| SCHIBBOLETH, SHIBOLET(H),(SHIBOLET, SHIBOLETH) subst. masc. Rare. Signe de reconnaissance; usage particulier à un groupe social ou autre. Le duc d'Hérouville, poli comme un grand seigneur avec tout le monde, eut pour le comte de La Palférine ce salut particulier qui, sans accuser l'estime ou l'intimité, dit à tout le monde: « Nous sommes de la même famille, de la même race, nous nous valons! » Ce salut, le shiboleth de l'aristocratie, a été créé pour le désespoir des gens d'esprit de la haute bourgeoisie (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 372).On suppose (...) que les ennemis d'Israël visés dans cette prière [nouvellement introduite dans le rituel] furent à l'origine les judéo-chrétiens, et que ce fut là une sorte de schibboleth pour écarter des synagogues les partisans de Jésus [qui, en la prononçant, auraient formulé contre eux-mêmes une malédiction] (Renan, Évangiles, 1877, p. 73).− P. ext. Ce qui conditionne, ce qui permet quelque chose. Le succès attend le mérite, l'instruction est le shibboleth qui ouvre toutes les portes (Coppée, Franc-parler I, 1894, p. 152).[Pour tous les philosophes ou paraphilosophes juifs ayant vécu du Xeau XVIesiècle] l'accent est mis sur le premier terme de la triade [Création − Révélation − Rédemption]: la Création, en accolant à ce terme les deux mots latins ex nihilo (...). C'est le shibbolet, la pierre de touche, le sine qua non de la position philosophique juive (A. Neher, Clefs pour le judaïsme, 1977, p. 59). Prononc. et Orth.: [ʃibɔlεt]. Lar. Lang. fr., Rob. 1985: schibboleth. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 297: chibolet. Étymol. et Hist. 1. Ca 1195 ds la Bible (Trad. des commentaires de Haimon de Halberstadt sur les épîtres et les évangiles de la quinzaine de Pâques, ms. Bibl. Arsenal 2083, f o57 v ods Trenel, p. 75: quant lor anemin lor faisoient dire Seboleth [...] si disoient tebolet); 1564 schibboleth (Rabelais, Cinquiesme livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, chap. 18, p. 71); 1564 schibboleth (Indice et rec. universel de tous les mots principaux des livres de la Bible, f o310); 1577 schibolet (J. Bodin, Les six livres de la République, p. 543); 2. av. 1778 schibboleth fig. « épreuve qui fait juger de la capacité d'une personne » (Voltaire, s. réf. ds Lar. 19e: le schibboleth qui peut faire tuer lui et ses collègues); 1840 Shibolet (Balzac, Z. Marcas ds
Œuvres, éd. Skira, Genève, 1946, t. 8, p. 68: il y a pour les hommes supérieurs des Shibolet); 1842 schibboleth (Ac. Compl.). Empr. à l'hébr. bibliqueshibbōlet « épi », mot utilisé par les gens de Galaad pour reconnaître ceux d'Ephraïm, qui prononçaient sibbōlet, et qu'ils égorgeaient aussitôt (Juges 12, 6). |