| * Dans l'article "SAUMÂTRE,, adj." SAUMÂTRE, adj. A. − [Qualifiant l'eau d'une lagune, d'un estuaire, d'une mer fermée] Qui est composé d'un mélange d'eau douce et d'eau de mer, et présente un degré de salinité intermédiaire. On entre dans les savanes parsemées d'étangs d'une eau saumâtre, où les buffles viennent lécher le sel (Chateaubr.,Natchez, 1826, p. 441).[Un individu] descendrait le fleuve, encore saumâtre à plus de cinq kilomètres de l'embouchure, de l'endroit où la mer se jette dans le Rhône (Arnoux,Rhône, 1944, p. 336). − [P. méton.] Une région désolée coupée de marais saumâtres où fréquentent les oiseaux échassiers (Gide,Journal, 1936, p. 1248). ♦ BIOGÉOGR. Dépôts saumâtres. Dépôts que renferment les estuaires, les lagunes, les mers fermées (d'apr. Rob.). Milieux saumâtres. ,,Milieux où se mêlent eau douce et eau salée`` (Friedel 1980). On admet, en général, que les écosystèmes des milieux saumâtres proprement dits existent dans une gamme de salinités comprises entre 25 o/ooet 3 o/oo; ce sont, aussi, et surtout, des milieux dont la salinité varie fortement dans le temps (Encyclop. Sc. Techn.t. 41970, p. 733). B. − P. anal. Qui rappelle de telles eaux (par son goût, sa couleur, etc.). À peu de distance, une petite fontaine froide comme la glace et d'un goût saumâtre (...) se cache sous des buissons rongés par la dent des boucs (Sand,Jeanne, 1844, p. 14).Toute une gamme de colorations verdâtres, saumâtres, oxydées, cadavériques (Blanche,Modèles, 1928, p. 133). C. − Au fig. Déplaisant, difficile à supporter. Synon. amer.M. Amphoux (...) me prête la Farce de la Sorbonne de René Benjamin; pamphlet saumâtre, sans esprit, sans grâce (Gide,Journal, 1942, p. 156).Je réussis à trente ans ce beau coup: d'écrire dans La Nausée − bien sincèrement, on peut me croire − l'existence injustifiée, saumâtre de mes congénères et mettre la mienne hors de cause (Sartre,Mots, 1964, p. 209). − Loc. pop., fam. ♦ (La) trouver saumâtre. Synon. de (la) trouver mauvaise (v. mauvais I B 1 b). (Ds Dict. termes milit., 1916, p. 259). ♦ En (faire) voir (à qqn) de saumâtres. Subir, faire subir (à quelqu'un) de nombreux désagréments. Synon. en (faire) voir de toutes les couleurs (v. couleur I A 1 d).Nulle ne pourrait être mieux choisie comme patronne par un prolétariat laïcisateur que cette mère d'un saint à qui elle en fit d'ailleurs voir de saumâtres (Proust,Swann, 1913, p. 252). REM. Saumâtrement, adv.D'une manière déplaisante, désagréable. Pouah! On a des goûts saumâtrement dépravés en votre patelin, ô princesse lointaine! (Colette,Cl. Paris, 1901, pp. 129-130). Prononc. et Orth.: [somɑ:tʀ
̭]. Ac. 1718: -mastre; dep. 1740: -mâtre. Étymol. et Hist. 1. a) 1298 saumastre « qui a le goût de l'eau de mer » (Marco Polo, 133, éd. L. F. Benedetto, p. 129); b) 1545 salemastre (J. Bouchet, Ep. fam., I, LXVI ds Gdf. Compl.); c) 1721 saumate (Trév.); 2. 1774 fig. et p. métaph. (Beaumarchais, Mém. contre M. Goëzman, t. 3, p. 189). Du lat. pop. *salmaster, altér. par changement de suff. du lat. salmacidus « saumâtre » (d'où a été empr. l'a. et m. fr. samace « salaison », 1296-1500 ds Gdf., salmace « eau salée », Marco Polo, 119, éd. cit., p. 115), dér. de salgama « conserves faites dans le sel ». Fréq. abs. littér.: 56. |