| SALTIMBANQUE, subst. A. − Le plus souvent au plur. 1. Comédien ou marchand ambulant dont la profession est d'amuser la foule dans les foires ou sur les places publiques, avec des acrobaties, des tours d'adresse ou de force, ou grâce à des boniments. Synon. baladin, banquiste (pop.), bateleur (vx), bouffon (vx), charlatan (vx), forain2, jongleur.Troupe de saltimbanques; baraque, roulotte, voiture de saltimbanques; boniment, parade de saltimbanques. V. acrobate ex. 2 et 4, baladin ex. 3, bateleur ex. 1: Tous les deux avaient le goût de l'Art, comme ils disent.
La fille chante quelque part.
Le fils a pris un métier plus infâme:
Il écrit dans la feuille publique pour l'amusement de la foule,
Tel que le saltimbanque qui joue de la flûte, la tête en bas.
Claudel, Violaine, 1901, IV, p. 644. − Empl. adj. ou en appos. P. anal. [Pour un animal de foire] Voyez-vous, mon ami, mes pauvres ours saltimbanques donnent la clef de beaucoup de prodiges (Hugo, Rhin, 1842, p. 157). 2. P. ext. Professionnel du spectacle; comédien. Au niveau de l'état-major du P.d.g., les « saltimbanques » − artistes, créateurs et techniciens − affrontent M. Alain Dangeard, directeur général adjoint, et M. Xavier Larère, délégué à la production (L'Express, 1eroct. 1973, p. 84, col. 3).V. acrobate ex. 4. ♦ [Dans un cont. péj.] Faire d'une honnête créature, que j'aurais fini par épouser dans mes vieux jours, une vaurienne, une saltimbanque, une fille d'opéra? (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 110). B. − P. anal., fam., péj. 1. Bouffon de société ou mauvais orateur, outré dans ses paroles et dans son comportement. − En appos. avec valeur d'adj. Quelque bourgeois saltimbanque que la foule absurde entoure et acclame dans les bals publics (Murger, Scène vie boh., 1851, p. 235).Ce Franck a (...) un geste saltimbanque (...). Il parle toute la soirée des grands martyrs de la pensée (...), me faisant l'effet d'un Juif (...) qui a pris le commerce des hautes blagues hypocrites (Goncourt, Journal, 1869, p. 534). 2. Homme qui, par son manque de sérieux, sa légèreté, ne se montre pas digne de considération. Synon. clown, fantoche, marionnette, pantin, sauteur.Hier, ce matin encore, je le défendais contre toi-même. Sa passion l'égare, me disais-je; ce n'est qu'un dépit amoureux (...); après deux heures de recueillement et de méditation silencieuse, je reconnaissais que ton vicomte n'est qu'un saltimbanque et un chenapan (Sandeau, Sacs, 1851, p. 28). Prononc. et Orth.: [saltε
̃bɑ
̃:k]. Ac. 1694: saltinbanque; dep. 1718: -tim-. Étymol. et Hist. 1615 « bateleur de foire » (J.-P. Camus, Homélies des États Généraux, p. 263: des saltimbanques [en it. ds le texte] qui font à l'envy pour debiter au vulgaire leurs denrees); 1661-78 au fig. (Cardinal de Retz, Mém., éd. A. Feillet, t. 2, p. 235). Empr. à l'ital.saltimbanco « acrobate de foire » (dep. xviies. d'apr. DEI; saltimbanca au xvies., A. Caro d'apr. Hope, p. 221), comp. de salta (de saltare, sauter*), in (en*) et banco « banc, estrade » (banc*). Fréq. abs. littér.: 230. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 134, b) 1 103; xxes.: a) 332, b) 72. Bbg. Hotier Cirque 1973 [1972] p. 75. − Quem. DDL t. 23 (s.v. saltimbe). |