| SAINDOUX, subst. masc. A. − Graisse de porc fondue servant principalement à la friture et à la présentation de certaines charcuteries froides. Il est de mode, par exemple, de faire déjeuner un mioche avec un rogaton douteux, une bribe insuffisante, mais de lui donner deux sous pour acheter des bonbons. Une tartine de saindoux et deux sous de pastilles de menthe (Frapié, Maternelle, 1904, p. 183).Quelques sous de pâté, rosâtre et gras, cerné de saindoux, bien épicé au girofle et à la muscade, étalé sur une miche de pain trop frais (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 112). − PHARM., vieilli. Graisse de porc purifiée servant de base à la préparation d'onguents. Synon. axonge.Parmi ceux qui se préparent de la première manière, on doit ranger les onguens composés avec les oxydes de plomb et les huiles, ou le saindoux et l'huile, avec des végétaux frais et des mucilages (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 487). B. − P. anal., péj. 1. Subst. (partie du corps) + de saindoux.Ce qui rappelle le saindoux, sa couleur blanchâtre, son aspect gras et luisant. Et, quand il mange, il remue des joues de suif. Il est chauve avec cela! Un crâne de saindoux! Il parle tout doucement en vous regardant avec des yeux de petit agneau qui demande à téter sa mère! (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 87).J'ai oublié des milliers de visages, mais cette face de saindoux, je me la rappelle encore (Sartre, Mots, 1964, p. 182). 2.
Œuvre plastique sans caractère, aux formes molles. La boutique, assez grande, était comme emplie par un tas d'argile, une Bacchante colossale (...) − Je vais leur en coller, de la chair, et de la vraie, pas du saindoux comme ils en font! (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 69).Il n'y a pas de doute, ce fut un grand moment de la peinture française (...) dans le même temps que (...) Detaille alignait ses soldats de plomb, et Gérôme ses « Tanagra » en saindoux (L. Daudet, Idées esthét., 1939, p. 238). Prononc. et Orth.: [sε
̃du]. Ac. 1694, 1718: sain ,,il ne se dit guere qu'avec l'epithete Doux``; 1740, 1762: sain-doux; dep. 1798: saindoux. Étymol. et Hist. xiiies. saim dois (Trad. en prose Chirurgie de Roger de Parme, éd. P. Meyer, Les mss. fr. de Cambridge ds Romania t. 32, p. 94); 1538 sain doulx (Est., p. 69). Comp. de sain2* et de doux*. Fréq. abs. littér.: 65. |