| SAINTETÉ, subst. fém. A. − [À propos d'une pers.] 1. Perfection absolue attribuée à Dieu: Toute sainteté vient de Dieu, toute sainteté procède de Dieu. Il n'y a qu'une sainteté, qui vient de Jésus-Christ. Tous les saints sont les saints de Dieu, les frères de Jésus, les frères en sainteté de Notre-Seigneur-Jésus-Christ même. Les jeunes frères, les petits frères, les cadets de Jésus. Il n'y a qu'une sainteté, c'est la sainteté de Jésus même. Toute sainteté est la même. Toute sainteté vient de Dieu, qui en est la source éternelle.
Péguy, Myst. charité, 1910, p. 139. 2. Fait d'être, de vivre comme un saint. La sainteté! s'écria le vieux prêtre d'une voix profonde (...). Vous n'ignorez pas ce qu'elle est: une vocation, un appel. Là où Dieu vous attend, il vous faudra monter, monter ou vous perdre (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 134).Le titre « La Passion de Hallâj » exprime plus qu'un thème littéraire: une légende de martyre, nimbée en Islam de l'auréole de la sainteté (L. Massignon, La Passion de (...) Hallâj, Paris, Gallimard, t. 1, 1975 [1914], p. 16). − [P. méton. du compl.] Le prêtre oignit des huiles saintes les pieds, les mains et le front de la mourante, récita une courte prière, et Marguerite se trouve prête à partir pour le ciel où elle ira sans doute, si Dieu a vu les épreuves de sa vie et la sainteté de sa mort (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 294). − Odeur* de sainteté. 3. RELIG. CATH. Titre honorifique donné au pape. Sa Sainteté (abrév. S. S.). Pacca fut introduit auprès de Sa Sainteté: elle était debout, immobile, pâle, courbée, amaigrie, les yeux enfoncés dans la tête (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 470).Malatesta: Votre Sainteté me laisse dans une ignorance et une incertitude extrêmes. Ne pourrais-je dès maintenant, savoir un peu... le Pape: Je vous répète que vous saurez en temps voulu (Montherl., Malatesta, 1946, II, 6, p. 481). B. − [À propos d'une chose] 1. Caractère, qualité d'une chose sainte et en particulier de ce qui est consacré. On ne sauroit le nier, la facilité du divorce dans les provinces protestantes porte atteinte à la sainteté du mariage (Staël, Allemagne, t. 1, p. 69).MeHenri-Robert rit autant que la sainteté du lieu [une église] lui permettait de rire (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 4). 2. Caractère de ce qui inspire un respect quasi religieux. Là [dans l'inviolabilité de la personne] est le fondement de la sainteté de la propriété (Cousin, Vrai, 1836, p. 356).C'est là qu'on sent mieux qu'ailleurs les travaux des générations (...) la sainteté du travail accompli par les aïeux (A. France,P. Nozière, 1899, p. 80). 3. Vx. Portrait, sujet, tableau de sainteté.
Œuvre d'art ayant pour motif un sujet religieux. Plusieurs de nos artistes y vivent fort bien (à Constantinople) (...), en faisant des portraits de sainteté pour les Arméniens et les Grecs (Nerval, Voy. Orient, t. 3, 1851, p. 340).Le cadre de Mantègne [La Vierge de la Victoire] est un chef-d'œuvre; c'est une page de chevalerie dans un tableau de sainteté (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 71). REM. Sanctimonie, subst. fém.,rare, littér., synon. sav. de sainteté.Participer plus activement à la sanctimonie du sacrifice, (...) pénétrer plus de l'avant dans l'éloquent mystère de la messe (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 236). Prononc. et Orth.: [sε
̃t(ə)te]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1265 « qualité d'une personne qui est sainte » (Brunet Latin, Trésor, éd. J. F. Carmody, I, XLVIII, p. 52: Ysaies fu hom de grant sainteté); 1830 fig. vivre en odeur de sainteté (Stendhal, Rouge et Noir, p. 186); b) 1335 vostre sainteté « titre honorifique donné au pape » (Titres de la maison d'Anjou, A. N. P 13542, pièce 862); 1680 sa Sainteté (Rich.); 2. a) fin xiiies. « qualité de ce qui est saint » la grant saincteté de sa vie (Vie de Ste Marine, vers 22 ds Romvart, Beitrage zur Kunde mittelalterlicher Dichtung, éd. A. Keller, p. 614); 1645 en partic. « (en parlant d'un lieu) qualité de ce qui est entouré de respect religieux » (Corneille, Théodore, II, 4, p. 545); b) 1827 arts des tableaux de sainteté mignards et sans caractère (Delécluze, Journal, p. 482). Réfection de l'a. fr. saintée, sainté « sainteté », fin xiies. (Sermons St Bernard, 24, 27 ds T.-L.), d'apr. le lat. sanctitas « caractère sacré, droiture, pureté » et à basse époque, en lat. eccl. « titre donné aux évêques », dér. de sanctus, v. saint; d'abord sous la forme saintité (ca 1145, Wace, Conception ND, 621, ibid.). Fréq. abs. littér.: 1 159. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 405, b) 1 214; xxes.: a) 1 668 b) 2 076. |