| SÉMINAIRE, subst. masc. A. − RELIG. CATH. 1. a) (Grand) séminaire. Établissement d'enseignement supérieur consacré à la formation des jeunes gens qui se destinent à la prêtrise. Directeur, supérieur du (grand) séminaire; entrer au séminaire. L'aîné qui étudiait pour être prêtre au grand séminaire de Nancy (Barrès,Colline insp., 1913, p. 263): Alors apparaissent les hommes d'une piété grave et raisonnable (...). Par des congrégations d'un type nouveau (...), ils créent le séminaire, c'est-à-dire la pépinière soigneusement murée où se forment les jeunes clercs (...). De l'école de ces grands maîtres de la vie spirituelle sort ce clergé (...) qui remplit la seconde moitié du xviiesiècle...
Renan,Souv. enf., 1883, p. 202. − P. anal. Séminaire + adj. donnant une précision sur la relig.Établissement destiné à la formation de pasteurs ou de rabbins. Tous deux [Schelling et Hegel] sont sortis (ainsi que Strauss) du séminaire protestant de Tübingen (Michelet,Journal, 1842, p. 428).[L'exégèse moderne] a renouvelé et vivifié l'intelligence de beaucoup de pages de l'Écriture, forcé les portes des séminaires rabbiniques d'Occident, comme celles des séminaires catholiques eux-mêmes (Weill,Judaïsme, 1931, p. 80). b) (Petit) séminaire. Internat d'un enseignement religieux secondaire, fréquenté par de jeunes garçons parmi lesquels se recrutent les futurs élèves du grand séminaire. Au petit séminaire, je n'étais qu'un élève médiocre. Au grand séminaire, allez, j'ai fini par lasser tout le monde (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p. 129).Bon nombre d'établissements secondaires [catholiques] constituent en fait des petits séminaires où les jeunes gens qui se destinent à la prêtrise reçoivent l'enseignement classique (Encyclop. éduc., 1960, p. 86). 2. P. méton. a) Ensemble du personnel et des élèves du séminaire. Un séminaire, en rangs pressés, qui suivait le quai Debilly, mettait une queue de soutanes, couleur d'ocre, dans la clarté diffuse (Zola,Page amour, 1878, p. 908). b) Bâtiments abritant cet établissement. Cour, mur du séminaire. L'ancien séminaire Saint-Magloire, où se trouve aujourd'hui l'Institution nationale des Sourds-Muets (Jouy,Hermite, t. 3, 1813, p. 262).Le petit séminaire (...) présente deux façades, brique et pierre (Verlaine,
Œuvres posth., t. 1, Souv. et fantais., 1896, p. 229). c) Durée des études du petit ou du grand séminaire. Je ne l'avais jamais, depuis le séminaire, sentie si vivante, si pressante [ma vocation sacerdotale] (Billy,Introïbo, 1939, p. 192). 3. Peu usuel, p. anal. Cage où l'on met les poulets à l'engrais. Synon. épinette2, mue1.Oiseaux que l'on confinait dans un obscur séminaire, afin que durant quelques jours, ils n'y pussent bouger que pour picorer et s'engraisser ainsi de façon anormale (Jammes,Mém., 1921, p. 114). B. − P. ext. Établissement, lieu ou milieu où l'on se prépare à une profession, où l'on s'exerce à un art, à une technique quelconque. Synon. pépinière.Depuis sa fondation, Le National est un séminaire d'intrigants et de renégats (Proudhon,Qu'est-ce que la propriété? Paris, Lacroix,1867 [1841],p. 313, note).Le séminaire français de l'architecture à Rome est donc, à notre avis, le pourvoyeur de ces banalités audacieuses et coûteuses qui remplissent nos cités. Et les quelques artistes distingués qui sortent de cette école (...) forment une classe sans influence (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 166). − En partic. En Allemagne et dans quelques pays d'Europe, établissement d'enseignement supérieur rattaché à une université. L'Allemagne, où les études de musicologie sont réglées dans un esprit scientifique, a créé des instituts ou séminaires modèles. Il n'y a pas d'université, si petite soit-elle, qui n'en possède un. De même, en Autriche et en Suisse, à Utrecht en Hollande et, depuis 1937, à Rome (Civilis. écr., 1939, p. 50-2). C. − P. anal. 1. ENSEIGN. SUP. Groupe d'étudiants effectuant un travail pratique de recherche sous la direction d'un enseignant; ensemble des séances de ce groupe. (Dict. xxes.). 2. P. anal. Réunion de spécialistes ou de techniciens pour étudier des questions ou résoudre des difficultés concernant leur spécialité ou la vie de leurs entreprises. Plusieurs fois par semaine, tous les chercheurs d'un même groupe se réunissent en un « séminaire », selon la désignation courante de ces réunions, où l'on peut suivre les recherches de chacun et où se mettent en commun les projets, les idées, qui se préciseront au crible d'une critique amicale (Leprince-Ringuet,Atomes et hommes, 1957, p. 68).[Des centres] où sont organisées, dans des sessions communes, des sortes de « séminaires de patrons et d'ouvriers soucieux d'améliorer le climat social et l'efficacité économique des entreprises » (Univers écon. et soc., 1960, p. 44-11). Prononc. et Orth.: [seminε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: seminaire, ensuite sé-. Étymol. et Hist. 1. 1551 « principe vital d'un phénomène » (Le Roy, Timée de Platon, 87 v od'apr. FEW t. 11, p. 440a); 2. ca 1586 (E. Pasquier, Lettres, IV, 24, éd. Amsterdam, 1723, t. 2, p. 114b: on leur [aux Jésuites] a donné plusieurs maisons pour instituer la jeunesse, qu'ils appellent aujourd'huy Seminaires, voulans sous ce mot donner à entendre que ce sont pepinieres de la Religion Catholique); 1681 petit seminaire (Serment de l'archevêque de Bordeaux ds Archives hist. de la Gironde, t. 8, p. 294); 1718 p. ext. (Ac.: tout le seminaire se trouve à ce sermon); 3. 1636 p. anal. (Monet, p. 808b: La France est un vrai Seminaire de geans de guerre); 4. a) 1845 nom porté en Allemagne par divers établissements laïques d'instruction publique (Besch.); b) 1893 « groupe de travail d'étudiants dirigé par un professeur » (G. Paris, Le Haut enseignement hist. et philol. en France, p. 29 ds Quem. DDL t. 15). Empr. au lat.seminarium « pépinière » (de là l'empr. fr. ca 1600, O. de Serres, VI, 4 ds Hug.), fig. « source, origine » (de là ca 1586, Pasquier, Lettres, IV, 4, t. 2, p. 80b), spéc. en parlant d'un milieu, d'une classe où se recrutent les aspirants à certaines fonctions ([equites] seminarium senatus), de là, depuis le concile de Trente (1545-63), le sens 2 (Conc. Trid. sess. XXIII, decret. ds Blaise Latin. Med. Aev.). 4 est empr. par l'intermédiaire de l'all. Seminar, sens 4a et b (Duden. Das grosse Wörterbuch der deutschen Sprache, t. 5, 1980, p. 2378). Fréq. abs. littér.: 793. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 006, b) 1 143; xxes.: a) 1 229, b) 1 161. Bbg. Michel (P.-G.). « Séminaristes sociaux » et « monde moderne » au début du s. Foi Lang. 1978, t. 2, pp. 293-296. |