| ![]() ![]() ![]() ![]() ROULÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst. I. − Part. passé de rouler* et empl. adj. A. − [Corresp. à rouler II A 1; en parlant de débris de roches] Qui a été usé, émoussé en étant roulé par les eaux. Le Gave (...) nous offrit sur ses bords et dans son lit évasé, des monceaux de pierres schisteuses, des marbres, des granits roulés plus ou moins dégrossis, espèces de galets (Dusaulx,Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 48).La surface du plateau supérieur est également recouverte de cailloux roulés, et il est clair que ce plateau (...) a été autrefois un fond de vallée (Boule,Conf. géol., 1907, p. 21).V. gravier A 2 ex. de Fourmarier. B. − [Corresp. à rouler II D] Qui est replié sur lui-même et forme ainsi un rouleau, une masse arrondie. Corde, couverture roulée; parapluie roulé; chapeau à bord roulé; pull-over à col roulé; veston à revers roulés; papier roulé en boule. Deux petites tablettes portent une douzaine de volumes roulés. « Voici les livres que tu aimes, dit Chrysis (...) » (Louÿs,Aphrodite, 1896, p. 175).Le thé est la feuille roulée et légèrement torréfiée d'un arbuste originaire de Chine (Macaigne,Précis hyg., 1911, p. 256). − En partic. ♦ [En parlant des cheveux, des poils] Disposés en rouleaux ou en boucles plus ou moins serrées ou avec des mèches enroulées sur le crâne. Mèches, nattes roulées; cheveux roulés en macarons, en coques sur les oreilles. Le singulier gentilhomme au teint de couperose, aux cheveux roulés et poudrés! (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 257).Le caniche à poils roulés en ficelle (Colette,Fanal, 1949, p. 209). ♦ [En parlant d'une pers., d'un animal] Ramassé sur lui-même. Mon chien (...) soupirait de plaisir, roulé devant l'âtre clair (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Mis. hum., 1886, p. 651).Ses hommes (...) étaient là, à deux pas, roulés, tête à genoux, dans la couverture de campement (Psichari,Voy. centur., 1914, p. 50). ♦ CUIS., PÂTISS. [En parlant de certains mets présentés repliés sur eux-mêmes] Crêpe roulée, filets de harengs roulés (v. rollmops). Les sardines de Nantes sur des lits de feuilles, la morue roulée, s'étalant devant de grosses marchandes fades (Zola,Ventre Paris, 1873, p. 729).Épaule roulée. Épaule désossée et repliée en rouleau. Marie, de temps à autre, courait à la cuisine, où elle soignait une épaule de mouton roulée (Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 112).Gâteau roulé ou, subst. masc., roulé. ,,Le roulé est une abaisse de biscuit nappé avant roulage de confiture ou de marmelade`` (Ac. Gastr. 1962). ♦ COUT. Ourlet roulé. Synon. ourlet roulotté*.Ourlets roulés main (Catal. jouets (Trois-Quartiers), 1936). ♦ TECHNOL. Qui est formé par roulage. Les vis roulées emploient un fil de métal avec tête emboutie et il n'y a aucune perte de matière (Champly,Nouv. encyclop. prat., t. 16, 1927, p. 95). − P. anal. ♦ [En parlant des nuages, de poussière] En forme de rouleau. Une faible brise d'ouest emportait d'un mouvement lent une caravane de nuages roulés et gris (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 63).Le vent soufflait, glacial, qui enlevait toute la poussière du chemin en vagues roulées et sifflantes (La Varende,Pays d'Ouche, 1934, p. 51). ♦ Lèvre roulée. Lèvre assez épaisse qui semble retroussée. Synon. lèvre ourlée*.Sa lèvre roulée et rouge, un peu courte sur ses dents, lui donna un air d'impudence naïve (Toulet,Tendres mén., 1904, p. 141). − P. ext. Bois roulé. Bois atteint de roulure. Les bois roulés sont souvent ceux des forêts humides (Collinet,Région. hte-montagne, 1925).Empl. subst. masc. [Les charpentiers normands] connaissaient les trois défauts [du bois]: le gélif, le roulé et le roussi (La Varende,Tourville, 1943, p. 80). C. − [En parlant d'un son] Qui est sourd avec des vibrations, des modulations. Les petites Slaves, qui ont un accent tout pareil au bruit roulé que fait le ruisseau de chez nous (Larbaud,Enfantines, 1918, p. 56).Le gazouillis roulé des chauves-souris (Genevoix,Fatou Cissé, 1954, p. 99). − PHONÉT. R roulé. Cette vibration peut être produite de deux façons: avec la pointe de la langue appliquée en avant sur les alvéoles (R dit « roulé » du français), ou en arrière, avec la partie postérieure de la langue (R grasseyé) (Sauss.1916, p. 74). D. − Qui