| SÉNILE, adj. A. − Relatif, propre à la vieillesse. Les amours séniles. 1. [En parlant d'un état physique ou mental] Dû à un état d'affaiblissement et de dégradation des facultés physiques, physiologiques ou mentales propre à la vieillesse. a) MÉD., PATHOL., PHYSIOL. Anémie, gangrène, involution, organe, paralysie, peau, tremblement sénile. Le grand âge de notre mère ne permettait de se faire aucune illusion. Elle a été atteinte vendredi d'une pneumonie sénile (France, Vie fleur, 1922, p. 336).Les tissus adultes, et surtout séniles, sont imprégnés de certaines substances plus ou moins toxiques (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 126). − En partic. ♦ Arc sénile. V. arc II B 2 e. ♦ Démence sénile. Troubles mentaux dus à une dégénérescence des cellules cérébrales et des fonctions intellectuelles d'un individu âgé. Attention! Maublanc me semble présenter les caractères de la démence sénile. Vous devriez le faire examiner (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 230). ♦ Dépression sénile. Dépression mélancolique due à l'âge. (Ds Carr.-Dess. Psych. 1976, Ancelin Sc. hum. 1982). b) [En parlant d'un trait de caractère ou d'un comportement que l'on prête ordinairement au vieillard] Agitation, avarice, égoïsme, entêtement, lenteur, manie, rabâchage, radotage, rire, suffisance sénile. Je revois ce soir d'Osmoy, le vieux d'Osmoy, avec de longs cheveux gris et quelque chose de sénile dans l'intelligence (Goncourt, Journal, 1883, p. 221): C'est un grand malheur... reprit-il après un silence, d'une voix sans accent et presque embarrassée. J'étais frappé de nouveau tout à coup de son comportement sénile: on eût dit que la bouche, chez ce vieillard sans détours, maintenant ne répondait plus des paroles dites.
Gracq, Syrtes, 1951, p. 288. 2. [En parlant d'une pers.] Dont les facultés physiques et mentales sont diminuées par la vieillesse ou le vieillissement. Il y eut là, dans cette lumière et dans cette ombre, tout un petit monde nouveau et vieux, bouffon et triste, juvénile et sénile, se frottant les yeux (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 742). − [Dans un cont. péj.] Synon. gâteux.Un vieillard sénile. J'ai lu les mémoires de Lord Frederic Hamilton, délicieux bavard, quoique sénile. Il a l'implacable mémoire du gâteux qui fait ressurgir d'un océan d'oubli la merveilleuse Atlantide des années 80, alors que les choses plus récentes se brouillent dans sa tête (Green, Journal, 1942, p. 189). ♦ Empl. subst. Tu me prends déjà pour un vieillard? pour un gâteux? pour une baderne? pour une guenille, un débris, un déchu, un amoindri, une ganache, un décrépit, un sénile, un caduc, un suranné, une ruine, un archaïque, un périmé, un défectif, un vioc, et pour tout dire un con? (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 80). − En partic. [En relation avec démence sénile, supra A 1 a] Une démente sénile qui se plaint de trouver de la poudre dans son lit sursaute quand elle y trouve vraiment une mince couche de poudre de riz (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 385). B. − P. anal. Dont le comportement, l'aspect physique rappelle celui du vieillard. Ce pauvre Paris crépusculaire d'aujourd'hui a bien besoin de votre clarté. Si les adolescents séniles d'à présent veulent apprendre à être jeunes, qu'ils aillent à vous (Hugo, Corresp., 1861, p. 350). REM. 1. Sénilement, adv.D'une manière sénile, propre à la vieillesse et à ses atteintes physiques, physiologiques ou psychiques. La pauvre créature (...) se tenait debout près de lui, tout en larmes, les lèvres tremblantes, remuant sénilement la tête à chacune des paroles de son mari (A. Daudet, Fromont jeune, 1874, p. 123). 2. Sénilisant, -ante, adj.,méd., pathol. Qui favorise le processus de vieillissement de certains organes. Les effets sénilisants seront surtout marqués lorsque l'organe affaibli se trouve être une de ces glandes, dites à sécrétion interne (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 122). 3. Sénilisé, -ée, adj.,méd., pathol. Fragilisé et affaibli par les effets du vieillissement organique. La méthode de la greffe, qui consiste à implanter dans l'organisme sénilisé un organe ou un fragment d'organe provenant d'un organisme jeune, est l'une des plus séduisantes (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 127). Prononc. et Orth.: [senil]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1509 « propre aux vieillards » (Jean Lemaire de Belges, Illustr., éd. J. Stecher, I, p. 247); 1865 arc sénile (Littré-Robin); 2. 1801 mort sénile « aboutissement d'un état pathologique de dégénerescence physique et mentale dû à la vieillesse » (Fourcroy, Conn. chim., X, 405 ds Littré); 1862 « se dit d'une personne qui présente les signes de cet état pathologique » (Hugo, Misér., t. 1, p. 742). Empr. au lat.senilis « de vieillard ». Fréq. abs. littér.: 122. Bbg. Geckeler (H.). Zur Wortfelddiskussion. München, 1971, pp. 400-402. |