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SANG, subst. masc.
I. − [Le sang, liquide biologique]
A. −
1. Liquide organique rouge, cheminant par les artères et les veines dans les diverses parties du corps de l'homme et des animaux supérieurs et qui y entretient la vie. Œil injecté de sang. Après le repas de midi, le sang battait plus vite dans ses tempes (Mille,Barnavaux, 1908, p. 302):
1. ... il dit comment il avait eu très chaud aux joues, comment il s'était blotti davantage contre la chair brûlante de la fille (...), comment (...) [sous la caresse] il avait senti tous ses nerfs se tendre, tout son corps vibrer, tout son sang lui bousculer le cœur... Adam,Enf. Aust., 1902, p. 224.
2. Empl. adj.
a) Subst. + de sang.[P. oppos. à ce qui est esprit, en tant que caractéristique du corps, de la matière vivante] Des ombres familières semblent sortir des murailles pour se mêler, sous la lampe, aux êtres de chair et de sang (Duhamel,Suzanne,1941,p. 197).
Notamment dans des loc. De chair et de sang. Bien réel. Bizet, par le sortilège de sa musique, allait rendre à Carmen son vrai visage de fille passionnée, en faire la créature de sang et de volupté pour qui rien ne compte hormis son caprice, hormis le plaisir de soumettre l'orgueil du mâle en l'abaissant jusqu'au déshonneur et jusqu'au crime (Dumesnil,Hist. théâtre lyr., 1953, p. 152).
b) Domaine de la coul.
α) Subst. + de sang.Rouge vermeil. Ce rideau de pourpre, à travers lequel tremblote la lumière d'une lampe, répand sur les meurtriers un reflet de sang d'un effet terrible et lugubre [dans la Clytemnestre de Guérin] (Gautier,Guide Louvre, 1872, p. 16).Augmentez progressivement l'ardeur du foyer. Vous verrez s'élever des vapeurs (...). Les premières se condenseront (...); les secondes se sublimeront et garniront la voûte et la naissance du col de fins cristaux (...). Leur couleur, d'un rouge de sang magnifique, prend l'éclat des rubis quand (...) quelque vive lumière vient les frapper (Fulcanelli,Demeures philosophales, 1929, p. 138).
MINÉR.
Pierre de sang. [N. comm. de l'hématite] L'hématite (...). Cet oxyde de fer est naturellement lourd (...); il est d'un beau noir brillant, mais son égrisée est rouge, d'où son nom commercial de « pierre de sang » (Metta,Pierres préc., 1960, p. 91).
Sang de pigeon*.
β) En appos. Couleur sang de bœuf. V. bœuf B ex. de Goncourt.Rouge sang. Géomancie: Rubeus, Puer. Couleur: rouge sang. Gemmes: rubis, grenat, sanguine, escarboucle (Divin.1964, p. 218).
γ) En compos., au fig. La prise de Jérusalem, d'après la Bible et l'histoire; avec la couleur rouge-sang qui en découle (Artaud,Théâtre et son double, 1938, p. 119).
3. P. anal.
ALCHIM. Sang des philosophes. Esprit minéral que les alchimistes supposaient être dans les métaux. (Dict. xixeet xxes.).
MÉD. VÉTÉR. Sang de rate (autrefois dans diverses régions, en Beauce notamment). Charbon des moutons. Ainsi le sang de rate, maladie spéciale à l'espèce ovine, transmise aux bêtes à cornes, devient chez celles-ci le charbon, chez l'homme elle donne la pustule maligne (Trousseau,Hôtel-Dieu, 1895, p. 105).
4. P. métaph. [P. réf. notamment à]
a) [la couleur du sang qui participe de la symbolique gén. du rouge] Le sang des coquelicots; le sang du raisin, des muscats de la vigne, des mûres; figues pleines de sang. La rougeur du couchant Se fond dans le gris bleu des brumes qu'elle teinte D'incendie et de sang (Verlaine,Poèmes saturn., 1866, p. 83).Il se mettait dans les yeux l'azur du saphir, le sang du rubis, l'orient de la perle, l'eau du diamant (Goncourt,Man. Salomon, 1867, p. 429).
b) [l'aspect fluide du sang, son caractère essentiel à la vie] Le cocher lui indiqua triomphalement le Corso (...) était-ce donc là le cœur de la ville, la promenade célébrée, la voie vivante où affluait tout le sang de Rome? (Zola,Rome, 1896, p. 2).L'argent est, à notre époque, le sang de l'humanité; quelque mal qu'on en dise, il représente l'élément fondamental de la circulation du travail unissant en un même corps toutes les nations qui, grâce à lui, peuvent échanger leurs produits et transformer leurs biens (Divin.1964, p. 205).
Au fig. La sensibilité, c'est le sang de l'âme, et, par ma blessure, ça s'en allait à torrents (Balzac,Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 180).Mais la maison entière en gardait le frisson [des sonneries des cloches de la cathédrale] scellée à ces vieilles pierres, fondue en elles, vivant de leur sang (Zola,Rêve, 1888, p. 20).
P. anal. Sève. Un hêtre vigoureux étreignait un chêne élancé (...) [le chêne] portait (...) les deux entailles (...) que les branches irrésistibles du hêtre avaient creusées dans son écorce. Soudés à jamais par ces blessures (...) ils poussaient ensemble, et dans les veines de l'arbre violé coulait (...) le sang de l'arbre vainqueur (Maupass.,Notre cœur, 1890, p. 497).
