'il existe une différence certaine entre la forme et la puissance d'intelligence des diverses races (Mounier, Traité caract., 1946, p. 603).
β) Que semble à qqn de + subst. ou pron. de rappel (vieilli).Que pense quelqu'un de quelqu'un/quelque chose?
de + subst.Que vous semble entre nous d'une telle situation? (Courier, Pamphlets pol., Réponses aux anon. 2, 1822, p. 161).Mes frères, je vous dirai ce qu'il me semblera d'elle aussitôt que je le saurai (Péguy, J. d'Arc, 2epièce, iii, 1897, p. 433).
Que vous en semble? Qu'en pensez-vous?:
2. Prenant des mains du sergent major les deux gravures coloriées, je les fis circuler dans les rangs, où elles obtinrent un accueil enthousiaste (...). − Voltigeurs, leur dis-je, voilà votre type, que vous en semble? Il n'y avait pas à s'y méprendre, le costume était adopté... Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 178.
b) Il semble + adj. attribut (à qqn) que + verbe conjugué/de + inf.
α) que + verbe conjugué (empl. des modes selon la nuance exprimée par l'adj.).Il semble évident que nous sommes sur la terre les jouets de ce que les uns appellent hasard, d'autres fatalité (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 3).Il semble déraisonnable, du point de vue individuel, qu'un homme perde sa vie, c'est-à-dire tout, pour défendre la part souvent assez faible qui lui revient dans des intérêts collectifs (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 224).Il ne me semble plus possible que l'Allemagne gagne cette guerre (Green, Journal, 1941, p. 172).
[Avec pron. dém. substitué à il] Cela semble absurde, au premier abord, que de courtiser une vierge soit plus difficile que de s'attaquer à une femme qui s'est donnée (Bourget, Disciple, 1889, p. 152).
Si/comme/qui/que... bon (me, te...) semble. Si/comme... (quelqu'un) le désire. [Des seigneurs] pouvaient appeler, quand bon leur semblerait, tel nombre qui leur paraîtrait convenable de conseillers au parlement, de maîtres des comptes et de bourgeois de Paris (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 218).Tu n'auras de moi que ma tête, qui ne te servira de rien. Prends-la tout de suite, si bon te semble (About, Roi mont., 1857, p. 237).Le curé ne défendait pas expressément aux femmes de se laver où bon leur semblait (Aymé, Jument, 1933, p. 24).
β) de + inf.Il me semble absurde d'admettre que ce fût de cette manière que Marx entendit la lutte dont il faisait l'essence du socialisme (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 73).
[Avec pron. dém. substitué à il] Ça lui semblait si bon de faire un peu la vache! (Zola, Assommoir, 1877, p. 489).
2. [En incise]
a) [Sans compl. indir.] Selon toute apparence, apparemment, à ce qu'il apparaît.
α) Il semble/semble-t-il. Oreillon, c'est pour le peuple toute maladie interne de l'oreille; cela vaut bien otite, il semble (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 42).Ce n'était là, semblait-il pour le moment, que des essais de diversion auxquels on ne pouvait guère se laisser prendre (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 28).
Rare, au cond. Sur le tronc d'un arbre, un des colons avait hâtivement tracé le nom d'une tribu indienne (des Sioux, semblerait-il) (Green, Journal, 1937, p. 95).La Vie procède par effets de masses, à coups de multitudes lancées, il semblerait, sans ordre en avant (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p. 116).
β) Ce semble (vieilli). On compte encore, et ce semble avec raison, sur les désertions que la victoire va déterminer dans les rangs des adversaires (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 132).
γ) À ce qu'il semble. Il importe peu à l'auteur, à ce qu'il semble, de les rendre croyables [des vilenies] (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 305).Le problème moral de l'action et de la destinée humaine n'existe pas, disait-on, et le résoudre, à ce qu'il semblait, c'est le supprimer (Blondel, Action, 1893, p. 21).
δ) Var. Cet aspect fait même souvent défaut (chez Angèle de Foligno, autant qu'il semble) (G. Bataille, Exp. int., 1943, p. 189).
b) [Avec compl. indir., gén. pron. pers.] À l'avis de, selon quelqu'un.
α) Il me (te...) semble/me (te...) semble-t-il. L'école d'agriculture, fondée récemment par Lamblin, fort intelligemment dirigée, nous semble-t-il, par le jeune M (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 812).Les menottes tombaient de ses mains, lui semblait-il (Jouve, Scène capit., 1935, p. 34).Sa figure, il m'a semblé, est moins bosselée qu'il y a deux ans (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1894, p. 223).
