| SACREBLEU, SACREDIEU, interj. Fam. [Juron atténué marquant l'impatience, l'étonnement, ou appuyant une déclaration] Eh bien, le Claude de Zola, avant de se tuer, est pris de la même folie [que Coriolis dans Manette Salomon]. Mais sacredieu! c'est un roublard que mon Zola, et il en sait un peu tirer parti, de la folie de l'œil qu'il m'a chipée! (Goncourt,Journal, 1886, p. 557).Sacrebleu, n'y a-t-il personne pour répondre [au téléphone]? (Camus,Cas intéress., 1955, 1ertemps, 2etabl., p. 622).− Par apocope, pop. V. crébleu, crédieu rem. 2 s.v. sacré. REM. 1. Sacreblotte, interj.,pop., rare. Var. de sacrelotte (infra rem. 3). Non seulement le roi déshonorait sa fille [dans Le Roi s'amuse], sacreblotte, mais encore le public le blaguait, lui (L. Daudet,Fant. et viv., 1914, p. 110). 2. Sacredié, interj.,pop., vieilli. Var. de sacredieu. Oui, elle ira loin, ah! sacredié! oui, elle ira loin (Zola,Nana, 1880, p. 1098).Ah, c'est une belle vie, sacredié, qu'une lutte pareille! (Martin du G.,J. Barois, 1913, p. 403). 3. Sacrelotte, interj.,pop. Synon. vieilli de sacrebleu.Mais tutoyez-la, sacrelotte, puisqu'elle en rêve (Lavedan,Vx marcheur, 1895, p. 72). Prononc.: [sakʀ
əblø], [sakʀ
ədjø]. Étymol. et Hist. 1. 1552 Sacre Dieu (Rabelais, Quart Livre, chap. 47, éd. R. Marichal, p. 268), attest. isolée; à nouv. au xixes. 1828-29 sacredieu (Vidocq, Mém., t. 3, p. 160); 2. 1642 par la sacre-bleu! (G. Brunet, Le Nouv. siècle de Louis XIV, 8 ds Quem. DDL t. 19); 1745 sacrebleu (Godard d'Aucour, L'Académie militaire, I, 49, ibid.). I comp. de sacre3* et Dieu; 2 altér. p. euphém. de sacredieu; cf. 1757 par la sacredié! (J.-J. Vadé,
Œuvres posth., p. 254) et 1750 sacrelote! (Id., Le Paquet de mouchoirs, p. 44). Fréq. abs. littér.: 28. Bbg. Quem. DDL t. 19; 18 (s.v. sacrelotte), 32. |