Au fig. La force est la sève, le sang du rythme, elle suit la veine mélodique (...) répandant la vie, la chaleur, et produisant la beauté (Mocquereau,Nombre mus. grégor., 1927, p. 403).
P. métaph. Lazare venait de saisir la main de Pauline, dans un geste d'abandon charmant (...). N'était-elle pas le bon ange, comme il la nommait, la passion toujours ouverte d'où il ferait couler le sang de son génie? (Zola,Joie de vivre, 1884, p. 892).
[P. réf. au sang, principe corporel, véhicule des passions] Enfin la décroissance commençait. Il était authentique dans Alençon que le sang tourmentait mademoiselle Cormon (Balzac,Vieille fille, 1836, p. 314).
c) [à l'aspect vital et stimulant, notamment à propos d'un sang nouveau] Insuffler un sang nouveau. Offenbach, avec sa nature primesautière, son instinct merveilleux des ressources du théâtre, infusait à l'Opéra-Comique un sang nouveau (Saint-Saëns,Harm. et mélod., 1885, p. 219).
En partic. Sang(-)frais. Éléments nouveaux et notamment nouveaux capitaux. À cet apport en « oxygène » ou en « sang-frais » s'ajoutent d'ailleurs ceux de la technique d'Outre-Atlantique: il est difficile de nier qu'en matière de génie industriel alimentaire la plupart des grandes inventions nous viennent des États-Unis (L.-V. Vasseur, J.-J. Bimbenet, M. Hillairet, Les Industr. de l'alim., 1966, p. 82).
5. Loc. Au sang, jusqu'au sang. Jusqu'à ce que le sang affleure. Mordre, pincer, se gratter jusqu'au sang. Il se rongeait les ongles jusqu'au sang, ce qui lui gâtait les mains (France,Vie fleur, 1922, p. 400):
2. Il y eut un temps où les enfants étaient fouettés au sang. L'enfance de Gorki retardait seulement d'un siècle sur la nôtre. Locke que les pédagogues lisent encore, je ne sais pourquoi, ne connaît d'autre moyen que le fouet pour corriger l'enfant menteur. Alain,Propos, 1921, p. 312.
En sang. Couvert de sang. Bloch fut arrêté, jeté dans une cellule du sinistre fort Montluc, battu, torturé par des brutes. On le vit dans les locaux de la Gestapo, le visage en sang (L. Febvre,M. Bloch et Strasbourg, [1947] ds Combats, 1953, p. 407).
6. BIOL., MÉD.
a) Liquide rouge des vertébrés (blanc ou diversement coloré chez les autres animaux), visqueux, d'une odeur fade, légèrement salé, constitué d'une partie liquide (le plasma) et d'éléments figurés (les globules, les plaquettes) et qui, propulsé par le cœur dans un système fermé de vaisseaux (appareil circulatoire), remplit de multiples fonctions essentielles à l'organisme (notamment la fonction nutritive, respiratoire, excrétoire, immunisante). La moelle osseuse (...) semble posséder les mêmes fonctions hématopoïétiques − fabrication des globules rouges du sang − que la rate et les ganglions lymphatiques (G. Gérard,Anat. hum., 1912, p. 7).[Ludwig] a étudié (...) les gaz du sang au cours du travail musculaire (...), la pression du sang dans les capillaires (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 477).
b) Sang artériel/sang veineux
Sang artériel. Sang circulant dans les artères, enrichi par l'oxygène dû à la respiration et qui est d'un rouge vif. [Le foie] reçoit d'une part du sang artériel par l'artère hépatique et d'autre part la quasi-totalité du sang veineux provenant du tube digestif par la veine porte (Quillet Méd.1965, p. 128).
Sang veineux. Sang que les veines ramènent au cœur et qui est d'un rouge foncé. Il n'est nullement exact que le sang veineux soit radicalement impropre à entretenir la vie (Cadet de Gassicourt,Mal. enf., t. 2, 1882, p. 26).
c) Sang laqué*.
d) Coup de sang. Congestion. Mourir d'un coup de sang. De ces lettres disparues, brûlées, des phrases entières retenues par cœur hantaient la mémoire de l'amoureux, lui montaient au visage en coups de sang (A. Daudet,Sapho, 1884, p. 83).
e) ZOOL., vieilli
(Animaux) à sang chaud. Synon. mod. homéotherme.Abats. Les animaux à sang chaud fournissent des parties accessoires d'une valeur alimentaire variable (Macaigne,Précis hyg., 1911, p. 217).
(Animaux) à sang froid. Synon. mod. poïkilotherme (s.v. pœcilo-).Pendant les époques sèches ils [les escargots] se retirent dans les fossés (...). Sans doute y voisinent-ils avec d'autres sortes de bêtes à sang froid, crapauds, grenouilles (Ponge,Parti pris, 1942, p. 30).
SYNT. Sang épais et noir (ou noirâtre); sang rapide (et riche); sang vif (et vermeil); sang pauvre ou appauvri; sang extravasé; faire une prise de sang; tirer (à qqn) une palette de sang; caillot de sang; sang coagulé; types de sang (groupes sanguins); purifier, rafraîchir le sang; circulation du sang; régulation du sang; teneur du sang en (eau, glucides, protides, sels); taux du sucre dans le sang; sérum, fibrine, plaquettes du sang; (remède) qui arrête le sang (synon. hémostatique); coagulation du sang; hémoglobine du sang; la masse du sang; tension du sang dans les vaisseaux; transfusion du sang; poison, altération, maladies du sang; don, banque du sang; prise de sang; donneurs de sang bénévoles; sang frais, rouge, vivant; sang séché; sang hémorroïdal; sang menstruel; cracher du/le sang (à pleine bouche); rendre le sang par la bouche; pisser le sang; vomissement de sang.
