| RIVAL, -ALE, -AUX, adj. et subst. I. − Substantif A. − Personne qui se trouve en concurrence avec une autre et qui s'oppose à elle avec le désir de l'égaler ou de la surpasser. Synon. concurrent.Être le rival de qqn; éliminer, supplanter ses rivaux; avoir un avantage sur son, sa rival(e); rival acharné, malheureux; dangereux rival. D'autres virtuoses survinrent, qui lui succédèrent dans la faveur publique (...) ses échecs achevèrent de le décourager. Il se vengeait, en déblatérant contre ses rivaux avec ses compagnons de cabaret (Rolland,J.-Chr., Aube, 1904, p. 31): Les écrivains du second et du troisième ordre en Allemagne ont encore des connoissances assez approfondies pour être chefs ailleurs. Les rivaux se haïssent dans ce pays comme dans tout autre, mais aucun n'oseroit se présenter au combat sans avoir prouvé par des études solides l'amour sincère de la science dont il s'occupe.
Staël,Allemagne, t. 4, 1810, p. 153. B. − En partic. Personne qui dispute à une ou plusieurs autres personnes l'amour, les faveurs de quelqu'un. Être le rival de qqn; un rival heureux; évincer un(e) rival(e); jalousie contre un(e) rival(e). Elle est folle depuis le jour où (...) son fiancé et un rival éconduit se prirent de querelle dans un bal masqué et allèrent sur le terrain (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 1, 1859, p. 483).Nous voudrions trouver en cet ennemi un adversaire digne de nous et c'est ainsi que, de tous les désappointements que peut nous causer une femme, le désappointement par le rival est le pire (Maurois,Climats, 1928, p. 72). C. − P. ext. Personne qui se trouve sur un plan d'égalité avec une autre et qui, sans être en conflit avec celle-ci, lui dispute le premier rang. Synon. compétiteur, émule.Se poser en rival (de qqn); rivaux en beauté, en gloire. Chacun des anciens maîtres a son royaume, son apanage, − qu'il est souvent contraint de partager avec des rivaux illustres. Raphaël a la forme, Rubens et Véronèse la couleur, Rubens et Michel-Ange l'imagination du dessin (Baudel.,Salon, 1846, p. 129).Je ne les aimais guère (...). Mais (...) à côté des Maltais, leurs rivaux en usure, ils me paraissaient presque humains (Tharaud,Fête arabe, 1912, p. 189). − P. anal. [En parlant de qqc.] En octobre 1956, la reine Elisabeth inaugura officiellement le premier réacteur de Calder Hall; il est alors de beaucoup le plus puissant générateur d'électricité d'origine nucléaire au monde, et de plus d'un an en avance sur son rival américain (Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p. 114). − Loc. adj. [En parlant de qqn ou de qqc.] Sans rival(e). Inégalable. Synon. unique.Athlète, génie sans rival. Ces qualités d'exacte notation et d'indiscutable véracité, communes à la plupart des dessinateurs de talent d'outre-Manche, ont rendu le Graphic, le London News Illustrated, des journaux sans rivaux dans la presse illustrée des deux mondes (Huysmans,Art mod., 1883, p. 221).Il me paraît sans rival dans sa connaissance des effets que les différents poètes tirent de la métrique particulière à chacun d'eux (Du Bos,Journal, 1922, p. 82). II. − Adj. [En parlant d'une pers./d'un groupe humain] Qui est opposé à une autre personne ou un autre groupe pour lui disputer un avantage. Synon. antagoniste, opposé.Équipes, factions, nations rivales. La lutte commençait, et les gladiateurs Firent irruption aux yeux des spectateurs: Les deux partis rivaux avaient pris un emblème, Et chacun à l'épaule étalait ses couleurs (Bouilhet,Melaenis, 1857, p. 111).La papauté étant divisée, l'Université prit le rôle d'arbitre du conflit et, pour forcer les deux papes rivaux à céder, décida de sa propre autorité qu'il ne convenait plus d'obéir ni à l'un ni à l'autre (Bainville,Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 110). − P. anal. [En parlant de qqc.] Saint-Martin fut bâti (...) ou rebâti dans le cours du XIIIesiècle, en même temps que la halle. Ainsi s'élevaient à l'envi les deux édifices rivaux (Michelet,Journal, 1840, p. 336).Les poèmes paraissaient le lendemain matin dans les deux journaux rivaux de la ville (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 223). Prononc. et Orth.: [ʀival], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1500-03 subst. « concurrent en amour » (Therence en françois, f o93 v o); 2. 1604 « celui qui dispute quelque chose à un autre » (Montchrestien, Hector, IV, éd. L. Petit de Julleville, p. 54); 3. 1827 sans rival « inégalable, insurpassable » (Baour-Lormian, Ossian, p. 185); 4. 1830 adj. « inspiré par le désir du même objet, en concurrence pour un but identique » (Dumas père, Christine, IV, 2, p. 257). Empr. au lat.rivalis « rival en amour » (cf. Térence, Eunuchus, 354 ds Gaff.), propr. « riverain autorisé à faire usage d'un cours d'eau », dér. de rivus « cours d'eau ». Voir FEW t. 10, p. 421b et 422a. Fréq. abs. littér.: 1 980. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 217, b) 2 381; xxes.: a) 1 873, b) 1 565. |