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* Dans l'article "SAVEUR,, subst. fém."
SAVEUR, subst. fém.
A. − Qualité qui est perçue par l'organe du goût. Synon. goût.Saveur agréable, désagréable, exquise, fade, forte, très marquée; saveur acide, âcre, aigre, amère, salée, sucrée; saveur piquante du Champagne; un mets sans saveur. Cela était épais, sirupeux, poissant (...) et cela avait la saveur de la gentiane. C'était d'un amer déconcertant (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 312):
1. Telle saveur, tel parfum m'ont plu quand j'étais enfant, et me répugnent aujourd'hui. Pourtant je donne encore le même nom à la sensation éprouvée, et je parle comme si, le parfum et la saveur étant demeurés identiques, mes goûts seuls avaient changé. Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 106.
P. anal. Odeur, parfum. Odeur du premier feu dans les chambres humides, Aromes épandus dans les vieilles maisons Et pâmés au velours des tentures rigides; Apaisante saveur qui s'échappe du four (Noailles, Cœur innombr., 1901, p. 70).La nuit était douce, le printemps, aux bourgeons éclatés, donnait à l'air une saveur de gomme (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 33).
B. − Au fig.
1. Qualité de ce qui est susceptible de produire sur quelqu'un une sensation délicate, le plus souvent agréable.
a) [À propos d'une chose concr.] Saveur d'un baiser. Cette toile, dérivé des Manet, a une certaine saveur amère et rêche qui nous console des écœurantes sucreries auxquelles nous venons de goûter (Huysmans, Art mod., 1883, p. 67).Pour goûter la saveur de tes lèvres vermeilles Un papillon d'azur vers toi descend des cieux (Leconte de Lisle, Poèmes trag., 1886, p. 42).
b) [À propos d'une chose abstr.] Saveur d'un moment, d'une heure, d'une minute; saveur d'un plaisir; saveur amère ou douce des passions; saveur de la nouveauté. Qu'est-ce que cette journée avait apporté? À peine une contrariété, pas même une querelle. Et pourtant cette journée avait une saveur faible, étrange, persistante, un goût inconnu qui ne s'en irait plus (France, Lys rouge, 1894, p. 69).L'expérience me permet de prévoir que c'est vers la troisième entrevue que nous nous rendrons compte nettement que nous n'avons plus rien à nous dire. Et ensuite, la nécessité d'espacer de plus en plus les rencontres si je veux qu'elles gardent leur saveur (Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p. 615).
2. [Souvent dans des tournures nég.] Qualité de ce qui est susceptible de séduire l'esprit, de stimuler l'attention, l'intérêt. Synon. piquant.Situation qui ne manque pas de saveur; donner de la saveur à qqc.; saveur d'un bon mot, d'une plaisanterie. Un sourire suffisant parut sur son visage; son accent prit une intonation sarcastique, qui n'était pas sans saveur et sentait le terroir normand (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 732):
2. Mais il me semblait probable que le traducteur de L'Intransigeant avait dû prendre des libertés avec le texte. je me procurai donc le Secolo du 10 février, où se trouve la longue lettre de Cavallotti sur le procès Zola, et, dès les premières lignes, je pus apprécier toute la saveur du fameux proverbe italien: « Traduction, trahison ». Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 247.
REM.
Saporifique, adj.,rare. Qui produit la saveur. Les particules saporifiques d'une substance (Ac. 1835, 1878).
Prononc. et Orth.: [savœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « assaisonnement, condiment » empl. par image (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8224: Amors, redone mei del miel, Si rasöage ma dolor Par alcune buene savor!); b) 1174-77 au propre (Renart, éd. M. Roques, 6502: Si la [geline] vos apareilleroi; Dites quel savor je feroi); ca 1190 savor de cuisine (ibid., 8818); 2. « qualité perçue par le sens du goût » a) ca 1160 (Eneas, 8881: [Lavine] Baisa son deit, puis li tendi [...] Mais [Eneas] nel senti, ne il ne sot, De quel savor ert li baisiers); b) xiiies. (Renart, éd. E. Martin, X, 1500, add. mss B, H, t. 3, p. 362: Si ai la bouche amere toute Que riens nee ne m'a savor); 3. fig. a) 1240-80 en parlant d'une pers. (Baudouin de Condé, Dits et contes, 195, 245 ds T.-L., s.v. savorer: Il n'a en lui saveur ne seve De preu); b) 1588 en parlant d'une chose (Montaigne, Essais, III, 13, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1082: la saveur et douceur qu'il trouvoit en l'indigence); c) 1718 spéc. en parlant d'une œuvre de l'esprit, de son caractère piquant (Ac.). Du lat. sapor, -oris « goût, saveur d'une chose; odeur, parfum; chose de bon goût », fig. homo sine sapore « homme insipide, sans personnalité ». Fréq. abs. littér.: 896. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 086, b) 889; xxes.: a) 1 378, b) 1 578.