7. ART CULIN. [En parlant d'une viande] Faire du sang (Ac.1878).Canard au sang. Caneton nantais de six à huit semaines que l'on rôtit une vingtaine de minutes et dont les cuisses découpées et les filets levés et coupés en fines tranches sont ensuite mêlés à une préparation faite à partir du sang de la carcasse pressée sous une presse spéciale, auquel sont ajoutés un consommé (préparé à partir d'une autre carcasse), un verre de porto, un autre de cognac et du foie haché cru (d'apr. La Reynière, Le Canard de la Tour [d'argent à Paris] ds Le Monde, 21 juill. 1990, p. 13). De cette dernière espèce est aussi le canard de Rouen, mort étouffé, plus connu sous le nom de canard au sang sur les cartes (La Reynière,Le Canard de la Tour [d'argent à Paris]ds Le Monde, 21 juill. 1990, p. 13).
8. Dans le domaine alim. ou agro-alim. (notamment dans la fabrication du boudin, d'engrais).Sang cuit, desséché, pulvérisé; farine de sang:
3. Ce soir là (...) Quenu (...) dut s'occuper du boudin (...). − Passez-moi le sang! cria Quenu (...). Auguste apporta les deux brocs. Et, lentement, il versa le sang dans la marmite, par minces filets rouges, tandis que Quenu le recevait, en tournant furieusement la bouillie qui s'épaississait. Zola,Ventre Paris, 1873, p. 689.
9. PÊCHE. Pêche au sang. L'emploi du sang semble réservé à la capture des Chevaines, mais certaines autres espèces n'en font pas fi, notamment les Gardons, les Rotengles, les Brèmes et même les Anguilles. (...) la pêche du Chevaine au sang demande de rôder (Pollet1970).
10. Au fig. ou p. métaph.
a) Avoir un/le sang chaud. Être ardent ou irascible. Ce Laroche, le vieil ouvrier délinquant, ne valait absolument rien; il n'avait pas, comme Tonsard, un sang chaud et vicieux, il était animé d'une haine sourde et froide, il travaillait en silence, il gardait un air farouche (Balzac,Paysans, 1850, p. 339).Avoir un/le sang froid. Être glacial, indifférent. La Môle: Patience, mon cher compagnon! (...) Cocomas: Mordi! comme vous avez le sang froid (Dumas père, Reine Margot, 1847, i, 1ertabl., 2, p. 6).
b) Être piqué au sang. Être piqué au vif. Elle s'arrêta enfin à une lettre anonyme (...). Si Ragu n'était pas, d'un coup, piqué au sang, exaspéré jusqu'à la démence, frapperait-il jamais? (Zola,Travail, t. 2, 1901, p. 28).
c) Faire bouillir le sang à qqn. Émouvoir. Je n'avais rien en tête, tu sais. C'était une escapade de collégien. La guerre du Farghestan ne me fait pas bouillir le sang, je t'avoue (Gracq,Syrtes, 1951, p. 67).Avoir le sang qui bout, bouillonne (ou pétille dans ses veines); son sang n'a fait qu'un tour. S'enflammer. Ce garçon est vierge et a atteint l'âge où le sang bouillonne (Huysmans,À rebours, 1884, p. 95):
4. ... le lion baissa la tête et, prenant dans sa gueule une sébile en bois posée devant lui sur le trottoir, il la tendit humblement du côté de Tartarin immobile de stupeur (...). Alors Tartarin comprit tout (...). Le sang du Tarasconnais ne fit qu'un tour: « Misérables », cria-t-il d'une voix de tonnerre, « ravaler ainsi ces nobles bêtes! » Et, s'élançant sur le lion, il lui arracha l'immonde sébile d'entre ses royales mâchoires... A. Daudet,Tartarin de T., 1872, p. 112.
d) Glacer le sang à; (son) sang (qui) se glace (dans ses veines); sang qui se glace d'effroi. Causer de l'effroi, ressentir de l'effroi. Le seul mot de république aurait suffi pour égarer sa raison, pour glacer son sang dans ses veines. La république n'avait jamais représenté pour lui que l'incendie, le meurtre et le pillage (Sandeau,Sacs, 1851, p. 45).L'étudiant retournait dans sa tête des idées contradictoires, auxquelles il était facile de répondre. Mais soudain, son sang se glaça (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 374).
e) Avoir du sang dans les veines/ne pas avoir de sang dans les veines ou, fam., avoir du sang de poulet, de navet. Être/ne pas être énergique ou courageux. MmeRenard répétait: « T'es pas un homme, t'es pas un homme. T'as du sang de poulet dans les veines » (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Trou, 1886, p. 580).V. navet B 1 a ex. de Montherlant.
f)
α) Fam. Se faire du bon sang; se payer une pinte de bon sang. S'en donner à cœur joie, s'amuser. [Le gamin] siffla, il eut un de ses rires aigus de vaurien échappé de l'école, qui se faisait du bon sang (Zola,Débâcle, 1892, p. 283).Chaque matin je me fais une pinte de bon sang à la lecture de ces fariboles et prévisions [des affiches électorales], que les événements démentent avec une remarquable régularité (L. Daudet,Brév. journ., 1936, p. 229).
