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ROSSIGNOLER, verbe
I. − Empl. intrans.
A. −
1. [Le suj. désigne un rossignol] Chanter. Jamais, depuis que nichent les oiseaux, rossignol ne rossignola dans les vignes (Arène, Veine argile, 1896, p. 50).
2. [Le suj. désigne un autre oiseau] Chanter comme un rossignol, d'une façon mélodieuse. Les merles, les fauvettes, tous les oiseaux chanteurs sifflent, gazouillent, rossignolent (M. de Guérin, Journal, 1833, p. 159).
B. − P. anal.
1. [Le suj. désigne une pers., un instrument de mus., une chose] Faire entendre des sonorités qui évoquent le chant du rossignol. Nous chanterons un Adoremus (...), nous mangerons bien, nous boirons mieux, nous rossignolerons à plaisir (Fabre, Barnabé, 1875, p. 67).[Le tambourineur] souffle dans son fifre un air très gai de danse (...) Le petit galoubet d'ivoire rossignole (Rostand, Musardises, 1890, p. 70).Les bouillottes grillonnent, rossignolent (Renard, Journal, 1901, p. 649).
2. [Le suj. désigne une pers.] Se comporter, s'exprimer, avec lyrisme. Le monde ne peut pas concevoir qu'on s'affole D'une occupation qu'il juge si frivole [l'art de rimer]; Il est toujours surpris qu'un homme en son bon sens Puisse à rossignoler passer ainsi son temps (Pommier, Crâneries, 1842, p. 113).
II. − Empl. trans.
A. − Chanter de manière agréable. Mmede Puysieux qui rossignole si bien la chanson (D'Esparbès, Chevauchée Gd S., 1937, p. 175).
B. − Arg., vx. Crocheter une serrure avec un rossignol (v. ce mot B 3 a). [Je n'manqu'rons pas d'] raisons Pour rossignoler les maisons (Festeau, 1832ds Larchey, Excentr. lang., 1865, p. 287).
REM. 1.
Rossignolant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui rossignole, évoque le rossignol. Tu me berçais avec ta chanson consolante (...) J'écoutais gazouiller ta voix rossignolante (Richepin, Caresses, 1877, p. 279).
2.
Rossignolement, subst. masc.Manière de chanter, de retentir qui évoque les roulades du rossignol. Le rossignolement de la plainte (...) plus fleuri et plus éperdu (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 267).
3.
Rossignoliser, verbe intrans.Se comporter, s'exprimer à la façon du rossignol. L'ouverture n o4, en mi majeur, est plus complaisante (...). Le lion Beethoven s'y est revêtu d'une peau de Singspiel (...). Le lion, ici, rossignolise (Rolland, Beethoven, 1928, p. 277).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɔsiɳ ɔle], (il) rossignole [-ɳ ɔl]. Att. ds Ac. 1798-1878. Étymol. et Hist. 1493 [éd.] (Martial d'Auvergne, Vigilles Charles VII, sign. C VIII r ods Gdf. Compl.). Dér. de rossignol*; dés. -er. Cf. anc. lousegnoler (hapax) « chanter comme un rossignol » (ca 1205, Ignaure, éd. R. Lejeune, 165).
DÉR.
Rossignolade, subst. fém.Chant, musique, sonorité qui rappelle les trilles du rossignol. Cette banalité de cadences, ces éternelles fioritures (...), ce monotone crescendo que Rossini a mis en vogue (...) enfin ces rossignolades forment une sorte de musique bavarde (...) qui n'a de mérite que par (...) la légèreté de la vocalisation (Balzac, Gambara, 1837, p. 55). [ʀ ɔsiɳ ɔlad]. 1reattest. 1837 (Balzac, loc. cit.); de rossignoler, suff. -ade*.
BBG.Quem. DDL t. 10 (s.v. rossignolade).