| * Dans l'article "SAISON,, subst. fém." SAISON, subst. fém. I. A. − ASTRON., GÉOGR. Période de trois mois comprise entre un équinoxe et un solstice, dont l'alternance climatique au cours d'une année est provoquée par l'inclinaison de l'axe polaire sur le plan de l'orbite terrestre. Dans l'hémisphère nord ou boréal, l'été est la saison chaude, l'hiver la saison froide, le printemps et l'automne les saisons intermédiaires. Dans l'hémisphère sud ou austral, l'été est la saison froide et l'hiver la saison chaude (Guyot1953): La rotation de la Terre sur elle-même manifestée par les alternances de nuit et de jour a donné naissance aux heures et aux jours, la révolution autour du soleil, déroulant le cycle des saisons, a défini les années...
Decaux,Mesure temps, 1959, p. 11. B. − Époque de l'année caractérisée par un climat relativement constant et par un certain état de la végétation. Marche, renouvellement, retour, rythme, succession des saisons; changement de saison; il fait chaud, froid pour la saison; la saison est bien avancée. Depuis que l'homme cultive la terre, il a des dieux qui s'intéressent à la moisson, qui dispensent la chaleur, qui assurent la régularité des saisons (Bergson,Deux sources, 1932, p. 201).Il avait été frappé que ce retour des saisons qui le réjouissait comme une fête pût aussi bien terrifier par sa monotonie, − comme un cercle infernal dont on a perdu tout espoir de s'échapper (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p. 136). 1. Syntagmes et loc. nom. a) [Dans les régions tempérées de l'hémisphère nord] Les quatre saisons (printemps, été, automne, hiver). V. automne ex. 1. − Vieilli. Saison d'automne, d'été, etc. En cette saison d'automne, Oxford est un lieu de profond recueillement (Michelet,Chemins Europe, 1874, p. 57).Toute cette saison d'été fut mauvaise (Verne,Île myst., 1874, p. 584). − La saison nouvelle, la saison du renouveau (littér.). Le printemps. C'est la saison nouvelle. Au printemps, les martinets, que l'on appelle surtout des hirondelles, envahissent la Lorraine (Barrès,Cahiers, t. 1, 1896, p. 26). − La belle saison, la saison chaude. La fin du printemps, l'été et le début de l'automne. L'hiver, on y entretenait [dans l'immense chambre] du feu depuis le matin. À la belle saison, les deux fenêtres étaient ouvertes (Mauriac,Myst. Frontenac, 1933, p. 24).Le directeur général avait revêtu, pour célébrer la saison chaude, une courte jaquette d'alpaga (Duhamel,Combat ombres, 1939, p. 168).V. beau ex. 20. − La mauvaise saison, la saison froide. La fin de l'automne, l'hiver et le début du printemps. Cyrus Smith lui offrit de venir passer la mauvaise saison à Granite-House, où il serait mieux logé qu'au corral (Verne,Île myst., 1874, p. 414).Il s'agit d'un érythème particulièrement intense (...) qui (...) se reproduit au printemps et en été et disparaît pendant la saison froide, quand l'exposition au soleil est réduite (Quillet Méd.1965, p. 299). b) [En Asie] V. mousson ex. de Dopter. c) [Dans les régions tropicales] Saison des pluies. V. pluie A 2.Saison sèche. Période de l'année marquée par l'absence ou la rareté des pluies. Les pluies cessèrent. La saison sèche revint avec le vent de mer (Mille,Barnavaux, 1908, p. 9). 2. Locutions a) adv. En toute(s) saison(s). Constamment, toute l'année. Un grand chapeau de paille, qui couchait dehors en toute saison (Colette,Naiss. jour, 1928, p. 46). b) adj. − De saison ♦ Qui correspond (du point de vue du climat et/ou de la végétation) à la saison dans laquelle on se trouve. Fruits, temps de saison. Un tribut annuel de trois cents poulets (...) et les légumes de saison (A. France,Île ping., 1908, p. 120). ♦ Qui convient pour une saison donnée. Vêtement de saison. Madame, dit le Grand-Maître à la reine, le fils de votre pelletier vous apporte vos fourrures, qui sont de saison pour le voyage, car il est probable que nous côtoierons la Loire (Balzac,Martyr calv., 1841, p. 134). − Des quatre(-)saisons*. C. − 1. Époque de l'année où ont lieu certains travaux agricoles, certaines activités liées à la nature, où apparaissent certains produits de la terre et où la flore et la faune présentent certains caractères, manifestent certaines tendances. On entrait dans la saison de tailler les ifs (A. France,Putois, 1904, p. 66).L'automne, le commencement et la fin de l'hiver, et le commencement du printemps, sont les saisons les plus favorables à la chasse du chien courant (La Hêtraie,Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 152). − Saison de + subst.Saison des semailles, des moissons, des vendanges; saison de la chasse, du sanglier, des perdrix; saison des asperges, des fraises, des mûres, des lilas, des violettes; saison des nids, du frai, de la ponte, de reproduction. Il n'y avait plus que des roses blanches et rouges (...) ; cela le surprit d'autant plus que ce n'était plus