β) Se faire du mauvais sang; se faire un sang d'encre. Se faire du souci, se tourmenter. M. de Charlus, se rappelant qu'il était de race plus pure que la Maison de France, se disait qu'il était bien bon de se faire tant de mauvais sang pour le fils d'un maître d'hôtel (Proust,Sodome, 1922, p. 1067).
γ) Au plur. ds des loc., pop., vieilli
Se faire des sangs; se manger, se ronger le/les sang(s); se rouiller les sangs (rare). S'inquiéter terriblement. Elle dépérissait de chagrin; son mari aussi vieillissait, « se mangeait les sangs », disait-on, se consumait en espoirs inutiles (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 41).Demain, ils vont m'enlever l'eau!... Monsieur est en bombe!... Moi, je me rouille les sangs!... Ce sale raté! (...) avec ce détraqué depuis trente-cinq ans bientôt, je ne sais même pas ce qu'il va faire d'une minute à l'autre (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 489).Je m'en doute, que Monsieur se fait des sangs, et je le comprends (L. Daudet,Phryné, 1937, p. 135).
Faire tourner/retourner les sangs (à qqn); se tourner les sangs ou en avoir les sangs tournés (rare). Ah! madame, dit mademoiselle Joséphine (...) j'en ai les sangs tournés! (Mérimée,A. Guillot, 1847, p. 91).Gervaise se tournait les sangs: ce n'était pas l'occupation d'un homme, de faire du café (Zola,Assommoir, 1877, p. 470).Elle a vu dans la rue Vivienne un cheval emballé! Elle est revenue décomposée! Ça lui a retourné tous les sangs!... Jamais je l'avais vue si nerveuse! (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 383).
B. − En partic.
1.
a) [À propos du sang versé, du sang tel qu'il peut s'écouler pour des raisons pathol., traumatiques ou seulement physiol.] Émission, grande perte de sang; (être) couvert, fumant de sang; altéré, avide de sang; bain, effusion de sang; nager dans son sang; filet, jet de sang tiède; écraser, noyer (une insurrection, une révolte) dans le sang; inonder un pays, une ville de sang; inonder la terre d'un sang innocent, du sang des martyrs; répandre à flots le sang humain; le sang coule d'une plaie; le sang jaillit, ruisselle; fleuve, flot, ruisseaux de sang; flaque, mare, mer(s) de sang; la terre étant toute abreuvée, baignée, trempée de sang; abhorrer le sang. Dans une chambre tiède (...) Un cadavre sans tête épanche, comme un fleuve, Sur l'oreiller désaltéré Un sang rouge et vivant, dont la toile s'abreuve Avec l'avidité d'un pré (Baudel.,Fl. du Mal, 1857, p. 197).La peur de verser le sang n'est pas le respect de la vie d'autrui. Cette horreur du sang répandu est aujourd'hui généralisée chez les hommes (Mounier,Traité caract., 1946, p. 136).
b) Spécialement
α) RELIG. CHRÉT. Le Sang Sacré, le Sang Précieux. Le sang de Jésus-Christ qu'il a répandu (à la flagellation, au couronnement d'épines, à la crucifixion) pour le rachat des hommes. Contre ces Manichéens, le pape Gélase écrivait (...): « Nous avons découvert que quelques-uns prennent seulement le saint corps et s'affranchissent du sang sacré. Il faut que ceux-là reçoivent les deux parties ou soient privés des deux (...). » (Boegnerds Foi et vie, 1936, p. 124).Je m'attendais à communier de sa main, et seulement sous l'espèce du pain, mais il avait laissé du Précieux Sang dans le calice et me le désigna (Billy,Introïbo, 1939, p. 153).
P. ext. Le ,,sang de Jésus-Christ, dans le calice, après la « conversion » du vin`` (Marcel 1938). Synon. le vin eucharistique*.
La Chair et le Sang (de Jésus-Christ). Le Chapelain: Je n'aurais jamais cru que Rubens fût un prédicateur de l'Évangile. Le Vice-roi: Et qui donc mieux que Rubens a glorifié la Chair et le Sang; cette chair et ce sang mêmes qu'un Dieu a désiré revêtir et qui sont l'instrument de notre rédemption? (Claudel,Soulier, 1929, 2ejournée, 5, p. 735).
β) VÉN. Faire sang. ,,En parlant de l'animal blessé, semer des taches de sang sur sa voie de fuite`` (Burn. 1970).
Chien de sang. Chien spécialisé dans la recherche du grand gibier blessé. Synon. chien de rouge*.Le chien de rouge ou de sang ne doit pas être confondu avec le chien de rapport ou retriever, car sa tâche est de retrouver et il lui serait impossible même de traîner un grand animal (Duchartre1973, s.v. rouge).
2. Locutions
a) Avec valeur d'adj. Subst. + de sang
[Le subst. désigne un individu] Qui ne répugne pas à répandre le sang, sanguinaire. On s'est attaché particulièrement à prouver que le Tribunal Révolutionnaire était un tribunal de sang, créé par moi seul... Ce cri retentissait dans toutes les prisons (Robesp.,Discours, 1794ds Rec. textes hist., p. 86):
5. Le curé ne s'était nullement refusé à recevoir (...) des soldats prussiens (...) mais il ne fallait pas lui demander un seul tintement de sa cloche (...). C'était sa manière à lui de protester contre l'invasion (...) la seule (...) qui convînt au prêtre, homme de douceur et non de sang. Maupass.,Contes et nouv., t. 2, MlleFifi, 1881, p. 159.
