| SALAUD, -AUDE, subst. A. − Vx, pop. Personne sale, répugnante, d'une grande malpropreté. Allez vous nettoyer, vous laver, petit salaud (Ac.). Un salaud, une salaude. (Dict. xixes.). − Empl. adj. Cet homme est bien salaud (Ac.). B. − 1. Surtout au masc., arg., pop., injurieux. Personne méprisable, dénuée de toute moralité; personne capable d'actes contraires à tous les principes moraux. Synon. pop. dégueulasse, saligaud, salopard; injurieux fumier.Grand, gros, ignoble, parfait, petit, vieux salaud; être le dernier, le pire des salauds; prendre qqn pour un salaud; traiter qqn de salaud. Le peloton, on l'entendait jamais. La clochette du curé, on l'entendait. Quand ce salaud-là commençait à sonner, ça voulait dire qu'un de nous allait y passer (Malraux, Espoir, 1937, p. 583).Le fameux copain dont je parle est en réalité le plus beau salaud que la terre ait jamais porté: la vache finie, voleur, menteur, égoïste, la saloperie incarnée, capable de tromper père et mère, de se vautrer dans la merde avec la joie d'une truie (Giono, Gds chemins, 1951, p. 64). − Au fém. (rare). Synon. usuel salope.Ce sophiste cafard (...) proteste volontiers de son respect pour l'église et (...) veut plaire aux salauds et aux salaudes qui le consultent (Bloy, Journal, 1902, p. 102). − Salaud de + subst. ♦ [désignant une pers. ou une collectivité] C'était une tempête d'imprécations contre le faisan qui rôtissait, contre les sauces dont l'odeur grasse ravageait leurs estomacs vides. Ah! Ces salauds de bourgeois, on leur en collerait du champagne et des truffes, pour se faire péter les tripes (Zola, Germinal, 1885, p. 1440).Les Boches attaquent au lance-flammes; ils nettoient les ouvrages au lance-flammes. Salauds d'artilleurs (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 61). ♦ [désignant un inanimé] Y a aussi ce salaud d'obus nouveau qui pète après avoir ricoché dans la terre (Barbusse, Feu, 1916, p. 235). − Faire qqc. comme un salaud. Faire quelque chose mal. Synon. cochon (fam.).Il connaît joliment son cheval, le bonhomme! Sans doute, il peint comme un salaud. Qu'est-ce que ça fait, s'il est original (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 131). 2. En interj. Bande de salauds! enfant, espèce, fils, tas de salaud(s)! nom de Dieu de salaud! sacré salaud. Ah! bougre de salaud, tu as peur de te compromettre! hurlait Étienne. C'est toi, dans la forêt, qui demandais la grève des machineurs, pour arrêter les pompes, et tu cherches maintenant à nous chier du poivre!... (Zola, Germinal, 1885, p. 1424).Grand salaud! voleur de filles! moi, je saurai bien t'obliger à reconnaître la vérité et aussi à marier une fille de dix-sept ans que tu as foutue enceinte (Aymé, Nain, 1934, p. 135). ♦ [À propos d'un animal] Le salaud [un chien]! Je l'ai poursuivi jusqu'au grenier! Ses aboiements devaient s'entendre sur la place (Aymé, Cléramb., 1950, I, 5, p. 36). − Mon salaud! (sans connotation injurieuse). Synon. mon vieux (fam.).Hé bien, mon salaud! Ça te la coupe, ça mon salaud! (Courteline, Train 8 h 47, 1888, p. 23). 3. Empl. adj. Une doctrine qui réclame pour le peuple le droit d'être salaud comme un roi a toutes les chances d'être écoutée par ceux à qui on n'a jamais aucune raison d'accorder quoi que ce soit (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 278). − Rare. [En parlant de propos ou d'une faculté humaine/mentale] Synon. de salace.Contes salauds; imagination salaude. L'état vague et trouble de mon individu, compliqué de l'obsession salaude qui me hante la pensée, m'intrigue (Goncourt, Journal, 1876, p. 1159). REM. 1. Salaudement, adv.,rare et littér. De manière répugnante, méprisable. Étant juste assez débrouillard pour ne pas déclarer une amitié aussi compromettante que la mienne, en attendant que, salaudement, il me reniât (Bloy, Journal, 1892, p. 35). 2. Salauderie, subst. fém.,vx et littér. Conduite, propos ou actes moralement méprisable(s), obscène(s). Synon. fam. saloperie.Salauderie morale; éructer des salauderies. [Huysmans] flairait des salauderies, des maléfices, des ignominies dans toutes les affaires de ce monde; et peut-être avait-il raison (Valéry, Variété II, 1929, p. 219). Prononc. et Orth.: [salo], fém. [-o:d]. Att. ds Ac. dep. 1798. Parfois écrit salop par attraction de la forme fém. salope (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 361 ou Flaub., Corresp., 1837, p. 24; v. étymol. de salope). Étymol. et Hist. [xiiies., texte de Provins d'apr. Dauzat 1943] 1. a) 1597 adj. « très sale (d'une personne) » (G. Bouchet, Livre second des Serees, Paris, J. Perier, p. 497: une [...] salaude femme); b) 1617 subst. « personne très sale » (Aubigné, Faeneste, livre II, chap. 14 ds
Œuvres, éd. E. Réaume et de Caussade, t. 2, p. 461: cette vilenne salaude); 2. fig. a) α) 1798 subst. fém. « prostituée » (Ac.); 1885 subst. masc., « personne moralement répugnante » (Zola, loc. cit., peut-être déjà Ac. 1835);
β) 1897 Ben, mon salaud! (Rictus, Soliloques, 1repart., II, p. 248); b) 1876 adj. obsession salaude (Goncourt, loc. cit.). Dér. de sale*; suff. -aud*. Fréq. abs. littér.: 474. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4, b) 79; xxes.: a) 819, b) 1 476. |