a, qui est produit par un mouvement de balancement, un mouvement circulaire. Un coup d'archet auquel nous donnerons le nom de coup d'archet roulé, la baguette [de l'archet] devant rouler d'un côté et de l'autre entre le pouce et le médius pendant l'étude de ce coup d'archet (Capet,Techn. sup. archet, 1916, p. 23).Le brigadier, passe, son bicorne en bataille (...), au pas roulé de son gros normand bai-brun (La Varende,Homme aux gants, 1943, p. 81). − LUTTE ♦ Bras roulé. ,,Prise de parade à la ceinture arrière qui consiste à saisir le bras gauche de l'adversaire et à tirer en le déséquilibrant d'un coup de reins`` (Petiot 1982). La prise dénommée bras roulé évoque elle aussi un mouvement tournant (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1954, p. 375). ♦ Coup roulé. On appelle coups roulés, ceux durant lesquels l'un des antagonistes tombé passe si rapidement d'une épaule à l'autre, que l'on ne saurait établir si les deux omoplates ont frappé le sol en même temps (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 273). II. − Adj. [Avec idée de rondeur] A. − Vieilli. Animal bien roulé. ,,Animal dont les formes sont d'une bonne rondeur`` (Littré). B. − Pop. Femme, fille (bien) roulée. Femme qui est bien faite, qui a des formes agréables. − (...) D'abord qu'est-ce que vous voulez?... − Mourir (...). − À votre âge et roulée comme vous êtes!... (Vialar,Tournez, 1956, p. 262).Ça me plairait drôlement d'être comme vous. Vzêtes drôlement bien roulée (Queneau,Zazie, 1959, p. 189). III. − Substantif A. − Subst. masc. 1. SPORTS a) BASKET. Synon. rouler (v. rouler rem. 2 b).Essai au panier après roulé au sol (Boucher, Cagnon,Basket-ball, p. 20 ds Grubb Sports 1937, p. 64). b) LUTTE. Action de rouler à terre, de pivoter. Un roulé de tête à terre, un roulé de hanche. (Ds Petiot 1982). 2. Roulé-boulé*. 3. CUIS. Supra I B gâteau roulé. B. − Subst. fém. 1. Action de se rouler par terre. Des onagres en gaieté, les quatre pattes en l'air, font de grandes roulées par terre (Goncourt,Man. Salomon, 1867, p. 439). 2. Région. (Centre), vieilli. Cadeau donné aux enfants qui passaient de maison en maison à Pâques, consistant en œufs souvent teints; p. méton. cette tradition. Roulées. C'est l'œuf de Pâques. De porte en porte les enfants de chœur vont chercher leurs roulées (...). Aux gamins, on donne un œuf teint en rouge, en jaune ou en bleu (Renard,Journal, 1898, p. 480).Aux « roulées », les enfants de chœur quêtaient et rapportaient (...) des monceaux d'œufs, dont les paysans se montraient moins avares que de pain bis (Colette,Pays connu, 1949, p. 65). 3. PÊCHE, région. ,,Nappe de filet qui sert dans la Loire à prendre des lamproies`` (Baudr. Pêches 1827; ds Littré). 4. Rare. Agitation, ondulations de l'eau. Les innombrables facettes de quelques roulées, produites par une brise matinale un peu froide, réfléchissaient les scintillements du soleil sur les vastes nappes que déploie cette majestueuse rivière [la Loire] (Balzac,
Œuvres div., t. 1, 1830, p. 215). 5. Pop. Volée de coups. Synon. dérouillée, raclée.Administrer, flanquer une roulée. Mon père était donc professeur de septième (...). J'étais dans sa classe (...). Il fallait qu'il prouvât qu'il ne favorisait pas son fils, qu'il n'avait pas de préférence. Il me favorisait de roulées magistrales, et il m'accordait la préférence pour les coups de pied au derrière (Vallès,J. Vingtras, Enf., 1879, p. 110). C. − Subst. masc. ou fém., fam. Personne qui a été abusée, trompée. Je lui ai dit aussi qu'après tout c'est moi le roulé: « C'est moi le volé, le roulé » (Léautaud,Journal littér., 1, 1903, p. 54).[Je] travaille (...) à la remise à flot de ce pauvre Corcenet et de sa Banque des fonds de roulement, qui pourrait mieux s'appeler banque des fonds de roulés (...) ou floués (L. Daudet,Médée, 1935, p. 121). Prononc. et Orth.: [ʀule]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1771 pêche « filet en nappe pour la pêche à la lamproie dans la Loire » (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pêches mar. ..., Paris); 2. 1800 fam. « correction; rossée » (Réponse Madeleine Bernet femme de Coquet, bandit, janv. ds Disc. et rés. affaire Orgères, 1801, II, 7, p. 218); 3. 1867 « mouvement exécuté en roulant sur soi » (Goncourt, loc. cit.). Part. passé fém. subst. de rouler*. Bbg. Quem. DDL t. 32 (s.v. roulée, s.f.). |