la saison des fleurs (Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, p. 58). ♦ Saison des amours. Période où le mâle et la femelle d'une même espèce animale s'accouplent. Comme l'anguille qui, à la saison des amours, sait retrouver le chemin de ces abîmes de la mer où seul est demeuré pour elle le pouvoir de donner la vie (Claudel,Ours et lune, 1919, 2, p. 600). a) Loc. nom. La morte(-)saison, la saison morte. Époque de l'année où la terre ne produit plus rien, où les activités agricoles sont réduites. Le cultivateur profite souvent d'une période de morte-saison pour transporter le fumier à pied d'œuvre sur le bord du champ à fumer (Ballu,Mach. agric., 1933, p. 179). − P. anal. Époque de l'année où certaines activités liées à l'industrie, au commerce ou au tourisme, sont ralenties. C'est l'ouvrière pauvre qui, dans une saison morte pour sa profession, veut échapper à la prostitution qui la guette, lui offrant malheureusement dans ce cas, le seul moyen de vivre (Dumont,Organ. Monts-de-Piété, 1905, p. 61).Malgré le soleil vertical, la vallée en effet gardait sa solitude de la morte-saison qui sépare le temps des courses à ski des mois de l'escalade (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 12). b) Loc. adv. Hors saison. En dehors de la période normale de culture, d'activité commerciale ou touristique. Quelques cultures peuvent être pratiquées hors saison (...) tel fut longtemps le cas des textiles, lin et chanvre (Meynier,Paysages agraires, 1958, p. 18).V. hors II A 1 ex. de Céline. 2. a) Époque de l'année propice à certaines activités liées aux loisirs, à la mode, aux événements culturels et sportifs, au tourisme. Au cours de la saison 1946-1947, le Théâtre National Populaire a donné 29 pièces classiques (Théâtres nat. Fr., 1954, p. 26).[Suivi d'un adj. ou d'un subst.] Saison musicale, balnéaire; saison de football, de ski; saison des concerts, des prix littéraires. Voilà bientôt l'hiver, la saison des bals et des dîners! (Flaub.,Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 12).La saison des courses cyclistes ne commence guère en France que vers le mois d'avril (Baudry de Saunier,Cycl., 1892, p. 374). b) En partic. Époque de l'année où les lieux de tourisme, les stations thermales, reçoivent les vacanciers, les curistes. La grande saison d'une ville de cure; passer la saison à Deauville; tout est ouvert durant la saison; la saison a été bonne, mauvaise pour l'hôtellerie. Tous les soirs pendant la saison, à neuf heures pétantes, elle va s'asseoir à côté de la caissière de l'Alpinic-Railway et de son poste d'observation elle surveille le park [à attractions] (Queneau,Pierrot, 1942, p. 45). − Loc. nom. ♦ Haute saison, basse saison, saison creuse, morte-saison. Période de l'année correspondant dans un lieu de tourisme ou de villégiature à l'afflux maximum ou minimum des vacanciers. Parmi les hôtels, la Résidence (...) offre trois formules: locations avec kitchenette (pour 3-6 personnes, 380 F par semaine en basse saison, 430 F en haute saison) (Elle, 20 janv. 1969, p. 111, col. 1). − Loc. adv. En saison. Durant la période d'affluence des touristes. Ses pourboires dépassaient, en saison, cinquante francs par jour (Hamp,Champagne, 1909, p. 233). − Loc. adj. Hors saison. [En parlant d'un tarif] Qui est pratiqué en dehors de la période d'affluence des touristes, donc en saison creuse. Quelle que soit l'opinion sur le coût de la vie, le même pourcentage de touristes se renseigne sur les tarifs hors saison (Tour. Fr., 1960, p. 17). − Loc. verb. Faire la saison. Exercer (dans un lieu de tourisme ou de villégiature) une activité liée au commerce durant la période d'affluence des vacanciers. (Dict. xxes.). − P. méton. Séjour durant lequel on fait une cure, on suit un traitement dans une station thermale ou balnéaire. Synon. cure1.Faire une saison à Vichy. Le docteur Marchal, médecin de ces eaux, lui commande à elle, et me commande à moi une saison entière, à elle pour sa goutte plus intense que jamais, à moi pour ma sciatique (Hugo,Corresp., 1871, p. 290). c) MODE. ,,Collection établie pour une saison donnée, ou campagne de ventes sur cette saison, ou travaux de fabrication résultant de ces ventes`` (Rama 1973). Soldes de fins de saisons. II. − Vieilli ou littér. A. − Période, époque. Dans cette saison du moyen âge qu'on peut comparer à une effervescente adolescence, l'enthousiasme des théories laissait peu de place aux soucis de l'action (Ozanam,Philos. Dante, 1838, p. 260).Je me sens gaillard et jeunet comme à la saison de mon amourette de Monte-Carlo (Arnoux,Paris, 1939, p. 13). ♦ Expr. Tout vient en sa saison. Tout vient à point, au moment où cela doit arriver. (Dict. xixeet xxes.). − En partic., au plur. Saisons de la vie. Périodes, étapes de la vie. Les cerveaux les plus futiles n'ignoraient pas qu'ils ne fallait voir dans ces fêtes que