| SANGUINOLENT, -ENTE, adj. A. − 1. MÉD. [En parlant d'humeurs, de matières organiques, avec la notion d'une orig. pathol.] Qui est teinté, infiltré de sang frais. Écoulement(s), épanchement, exsudat sanguinolent(s); diarrhée, écume, déjection, mucosités sanguinolente(s). Une fois qu'il toussait, pris, dans mes bras, d'une crise plus violente que de coutume, je vis mousser à ses lèvres un gros, immonde crachat sanguinolent (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 144).Puis on voit survenir des selles de matières grumeleuses, muqueuses et quelquefois sanguinolentes (Macaigne dsNouv. Traité Méd.fasc. 11926, p. 331). 2. [En parlant du corps, d'une partie du corps, avec la notion d'une orig. maladive ou malsaine] Où le sang affleure, qui est de la couleur du sang. Des yeux qui se mouvaient, blancs, entre les retroussés affreux de deux sanguinolentes paupières (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 2etabl., II, p. 69).[Zidore] palpitait encore. On jeta un sac sur son visage sanguinolent. Quelqu'un avait fait appeler un médecin. Il (...) eut un recul en découvrant la face de Zidore, un masque en bouillie, qui laissait voir à nu, sous un ruissellement continuel et rouge, les os des mâchoires, les dents, le cartilage fracassé du nez (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 194). − [Notamment en parlant des yeux] Injecté de sang. L'œil droit dilaté par une frayeur constante et le gauche ne présentant qu'un globe sanguinolent entre deux purulentes paupières, l'horrible MlleJacinte guidait nos choix [de lectures] (Carco, Voix basse, 1938, p. 24).[P. méton.] D'abord ce regard éteint, sanguinolent, l'avait gêné; mais il n'y prêtait plus guère d'attention (Mauriac, Génitrix, 1923, p. 385). 3. Qui saigne. Le crapaud (...) avait les deux prunelles crevées, les paupières sanguinolentes (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 15).P. métaph. Silence (...) Dieu étoilé des sanguinolentes blessures de la parole impatiente (Kahn, Conte or et sil., 1898, p. 13). − [En parlant de la viande, avec une connotation péj.] Synon. saignant.Et cette nourriture qu'ils ont imposée désormais [les Anglais] dans tous les hôtels d'Europe, ce régime de viande sanguinolente et de légumes cuits à l'eau (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 277). B. − P. anal. 1. a) [En parlant d'éléments naturels] Mêlé de sang. On ne parlait que de pluies de sang (...) de rivières sanguinolentes (Renan, Antéchrist, 1873, p. 326). b) [En parlant d'inanimés concr., en liaison avec une circonstance dramatique (meurtre, crime)] Le soir, les maisons de jeu n'ont qu'une poésie vulgaire, mais dont l'effet est assuré comme celui d'un drame sanguinolent (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 5).Laver ma tire (...) nettoyer les housses et les tapis sanguinolents (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 55). 2. Qui a la couleur ou l'aspect du sang. Couchant sanguinolent. Les voyageurs de l'Hirondelle finissaient par s'endormir (...) et le reflet de la lanterne qui se balançait en dehors, (...) posait des ombres sanguinolentes sur tous ces individus immobiles (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 117).Ce qui me déroute (...) c'est de ne voir ici [à New-York] que de l'acier, du ciment armé, des briques sanguinolentes (Loti, Vertige mond., 1917, p. 188). REM. Sanguinolence, subst. fém.,rare. [Corresp. à supra A 3] Faible écoulement de sang. Les règles, de bonne heure, avec neuf jours d'avance (sanguinolence depuis lundi) (Michelet, Journal, 1860, p. 516). Prononc. et Orth.: [sɑ
̃ginɔlɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1398 [ms. xves.] flux sanguinolent (Somme MeGautier, B.N. 1288, f o17 r ods DG); 2. 1575 « qui est d'une teinte rouge de sang » (A. Paré,
Œuvres, V, 27, éd. J.-Fr. Malgaigne, I, 364). Empr. au lat.sanguinolentus « sanglant ». Fréq. abs. littér.: 71. |