[Le subst. désigne l'acte à l'orig. de l'effusion de sang] Crime de sang. Synon. de assassinat, homicide, meurtre.À côté de l'homicide et de ses variétés, englobés dans l'appellation générale de « crimes de sang » (...), la création de la propriété individuelle a déterminé l'apparition d'une autre catégorie délictuelle, les crimes contre les biens (Traité sociol., 1968, p. 214).
P. métaph. Tandis que les cuivres de l'orchestre crachent des notes de sang et de carnage, les ténors et les basses hurlent, au-dessus des lignes, le bonheur barbare des tueries héroïques (Bruneau,Mus. Russie, 1903, p. 185).
Au fig. Écrire, graver (qqc.) en lettres de sang. V. lettre I A 2.
[P. réf. à certains rites de fraternité de sang] Les hommes qui ont accompli les rites de la fraternité de sang ont acquis les mêmes droits que leurs nouveaux frères sur les épouses de ceux-ci: l'échange des femmes paraît comme un sceau supplémentaire au pacte qu'a déjà scellé l'échange du sang (Cuisinier,Danse sacrée, 1951, p. 32).
Vieilli. [À propos d'un duel] Duel au dernier sang. Duel à mort. P. oppos. Duel au premier sang. Duel avec arrêt à la première blessure de l'un des adversaires. (Dict. xixes.).
b) Loc. verb.
Le sang a coulé, a été répandu. Il y a eu des morts et/ou des blessés. Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots Avec le nouveau-né... Avec l'enfant nouveau... La mère qui crie... L'enfant pleure... Le sang coule... La terre tourne La terre n'arrête pas de tourner Le sang n'arrête pas de couler Où s'en va-t-il tout ce sang répandu (Prévert,Paroles, 1946, p. 120).La plupart des journaux (...), des placards invectivaient contre les lois de messidor. (...) on en vint aux mains. Dans plusieurs villes, à Rouen, Amiens, Caen, des conflits semblables troublèrent l'ordre; à Bordeaux, le sang coula (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 543).
[À propos du sang sacrificiel] Demander à Dieu d'agréer le sang. Le fait du sacrifice de quelqu'un ou de quelque chose pour le bénéfice du croyant (Christ, bouc émissaire) est une idée absolument étrangère à l'islâm (...); de même celle en vertu de laquelle il pourrait être agréable à Dieu d'agréer le sang, la fumée, l'odeur du sacrifice (G.-H. Bousquet, Prat. rit. Islâm, 1949, p. 115).
c) Au fig. ou p. métaph.
Le cri du sang (de la victime, qui réclame vengeance). Le cri du sang a pour toujours séparé ces deux hommes [le juge et le frère du condamné] (Chateaubr.,Mél. pol., t. 1, 1814, p. 101).
Le prix du sang d'un soldat. Le prix de sa vie. C'est pourtant ce système entier [de l'équilibre européen] (...) que tous les maîtres de notre jeunesse nous avaient appris à considérer avec respect comme (...) le prix du sang de nos soldats, c'est tout cela (...) qui a été mis (...) à l'écart et à l'index par les théoriciens du droit nouveau (A. de Broglie,Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 238).
Arg. des soldats. Le sang des autres. ,,La Décoration de la Légion d'honneur ou de la Croix de guerre, quand elle est attrapée par faveur ou atteinte à l'ancienneté`` (Esn. Poilu 1919, p. 480).
Loc. verb.
Avoir les mains pleines de sang. Être coupable ou responsable de meurtre, d'assassinat. Les habitants de Juda étaient des enfants rebelles; ils étaient couverts de crimes. Non seulement Jahvé les en punit; mais il rejette encore leur culte purement extérieur, parce que leurs mains sont pleines de sang (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 990).
Boire, sucer le sang (à qqn). (L')affaiblir, (l')épuiser dangereusement. [La Bohémienne à sa bru:] Mon Tiarko malade, c'est à cause de toi, qui lui buvais le sang (...) tu l'empêchais de dormir (Richepin,Miarka, 1883, p. 32).Buveurs de sang (d'un peuple). Exploiteurs féroces, forcenés. Les Thermidoriens pourchassèrent les Jacobins et disloquèrent le gouvernement révolutionnaire; sous le couvert de la réaction contre les « buveurs de sang » et de la Terreur blanche (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 433).
Donner, verser son sang pour la patrie, pour défendre quelqu'un; verser (pour qqn) la dernière goutte de son sang. Donner sa vie pour. Je verserois mon sang pour le défendre; mais celui des chrétiens m'est trop cher pour rendre la liberté au vainqueur de Jérusalem (Cottin,Mathilde, t. 2, 1805, p. 297).Nous sommes prêts à verser pour vous la dernière goutte de notre sang (Chateaubr.,Mém. , t. 2, 1817, p. 308).
S'emparer (de qqc.) par le sang. S'emparer (de quelque chose) par la force des armes, en faisant couler le sang. Après avoir anéanti ceux qui, comme Carthage, avaient essayé de lui tenir tête; après s'être emparé, par le sang et la terreur, de l'Espagne et de la Gaule, le colosse [l'empire romain] exploitait méthodiquement son butin (P. Rousseau,Hist. transp., 1961, p. 46).