des distractions momentanées, un épisode dans les saisons de la vie (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 255). ♦ La jeune saison. L'enfance, la jeunesse. Reste! Ne quitte pas la tranquille maison Où mes bras t'ont bercée en ta jeune saison (Leconte de Lisle,Poèmes ant., 1874, p. 275).La mûre saison. Période de l'âge mûr. Les amoureux fervents et les savants austères Aiment également, dans leur mûre saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison (Baudel.,Fl. du Mal, 1857, p. 105). B. − Loc. verb. ♦ Être de saison. Être de circonstance. [La grosse cloche] sonnera le glas des morts, qui, dans cette ville en deuil, est toujours de saison! (Sardou,Patrie!1869, ii, tabl. 3, 3, p. 76). ♦ N'être pas, n'être plus de saison. N'être pas, n'être plus de circonstance, être inopportun. La plaisanterie n'est pas de saison, je vous jure Victor (Gozlan,Notaire, 1836, p. 36).Malgré sa folle trahison N'est-elle pas encore la même? La fierté n'est plus de saison. Je l'aime (Cros,Coffret Santal, 1873, p. 63). ♦ Être hors de saison. Être inopportun, déplacé. Je crus voir à certains signes que ma visite était hors de saison, et que je devais laisser la marquise seule (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1842, p. 526). REM. 1. -saison, élém. de compos.V. arrière-saison, demi-saison, morte-saison, quatre(-)saisons. 2. Saisonnal, -ale, aux, adj.Synon. rare de saisonnier.L'imagination d'un Wells se plairait sans doute à décrire ce que serait l'existence des habitants d'une planète dont l'axe serait incliné de façon à échapper aux variations diurnes et saisonnales (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum., 1921, p. 106). 3. Saisonner, verbe trans.,arboric. ,,Produire des fruits tous les ans, ou tous les deux ans`` (Fén. 1970). Le poirier non taillé saisonne tous les 2 ans (Fén.1970). 4. Saisonnement, subst. masc.,arboric. Fait de produire des fruits en plus ou moins grande abondance selon les années. On désigne sous le nom d'alternance une succession de fortes et de faibles récoltes (« saisonnement »). C'est là une source importante d'irrégularité de la production des fruits (Boulay,Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 66). Prononc. et Orth.: [sεzɔ
̃], [-e-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1119 « temps qu'il fait » Averum bele saisun (Philippe de Thaon, Comput, éd. I. Short, 2614); 2. ca 1140 « laps de temps, délai » (Geoffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1787); 1176 venir an leu et an seison (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 2240); 1266 etre hors de saison (Vers de la mort, éd. C. A. Windhal, 228, 1); 3. 1554-57 « chacun des âges de la vie » (J. Du Bellay, Regrets, éd. E. Droz, XXXVII, 9). II. 1. a) 1215 « époque de l'année où l'on se trouve, considérée dans son climat, sa végétation, ses productions » un cras cerf de seson (Aymeri de Narbonne, 2158 ds T.-L.); cf. ca 1275 de saison (Adenet le Roi, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 244, notes); b) 1225-30 « époque de maturité des productions de la terre, où se font certains travaux de la terre, où se déroulent certaines phases de la vie des animaux » (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 1640); c) 1382 morte-saison*; d) 1770 la saison de l'amour (Buffon, Oiseaux, IV, p. 200 ds Littré); 1805 la saison des amours (Cuvier, Anat. comp., t. 5, p. 16); 2. ca 1260 « division de l'année » (Philippe de Novare, Quatre Ages, éd. M. de Fréville, 73: .IIII. tens et saisons de l'an); 1668 la saison nouvelle (La Fontaine, Fables, I, 1, 11 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. I, p. 59); 1837 quelques rosiers des quatre-saisons (Balzac, Vieille fille, t. IV, p. 242 ds Rob., s.v. massif); 1844 une marchande des quatre-saisons (Id., Splend. et mis., p. 154); 3. 1286-1316 « période où apparaissent ou dominent certains phénomènes atmosphériques » la seison froide (Jehan Maillart, Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 7351); 4. 1376 « période de l'année pendant laquelle s'exercent habituellement certaines activités » la saisson de chassier (Modus et Ratio, 329, 31 ds T.-L.); en partic. a) 1868 « dans une région touristique, période pendant laquelle affluent les touristes » la saison de villégiature commençait (Zola, M. Férat, p. 209); b) 1770 « durée de séjour que l'on fait dans une station thermale, balnéaire... à des fins thérapeutiques » (Dider, Mém. voy. Bourbonne ds Littré); 1796 la saison des eaux (Dusaulx, Voy. Barège, t.1, p. 326). Du lat. class. satiōnem, acc. de satiō
« action de semer, de planter, semailles, saison favorable pour faire quelque chose », formé sur le supin satum de serere « semer ». Fréq. abs. littér.: 3 773. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 486, b) 5 652; xxes.: a) 4 820, b) 5 437. Bbg. Bonn. 1920, p. 125. |