| * Dans l'article "SAPIN,, subst. masc." SAPIN, subst. masc. A. − 1. BOT. Arbre conifère résineux de la famille des Abiétinées, à tronc droit et élevé, à écorce grisâtre et écailleuse, à branches plongeantes, à aiguilles persistantes, dont le fruit est un cône dressé et dont on rencontre de nombreuses variétés en moyenne montagne. Sapin argenté, pectiné; sapin de Douglas; cône, bourgeon de sapin; bois, forêt, bouquet de sapins; grand, majestueux, vieux sapin; allée, avenue (plantée) de sapins. [Les bouleaux] sont disséminés parmi les sapins pyramidaux, dont les troncs noirs élèvent vers les cieux leurs rameaux toujours verts, symbole de l'immortalité chez les Orientaux (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 239): Sapin géant ou de Vancouver (...). Originaire d'Amérique du Nord et notamment de la région de Vancouver d'où il tire son nom, le sapin géant y vit en société avec le Douglas, le Thuya et diverses autres espèces mais n'y forme jamais de peuplements purs.
Cochet, Bois, 1963, p. 43. − En partic. Sapin (de Noël). Sapin que l'on place dans une maison ou un lieu public et que l'on décore traditionnellement dans certains pays au moment de Noël. Synon. sapin de Noël*, arbre* de Noël.Les épis de Noël crépitaient, Lambert et Vincent aspergeaient Henri d'étincelles; Paule allumait sur le sapin les bougies enfantines (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 16). ♦ Vert* sapin. 2. Bois de cet arbre utilisé en menuiserie, en ébénisterie; p. ext., bois de résineux. Quant au sapin, il se fend par lames très-minces, et c'est encore du bois refendu qui, selon M. Bien-Aimé, layetier-emballeur, ne sert, quand l'ouvrage est soigné, qu'à la confection des petites caisses (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 200).Usage d'un parquet jointif en bois, ayant une certaine souplesse. Le sapin est préférable au chêne, trop dur et trop peu élastique (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 22). − De, en sapin.Plancher, parquet en sapin; chambre, bibliothèque en sapin; buffet, pupitre, table de sapin. On revêtit les murailles humides d'ais de sapin pour les rendre habitables, et le logis fut prêt en trois mois (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 391).MmeVerdurin était assise sur un haut siège suédois en sapin ciré, qu'un violoniste de ce pays lui avait donné et qu'elle conservait, quoiqu'il rappelât la forme d'un escabeau et jurât avec les beaux meubles anciens qu'elle avait (Proust, Swann, 1913, p. 205). B. − 1. P. méton. a) Cercueil. − (...), il n'a plus qu'à se flanquer au lit et boire du meilleur. − Autrement... au sapin! − Oui, c'est à craindre (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 38). ♦ Pop. Costume, pardessus, etc. en sapin. Cercueil. Qu'est-ce qu'il a donc, le père Tellier?... Il tousse qu'il en secoue toute sa maison, et j'ai bien peur que, prochainement, il ne lui faille plutôt un paletot de sapin qu'une camisole de flanelle (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 120). − Loc. pop., fam. Sentir le sapin. Être près de la mort. (Dict. xixeet xxes.). Sonner le sapin. Annoncer la mort. Elle la voyait se tenir aux murs pour marcher, pliée en deux par une toux qui sonnait joliment le sapin (Zola, Assommoir, 1877, p. 757). b) Fam., vx. Voiture de place tirée par un cheval. Synon. fiacre.Nous étions suivis d'un sapin qu'il avait pris à l'heure pour aller je ne sais où et qu'il garda jusqu'à minuit sans pouvoir se dépêtrer de notre folle compagnie (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 124).Il fallait d'abord trouver un fiacre, opération pénible et chanceuse, surtout quand il pleuvait. Si l'on était heureux, au bout d'un quart d'heure ou de vingt minutes, on arrêtait un sapin à rideaux rouges, monté par un vieux cocher à carrick, qui conduisait une haridelle boiteuse, ou, pour parler plus proprement, un horrible canasson (France, Vie fleur, 1922, p. 555). 2. Région. (Provence), vx. Gendarme, militaire. Ne bougez pas, me dit-elle en patois [provençal, aux environs d'Aix, 1799]; les environs sont remplis de sapins (gendarmes) qui furettent de tous côtés (Vidocq, Mém., t. 1, 1828-29, p. 409). REM. Sapiné, -ée, adj. et subst. fém.a) Adj. Planté, couvert de sapins. On sut que le messie des montagnes sapinées faisait de ses mains du mortier de lait de chèvre (Giono, Manosque, 1930, p. 69).b) Subst. fém. Contenu d'une sapine (v. ce mot C). (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [sapε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « le bois de l'arbre » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 18478); 2. ca 1179 « arbre à feuillage persistant » (Renart, éd. M. Roques, 771); 3. a) 1694 sentir le sapin « n'avoir plus longtemps à vivre » (Ac.); b) 1695 surtout de sapin « cercueil » (Regnard, Le Bal ds
Œuvres, t. 2, p. 256 [éd. de 1830]); 1867 id. (Delvau); 4. 1723 « petite voiture, fiacre » (d'apr. Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896). Du lat. sappinus « sorte de sapin », la forme anc. fr. sap (fin xies., Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 2, p. 128), est issue d'un mot pré-lat. *sappus, qui a donné p. compos. avec le lat. pinus « pin » la forme sappinus (v. FEW t. 11, p. 216; REW, 7592). Fréq. abs. littér.: 1 321. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 978, b) 1 921; xxes.: a) 2 275, b) 1 531. Bbg. Bertoni (G.). Etymologien. Arch. rom. 1925, t. 9, pp. 422-423. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 317. − Gohin 1903, p. 350. − Monnot (R.). Dat. nouv. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 226. |