Mettre à feu et à sang. Saccager en brûlant et en massacrant. Le pays, qui avait été mis à feu et à sang, n'eut à donner, en échange des marchandises qu'on lui apportait, ni son coton, ni son indigo (L. Blanc,Organ. trav., 1845, p. 74).Vous n'allez tout de même pas mettre Paris à feu et à sang? (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 194).
Payer de son sang. Payer de sa vie; p. ext., payer très cher. Depuis qu'Anna est là, mes oiseaux sont plus heureux, et moi, je suis plus calme. Elle vous montrera les bêtes qu'elle sauve et je vous apprendrai la vérité. J'ai payé de mon sang pour la connaître (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 147).
Suer* sang et eau (fam.).
[Notamment en assoc. avec chair] Substance, réalité concrète. Ce que les illettrés de la musique appellent non sans mépris, « des accompagnements », ou ironiquement « de la science », c'est la chair et le sang de l'art musical, c'est sa substance tout simplement (Saint-Saëns,Harm. et mélod., 1885, p. 272).La cohésion de l'interprétation lui vaut aussi son unité dramatique, par son rythme, qui est le faisceau de tous les rythmes individuels, par sa note dominante: passion, folie, horreur ou allégresse. L'œuvre prend vie du sang de tous (Serrière,T.N.P., 1959, p. 156).
3. HIST. DE LA RELIG. CATH. Baptême du sang. Le martyre souffert sans avoir reçu le baptême. Le baptême du sang suffit pour acquérir la gloire éternelle (Ac.1878).
Au fig. Mes tendresses (...), si j'en ai jamais eues de véritables, puisaient une force nouvelle dans ces tortures de toutes les minutes. Il faut peut-être que l'amour soit comme les religions viables et qu'il ait son baptême de sang (Du Camp,Mém. suic., 1853, p. 299).
4. [Dans des jurons]
Vieilli. (Par le) sang de Dieu! (Par le) sang du Christ! Synon. p. euphém. palsambleu.« Qui est-ce là? » répéta le Suisse d'une voix tremblante, son arquebuse couchée en joue (...). « Ohé! ohé! l'ami, gardez-vous bien de bouter le feu à votre escopette. Là, là! sang de Dieu! Vous ne respirez que morts et carnage! » s'écria le nain (Bertrand,Gaspard, 1841, p. 146).Ulric: Sang du Christ! laisse-moi passer, Mansfeld! Mansfeld: Non! (Il tire son épée). Ulric: Ah! c'est ainsi! Ah! tu le veux! (Feuillet,Scènes et prov., 1851, p. 226).
En compos. Sang-dieu! Il faudrait un dithyrambe Pour célébrer tes appas. Car, sang-dieu! ton bas de jambe Ne ment pas (Richepin,Caresses, 1877, p. 103).
Bon sang! bon sang de bon sang! bon sang de + subst. Bon sang de bon sort, quelle course! râla Croquebol époumonné (Courteline,Train 8 h 47, 1888, 2epart., 8, p. 190).Ah! Cette bon sang de guerre, les Boches seront les seuls à s'en relever vite (Proust,Temps retr., 1922, p. 844).
Au plur., rare, vieilli. [Le chemineau:] Tout ça ne compte pas, peut-être? Mais, bons sangs! Tu m'en offrirais pour des mille sur des cents (...) Que je ne voudrais pas troquer! (Richepin,Chemineau, 1897, iv, 5, p. 118).
5. P. méton. Violence. S'agissant de la Tunisie, l'orateur voudrait que M. Edgar Faure dît (...) s'il ne reconnaît pas que la violence et le sang ont toujours été le prix de la faiblesse (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 5, col. 5):
6. Ces feuilles, auxquelles on a donné le nom de « canards », qui comportent à la fois un texte et une gravure (...), sont les lointaines aïeules de l'illustré (...). Elles sont consacrées aux événements militaires, aux massacres, aux faits singuliers (...). C'est déjà dans le domaine graphique la recherche du sensationnel, le goût trop humain du sang et du mystère. Civilis. écr., 1939, p. 34-9.
Sang à la une. ,,Fait divers violent qui figure habituellement en page une des journaux à grand tirage pour en favoriser la vente`` (cfpj Presse 1982).
P. méton. ,,Exploitation systématique des informations ayant trait aux crimes et catastrophes`` (cfpj Presse 1982).
II. − [Le sang traditionnellement considéré comme le vecteur des caractères héréditaires et raciaux]
A. −
1. [À propos de l'hérédité de caractères biol., mor.] Celui-là, incontestablement, par un lignage quelconque, a reçu du sang infusé dans ses veines les vertus supérieures, les mérites sacrés que l'on voit exister en lui, que le monde ambiant ne lui a pas communiqués (Gobineau,Pléiades, 1874, p. 20).La seconde partie a plus d'élan (...) le sang italien y coule et l'anime (P. Lalo,Mus., 1899, p. 387).
Loc. Avoir (qqc.) dans le sang. L'avoir par nature, de naissance. Avoir le métier dans le sang. Les Espagnols ont les courses dans le sang et les leur interdire serait « grande violence » (Montherl.,Bestiaires, 1926, p. 514).
Il a ça dans le sang. C'est inné, c'est d'instinct. Il avait ça dans le sang, disait-il, ça le démangeait d'en descendre quelques-uns, depuis les récits de 1814, dont on avait bercé son enfance, là-bas en Alsace (Zola,Débâcle, 1892, p. 217).