Rare. [Avec compl. indir. subst.] Louise avait, semblait-il aux Slavsky, si longtemps sevrés et affamés, toutes les qualités de la Parisienne en plus des siennes propres (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 232).
β) Ce me (ou nous équivalent) semble (vieilli). Il n'y a pas, ce nous semble, d'équivoque possible sur le sujet (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 96).Quelques esquisses secrètes tracées de mémoire suffiraient pleinement, ce me semble, à satisfaire votre curiosité (Milosz, Amour. init., 1910, p. 233).
γ) À ce qu'il me (te...) semble. Bien moins méchant que Iago, à ce qu'il me semble, je vais dire comme lui (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 453):
3. Parfois même les mots précédaient la pensée, et il les prononçait machinalement, presque à son insu. Longtemps après − à ce qu'il lui semblait du moins − l'image montait lentement derrière eux, se dégageait à mesure... Bernanos, Imposture, 1927, p. 507.
δ) Var. Si vous aviez, comme il me semble (sans vouloir vous interroger), tant soit peu d'amitié pour moi (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 40).
Rem. Pour ces empl. en incise, l'examen du corpus permet les constatations suiv.: a) en dehors de l'ind. d'empl. régulier, le cond. est rare; b) des variations de temps s'observent pour les formulations α et γ, mais non pour la formulation β; c) toutes les pers. du pron. sont possibles pour les formulations b α et b γ, mais non pour la formulation b β.
REM. 1.
Semblant, -ante, part. prés. en empl. adj., antéposé,rare. Qui semble être ce que désigne le subst. déterminé. Et dussiez-vous vous étonner Des semblantes naïvetés de cette épître, Ô vous! (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Dédicaces, 1890, p. 135).
2.
Semble-, élém. de compos. équivalent à simili- et peu productif auj.a) [Le 2eélém. est un subst.] α)
Semble-curé, subst. masc.Tais-toi, semble-curé. Ton haleine offense les dames (Arnoux, Rhône, 1944, p. 314).
β)
Semble-détective, subst. masc.Le « semble-détective » exulte (Colette, Jumelle, 1938, p. 122).
γ)
Semble-science, subst. fém.V. simili-science s.v. simili- A 2 c ex. de Péguy.
b) [Le 2eélém. est un adj.]
Semble-pompéïen, -enne, adj.Quatre marches conduisaient à la salle de bains semble-pompéïenne (Cocteau, Portr.-souv., 1935, p. 158).
3.
Sembler, subst. masc.[Corresp. à sembler A 2 d] Apparence. Au lieu que le sembler, transparente apparence, se lit par lecture directe et dialectique droite (...), la perfide et déloyale simulation s'interprète à l'infini à travers les mille et une complications du déchiffrage (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 14).
Prononc. et Orth.: [sɑ ̃ble], (il) semble [sɑ ̃:bl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 que vous en semblet de + subst. (Roland, éd. J. Bédier, 3511); id. sembler + adj. ou subst. « avoir l'air » (ibid., 1484); 2. ca 1145 sembler à qqn « ressembler à quelqu'un » (Wace, Conception Nostre Dame, éd. W. R. Ashford, 1165); 3. 1174-76 sembler + inf. « donner l'impression de » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2278). B. 1. Ca 1100 [il] me semblet + inf. (Roland, 1050); 2. 1160-74 ce me (te, lui) semble (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 551); 3. 1188 (il) semble que (Aimon de Varennes, Florimont, éd. A. Hilka, 5586); 4. 1269-78 toutes les foiz que bon lor samble (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 18978); 5. 1916 semble-t-il « à ce qu'il paraît, selon toute apparence » (Gide, Journal, p. 578). Du b. lat. similare « être semblable », « ressembler », « paraître ». Fréq. abs. littér.: 47 345. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 59 247, b) 72 295; xxes.: a) 70 460, b) 69 685. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 182. − Heriau (M.). Le Verbe impers. en fr. mod. Paris, 1980, pp. 716-730. − Riegel (M.). L'Adj. attribut. Paris, 1985, 222 p. − Roulet (E.). Des Modalités implicites intégrées en fr. contemp. Cah. F. Saussure. 1979, n o33, pp. 58-61. − Ruwet (N.). Montée du sujet et extraposition. Fr. mod. 1975, t. 43, pp. 104-133; Montée et contrôle. Analyses gramm. du fr. Ét. publ. à l'occasion du 50eanniversaire de C. Vikner. Copenhague, 1983, pp. 17-37.