| ROMANISER1, verbe trans. A. − [Corresp. à romain I et II] 1. Donner un caractère romain à quelque chose, imposer ou faire adopter à quelqu'un la civilisation romaine (principalement antique). Les Romains respectèrent les religions locales; ils se bornaient à romaniser les noms, à essayer de confondre les dieux locaux avec les leurs (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 222).Les femmes sont habillées à la romaine, leurs maris portent tunique et manteau gaulois (...). Faut-il en conclure que les Gauloises étaient plus sensibles que leur mari à la mode romaine, (...) plus romanisées (A. Pelletier, La Femme dans la société gallo-romaine, 1984, p. 53). − Empl. pronom. Adopter les mœurs romaines, subir l'influence de la Rome antique ou moderne. La Rome ancienne ne l'absorbe [Montaigne] pas tellement (...); il assiste aux fêtes du carnaval, etc. (...) visites où il se romanise de plus en plus. L'air de Rome lui allait (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 174).C'est peut-être (...) celui [Dagobert] qui a porté le plus loin l'imitation des empereurs de Rome. Les Francs s'étaient entièrement romanisés (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 28). 2. TYPOGR. Transcrire en caractères romains un texte n'utilisant pas ces caractères. Un missionnaire, Alexandre de Rhodes, imagine de « romaniser » le viêtnamien en caractères latins modifiés (...). Aujourd'hui, cette romanisation est officielle dans tout le Viêtnam (Le Nouvel Observateur, 16 févr. 1966, p. 16, col. 2). B. − [Corresp. à romain III] RELIG. Faire adopter à quelqu'un les dogmes, le rite de l'Église romaine. En laissant toucher à ses cérémonies traditionnelles, il [le peuple russe] pouvait craindre de se laisser romaniser (...), d'être à son insu incorporé à l'empire spirituel des papes (A. Leroy-Beaulieu, Revue des Deux-Mondes, 1ernov. 1874, p. 13 ds Littré Suppl. 1877).Empl. pronom. Le catholicisme, c'était encore Rome (...), les Barbares (...) furent obligés (...) d'accepter les formules que leur proposait le christianisme, et, dans la mesure où ils les acceptèrent, ils se romanisèrent (Barrès, Serv. All., 1905, p. 99). − Empl. intrans. Adopter le rite romain; être favorable, fidèle à l'Église romaine. Le régiment de Titof, presque entièrement composé de sectaires, résolut de (...) dénoncer le patriarche Joachim, qui (...) introduisait dans l'Église des doctrines pernicieuses, et était véhémentement suspect de romaniser (Mérimée, Hist. règne Pierre le Gdds Journal des Savants, 1867, p. 420). REM. Romanisé, -ée, part. passé en empl. adj.a) [En parlant d'une chose ou d'une pers., d'un groupe] Qui a subi l'invasion des troupes romaines, l'influence de la civilisation romaine antique. Grâce à la protection des armées romaines, la culture (...) avait gagné du terrain (...); les nomades se maintenaient au sud des territoires romanisés (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 174).b) [En parlant d'une pers. étr. à Rome] Qui s'est installé à Rome, qui s'est transformé en Romain. Ce Jules Laporte, ancien sergent de la garde suisse, (...) elle avait fait de lui un marquis Montefiori (...), ce Suisse de Genève romanisé, avait vraiment fière tournure (Zola, Rome, 1896, p. 108). Prononc.: [ʀ
ɔmanize], (il) romanise [-i:z]. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1566 romanizé « devenu romain » (H. Estienne, Apologie pour Hérodote, t. 1, p. 151 ds Hug.); b) 1579 romaniser « parler la langue des Romains » (Id., Precellence du lang. fr., p. 72, ibid.); c) 1833 « imposer la culture, les mœurs, les coutumes des Romains » (J. Michelet, Hist. de France, t. 2, p. 1 ds Rob.); 2. 1870 « transcrire en caractères romains » (Littré). B. 1688 « suivre les dogmes de l'Église romaine » (Bossuet, Hist. des variations des églises protestantes, t. 2, L. XI, p. 293). Dér. sav. de romain*; suff. -iser*. DÉR. Romanisation, subst. fém.Action de (se) romaniser; résultat de cette action. a) Assimilation de certains caractères romains par des pays qui se trouvent sous la domination ou sous l'influence plus ou moins lointaine de la Rome antique. Nous attendons que notre sol boive le fond germain et fasse réapparaître son inaltérable fond celte, romain, français, c'est-à-dire notre spiritualité (...). La romanisation des Germains est la tendance constante de l'Alsacien-Lorrain (Barrès, Serv. all., 1905, p. 103).En partic. Extension de la langue latine dans les pays conquis par Rome. Les femmes des Viennois citoyens romains (...) portent des noms et des surnoms à consonance latine: Clodia, Cornelia, Iulia (...), signe d'une romanisation déjà avancée (A. Pelletier, La Femme dans la société gallo-romaine, 1984, p. 79).b) Typogr. Transcription en caractères romains d'un texte n'utilisant pas ces caractères. V. supra ex. du Nouvel Observateur.− [ʀ
ɔmanizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1894 « extension de la langue et de la civilisation romaines » (Sachs-Villatte, Französisch-deutsches Supplement-Lexikon ds Quem. DDL t. 5: « Romanisierung »; de romaniser1, suff. -(a)tion*. BBG. − Quem. DDL t. 5 (s.v. romanisation), 30 (s.v. romanisé). |