Pop. Avoir (qqn) dans le sang. L'aimer follement. Synon. avoir (qqn) dans la peau (v. peau A 2 a β).[Berthe:] On sait ce que c'est que d'avoir un homme dans le sang (L. Daudet,Ariane, 1936, p. 151).
2.
a) Extraction, souche, lignée, famille. Être lié par le sang; être du même sang; être d'un sang illustre; être de sang auvergnat, breton; d'un sang breton, méditerranéen, du vieux sang florentin; avoir du sang irlandais, portugais. Ah! monsieur et cher père, est-ce bien vous? (...) Et vous m'apportez les papiers à l'aide desquels il me sera possible de constater le sang dont je sors? (Dumas père, Villefort, 1851, i, 2etabl., 10, p. 159):
7. Si nous avons, nous modernes, une sensibilité si fine et une « nervosité » dont nous sommes fiers (...), c'est peut-être que les hommes du moyen âge, dont nous sommes le sang, ont eu des passions autrement violentes, ce semble, des douleurs, des aspirations, des épouvantes intimes autrement variées que les Grecs anciens. Lemaitre,Contemp., 1885, p. 159.
Tenir qqc. du sang paternel/maternel. MlleJudici tenait du sang paternel cette peau jaunâtre au jour, qui, le soir, aux lumières, devient d'une blancheur éclatante (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 406).
Le sang de/des. Les Français n'ont-ils pas essayé assez longtemps le sang des Capets? Ils savent par une expérience de huit siècles que ce sang est doux; pourquoi changer? (J. de Maistre,Consid. sur Fr., 1796, p. 101).
Frère, sœur de sang. Du même sang, issu(e) des mêmes parents. À une certaine distance [du tombeau] elles [les femmes qui célèbrent le rite de clôture du deuil] rencontrent un frère de sang de la morte qu'accompagnent quelques-uns de ses frères tribaux (Durkheim,Formes élém. vie relig., 1912, p. 564).
b) Les liens du sang, le sang. Liens de parenté, attachement entre les membres d'une même famille. Le sang est plus fort que les décrets de la politique et que les commandements de la religion (Barrès,Amit. fr., 1903, p. 208).Ce fut une théorie chère aux encyclopédistes que celle de l'indifférence aux origines des individus; pour eux les liens du sang étaient des puérilités, le milieu social ne comptait pas, seul valait l'homme (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 725).
P. métaph. (La) voix du sang. Sentiment d'affection instinctive liant les membres d'une même famille. Les voix des générations disparues se répondaient en lui, mêlées aux échos du terroir, ces voix du sang qui ne se taisent plus, une fois éveillées (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 182).
(Avoir du) sang bleu. (Être d')origine aristocratique. V. bleu I B 1.
Droit du sang. Droit que la naissance donne. Il parvint à la couronne par le droit du sang (Ac.1935).
Prince, princesse du sang. Prince, princesse issu(e) de la famille royale par les mâles. [Les notables] le déçurent et, le 12 décembre, les princes du sang remirent à Louis XVI une supplique qui, par sa clarté et son accent pathétique, peut être considérée comme le manifeste de l'aristocratie (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 122).
Proverbe. Beau/bon sang ne peut/ne saurait mentir. Les qualités (ainsi que les défauts) des parents se retrouvent chez les enfants. Bon sang ne peut mentir, après tout. Le papa vend de la mauvaise bière, et la fille... On vend ce qu'on a (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p. 88).
B. − [À propos de l'hérédité de caractères phys., notamment raciaux]
1. Race d'hommes. Antagonisme de deux sangs. Le nez, droit quand le sang est pur, s'élargit vers la base, quand il n'y a qu'un faible mélange de sang nègre (Fromentin,Été Sahara, 1857, p. 160).
2. En partic.
a) Mêler les sangs. Croiser des races. Mélange des sangs. Pour la première fois les anarchistes avaient voté, afin d'obtenir la libération des prisonniers des Asturies. C'étaient des sangs asturiens mêlés que montaient l'unité de Barcelone et l'espoir qu'avait Puig de voir se maintenir cette oriflamme rouge et noire enfin déployée, et qui jusqu'alors n'avait été qu'un drapeau secret (Malraux,Espoir, 1937, p. 451).
Loc. adj. ou subst. Subst. + au/de sang mêlé.Des femmes qui ne sont plus les Allemandes de Berlin, mais des femmes au sang mêlé, des femmes sensuelles (...); des femmes brunes, des métisses de Russes, de Hongroises, de Croates et de Bohêmes (Goncourt,Journal, 1860, p. 816).
Empl. subst. Un/une sang-mêlé*.
b) [À propos des animaux, notamment des chevaux] Cheval de sang/de pur sang. Cheval de race. [Montluc] avoue ses opiniâtretés, ses colères, qui sentent le cheval de sang et de race (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 11, 1854, p. 64).
Cheval demi-sang, pur-sang, p. ell. demi-sang*, pur-sang*.
P. anal. [En parlant d'une pers.] Authentique, véritable. Je dis à mon compagnon, M. Martini, un méridional pur sang: « Voilà, certes, un des plus rares spectacles qu'il m'ait été donné d'admirer (...) » (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, MmeParisse, 1886, p. 729).
REM.
Sanguette, subst. fém.,art culin. Mets préparé avec du sang de volaille, mêlé d'ail, de persil et de petits lardons, et poêlé. Le goût de la sanguette est, à peu de choses près, celui du boudin (Ac. Gastr.1962).
Prononc. et Orth.: [sɑ ̃]. Homon. sans, cent et formes de sentir. Pas de liaison sauf parfois dans La Marseillaise: sang impur [sɑ ̃kε ̃py:ʀ] et dans suer sang et eau [sɑ ̃keo]. V. joug. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin xes. « liquide rouge qui, circulant par les artères et les veines, entretient la vie » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 386); 1520 sang arterial, sang veynal (Jean Falcon, Notables sur le Guidon, f o71 ds Sigurs, p. 299); spéc. α) 1781 zool. animaux à sang chaud, à sang rouge, à sang froid, à sang blanc (Valmont de Bomare, I, 272 d'apr. FEW t. 11, p. 170a); β) 1740 cuis. lièvres au sang, pigeons au sang (Ac.); b) ca 1050 relig. chrét. sanc precïus en parlant du sang que Jésus Christ a répandu pour la rédemption des hommes (Alexis, éd. Chr. Storey, p. 67); 2. ca 1100 « le sang évoquant la mort violente » (Roland, éd. J. Bédier, 2872); 1remoit. xiies. humes de sancs (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, 58, 2); id. mains laver en sanc del pecchedur (ibid., 57, 10); 1574 se baigner dans le sang (Garnier, Cornelie, III, 817 ds M. Wiedemann, Le Thème du sang dans les tragédies de Corneille et de Racine, p. 34); 1625 tremper ses mains dans le sang (Hardy, Mariamme, II, 1, 343, 344, ibid.); 1636 mettre en sang (Tristan, Mariane, V, 2, 1622, ibid.); 1694 se battre au premier sang (Ac.); 3. a) ca 1165 en parlant de divers états de l'âme qui semblent correspondre à divers états du sang (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 8853: Mout fut iriez Polidamas E sanc mua e la color); 1176 (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4964: Li sans au la face li monte); 1574 le sang gèle à qqn dans les veines (Garnier, op. cit., II, 403 ds M. Wiedemann, loc. cit.); 1583 le sang de qqn se glace dans les veines (Id., Les Juifves, IV, 1351, ibid.); 1624 le sang bout a qqn dans les veines (Hardy, Didon, II, 3, 502, ibid.); 1673 rafraîchir le sang (Molière, Malade imaginaire, I, 1); 1685, 15 août échauffer le sang (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 232); 1718 cela fait faire du mauvais sang (Ac.); b) α) 1346 « ardeur, énergie de tempérament » a sang rassis (Miracles de Nostre Dame, éd. G. Paris et U. Robert, I, 366); 1538 estre de sang rassis (Est., s.v. sanus); 1456-67 ravoir son sang (Les Cent Nouvelles nouvelles, II, 135, éd. F. P. Sweetser, p. 35); 1554 avoir du sang aux ongles « être brave » (Thevet, Cosmogr., IX, 17 ds Hug.); 1798 n'avoir pas de sang dans les veines (Ac.); β) 1608 un sanc bouillant « un homme vif, impétueux » (Palma Cayet, Chron. nov., p. 673 ds Gdf. Compl.); 4. 1600 « le sang considéré comme le bien le plus précieux » (Fauchet, De l'origine des dignitez de France, II, p. 59 ds La Curne); 1588 suer sang et eau (Ollenix du Mont-Sacré, Sec. liv. des berg. de Julliette, f o419 r ods Gdf. Compl., s.v. suer); 1647 donner son sang pour qqn (Corneille, Rodogune, II, 4, vers 702); 1690 payer de son sang (Fur.). B. 1. Fin xiie-déb. xiiies. « famille » (Le Chastoiement d'un père à son fils, éd. A. Hilka et W. Söderhjelm, p. 160); 1368 estre du sang de (Ord., V, 113 ds Gdf. Compl.); 1360-70 boins sans ne poet falir (Baudoin de Sebourc, IX, 441, ibid.); 1577 le vray sang qui ne peut mentir (Belleau, La Reconnue ds Anc. théâtre fr., t. 4, p. 433); 2. 1625 « le sang; les sentiments d'affection entre les membres d'une même famille » (Hardy, La Force du sang); 1677 liens du sang (Racine, Phèdre, IV, 1); 1715 la voix du sang (Lesage, Gil Blas, X, 2); 3. 1718 en parlant de races d'hommes (Ac.). Du lat. sanguem (ca 200, CIL 6, 2104, 22 d'apr. FEW t. 11, p. 178a), acc. d'une forme parisyllabique issue du lat. class. sanguis, sanguinis « sang qui coule », « sang en tant que constituant la parenté ou la descendance », « sang en tant que symbole de la force ». Fréq. abs. littér.: 15 407. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 22 759, b) 24 744; xxes.: a) 25 204, b) 17 685. Bbg. Godineau (D.). Buveur de sang, sang, sanguinaire (an III). Dict. des usages socio-politiques (1770-1815). 1. Paris, 1985, pp. 39-53. − Kristol (A. M.). Color. Berne, 1978, p. 209. − Mon sang n'a fait qu'un tour. Fr. mod. 1943, t. 11, pp. 139-145. − Quem. DDL t. 2, 10, 12, 13, 16, 19, 25, 28, 31, 32. − Sacré (J.). Un Sang maniériste. Neuchâtel, 1977, 183 p. − Sangs. Prés. par M. Milner. Romantisme. 1981, n o31, pp. 5-245.